Les parents n’osent plus laisser sortir leurs enfants en ville : seulement à cause des voitures et des pédophiles ?

enfants ordinateurs

C'est un phénomène qui n'a rien de nouveau mais qui s'est amplifié ces dernières années : les enfants ont déserté les villes. Invisibles. À l'école, au collège ou chez eux. Dans leur club de sport, leur conservatoire ou chez des copains. Et, entre les deux, en voiture. Et pour ajouter de l'enfermement à l'enfermement, sur leurs écrans. Mais jamais sur les places, que ce soit dans les grandes ou les petites villes et même dans les villages. Il suffit de revoir un film de Tati pour mesurer l'ampleur de cette régression. À l'effondrement de la natalité est venue s'ajouter la réclusion des enfants. L'espace urbain est préempté par de jeunes adultes ou des quincados en trottinette et des boomers en SUV (je sais, je caricature).

Le Covid n'a été qu'un accélérateur. Les conséquences néfastes sur la santé physique et mentale des enfants sont bien connues : addiction aux écrans, repli sur les réseaux sociaux, manque d'activité physique, surpoids, phobies scolaires quand, en plus, le collège devient pour certains le lieu du harcèlement, comme vient de le rappeler tragiquement le suicide du petit Lucas. Mais la raison de ce phénomène est également connue : l'inquiétude des parents souhaitant légitimement protéger leurs enfants, devenus des « enfants d'intérieur », selon l'expression d'un philosophe cité par Le Parisien.

Nous avons là une nouvelle conséquence désastreuse de la montée de l'insécurité en France. Mais, pour Le Parisien, celle-ci n'a que deux visages : « l’essor du trafic automobile qui, par ricochet, a fait disparaître les aires de jeux pour enfants pour les transformer en places de stationnement. Mais aussi l’apparition, depuis les années 1990, de la figure du pédophile et une plus grande sensibilisation des parents à ce sujet. » Le chauffard et le pédophile. comme si le terrain n'était pas occupé par d'autres profils. Les dealers qui tiennent un quartier ? Les bandes de racailles ? Des centaines d'étrangers sous OQTF ou mineurs non accompagnés qui traînent ? Les fichés S libres comme l'air ? Les récidivistes remis en liberté ? Les parents ont bien compris le message répété par le général Schmitt : ils savent que « dans la rue, il y a des bombes ». Les parents ont bien raison d'être vigilants et toute l'actualité récente en ce domaine, du meurtre de Lola au calvaire des habitants de Stalingrad, ne peut que les conforter. Et si un universitaire spécialiste de cette question cité par Le Parisien reconnaît que « la tendance globale dans les villes européennes est donc celle d’un retrait des enfants de l’espace public », c'est peut-être que, justement, ces villes ou ces quartiers sont de moins en moins européens…

Mais tout ce pan de la réalité est soigneusement évité par l'article comme on contourne un quartier mal famé. Même évitement quand il passe devant le marché des solutions. Ce serait « aux parents de changer leur regard sur les normes éducatives en vigueur et le danger, réel ou supposé, d’accorder de la liberté aux petits » ! Et, bien sûr, la ville de Paris, toujours à la pointe de l'innovation urbaine, a « des pistes [...] à l’étude pour piétonniser l’espace public, créer des "rues aux enfants", des aires de jeux ». Comment n'y avait-on pas pensé plus tôt…

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 15/01/2023 à 12:27.
Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

15 commentaires

  1. Toujours cette mauvaise foi de la presse qui , via des articles au titre racoleur, analyse les effets sans s’attaquer aux causes ! De toutes façons, au train où l’on forme des abrutis à l’éducation nationale, il n’y aura bientôt plus personne pour lire leurs feuilles de choux malhonnêtes !

  2. L’IMPUISSANCE DE L’ÉTAT.
    Macron restera dans l’histoire de la chute française comme le président des « petits gestes » : se laver les mains comme ci comme ça, porter ou pas le masque, éviter le sèche-linge énergivore, préférer le col roulé, etc.
    En avril 2021, vingt généraux en retraite s’étaient fait taper sur les doigts pour avoir alerté : « L’heure est grave, la France est en péril […]. Notre honneur aujourd’hui tient dans la dénonciation du délitement qui frappe notre pays. » Hélas, confronté à ce moment vertigineux d’un pays qui s’écroule, le chef de l’État contemple le désastre les bras ballants.
    Rien n’est à attendre du macronisme armé de la poudre de perlimpinpin. Le président gadget ne proposera jamais que des solutions bavardes : conseil national de la refondation, conventions citoyennes de quoi ? Grands débats tartuffés, propositions stériles et molles sur l’immigration, etc.
    Le 8 décembre 2022, le président, pour répondre à l’écho de cette détresse humaine, a tweeté : « Ce qui guide mon action, c’est de protéger nos concitoyens, de protéger notre jeunesse. Je vous réponds donc : banco, nous allons le faire. » La phrase avait de la gueule ; enfin ! le Président comprenait ! allait agir ! Mais c’était… pour étendre la gratuité des préservatifs aux mineurs ! Ce jour-là Macron a vraiment capoté…

    L’urgence pour les Français est d’arrêter la casse, en chassant au plus vite les démolisseurs. Bernanos disait : « On ne refera pas la France par les élites, on la refera par la base. »

  3. Ne pas tout mettre sur le dos de la Covid19. Le coronavirus n’a été qu’un accélérateur d’un phénomène existant, plus exactement il a permis une pause qui s’est transformée à sa suite par une libéralisation et un déchainement. Vous remarquerez que plus on parle de ces phénomènes, pédophilie, inceste, femmes battues, racisme, etc, plus on les découvre, mais aussi plus on les développe par banalisation. Nos médias bien inspirés sont des experts en la matière. Mais ils ne font que relayer une certaine propagande habillement agitée par certains de l’échiquier politique. Ils se reconnaîtront.

  4. A cause aussi des averses de lames de couteaux et autres objets tranchants poussées par un vent du sud sur toutes nos contrées. On n’a pas encore inventé de parapluie pour ce type d’intempéries, hélas. Les rodomontade de Darmanin et Cie n’ont aucun effet.

    • 36 morts par « Réglos » ( 3 par Mois ) à Marseille au cours de 2022 – Le Record de tous les temps a été battu ! Sans doute que les Milliards d’Euros distribués inutilement par Macron n’ont pas encore « calmé le jeu » !

  5. Oui c’est sur il existe bien l’insécurité grandissante en France, les faits de société nous le démontre chaque jour qui passe !
    Mais on ne peut non plus pas exclure le changement de mentalité des jeunes d’aujourd’hui très accaparés par les jeux vidéos, les consoles, les smartphones etc…etc…
    De mon temps nous n’avions pas tout ça dans les années 50/60, notre seule distraction les jeudis était de nous retrouver
    entre copains pour faire des jeux ! Puis c’est vrai qu’en ces temps là, nos parents ne se faisaient pas du souci comme ils peuvent s’en faire en 2023 !

  6. Les vieux et les vieilles n ont pas non plus intérêt à y traîner. De fait les centres ville sont accaparés par les voyous désoeuvrés qui marquent leur territoire. L intérêt des centre ville a disparu. Les commerces y souffrent. Pour les habitants ce n est plus le paradis pourtant acheté à prix d or. C est tout un monde qui bascule.

  7. L’insécurité en France est le résultat du laxisme politique des 20 dernières années. Entre la soumission européenne et les droits de l’homme nous sommes asservis et condamnés à subir crimes et délits . Nous sommes le pays le plus taxé au monde nous avons droit à la sécurité. Les devoirs de l’homme en France semblant être mis de côté. Ajoutons à cela la couardise de nos politiques il nous reste la soumission et la prière que tout aille mieux. Jamais la France n’est tombée aussi bas. Il devient urgent de changer de gouvernement.

  8. J’avais 12 ans en 1966.
    Années de bonheur.
    Quand nous avions fini nos devoirs, nous demandions la permission de sortir, accordée, pour aller jouer sur la place en face de chez moi, faire du vélo avec les copains, ou nous allions voir le match de rugby en vélo le dimanche, …
    Nous étions libres et heureux …
    Et nos copains étaient d’origine espagnole, portugaise, arabe, ……..

  9. Mais non ! Si les parents rechignent à laisser sortir dans la rue leurs enfants, c’est parce qu’ils savent qu’à la maison leurs enfants disposent de toutes les technologies possibles très utiles à leur développement intellectuels et psychiques ! Jusqu’à présents que voulait dire l’expression « vivre dans la rue » ?

  10. Les petits batbous ont intérêt à ne pas traîner dehors et vite rentrer à la maison s ils ne veulent pas servir de proie

  11. Il n’y a pas que les enfants qui désertent la rue .Bon nombre de jeunes femmes , de maman avec leurs petits ont changé leur mode de déplacement .Là ou certaines se rendaient à pied pour accompagner leurs petits elles prennent aujourd’hui la voiture de peur de se faire agresser . C’est une bonne partie de la population qui a modifié ses habitudes par peur. Je connais des jeunes femmes qui se rendaient au travail à vélo , tôt le matin , aujourd’hui elles n’osent plus , elles ont peur , pareil pour le jogging , elles y vont toujours à plusieurs , plus jamais seules . Pensez vous que celles là craignent la circulation ou les pédophiles

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