L'Académie de médecine et le Conseil national de l'ordre ont publié, le 27 janvier dernier, un texte dans lequel ils font état de leurs préoccupations face aux conséquences soulevées par les rendez-vous médicaux non honorés. Différentes enquêtes ont montré que 6 à 10 % des patients ne se présentent pas à leur rendez-vous médical. Ce qui correspond à environ deux heures par semaine de perdues pour le médecin, et ce phénomène est de plus en plus fréquent.

Les deux tiers de ces défections concernent un premier rendez-vous et, comme le soulignent l'Ordre et l'Académie nationale de médecine, ces chiffres sont le reflet d'une regrettable évolution sociétale. Évolution peut-être prévisible, cependant, car maintenant, la plupart des médecins, pour ne pas dire la quasi-totalité, ne répondent pas directement au téléphone et les prises de rendez-vous se font par l'intermédiaire d'un central téléphonique anonyme qui remplit les lignes blanches sur le carnet de rendez-vous. Ces rendez-vous sont souvent donnés à plusieurs jours, voire plusieurs semaines de distance de l'appel, et le malade sera tenté de chercher à obtenir un rendez-vous le plus tôt possible en contactant plusieurs médecins, et ira en consultation chez celui qui lui donnera un rendez-vous le plus rapidement.

Comme ces secrétariats sont anonymes, le malade ne se sent pas responsabilisé par une relation personnelle telle qu’il pourrait l’avoir avec le médecin lui-même ou avec une secrétaire physiquement identifiée. Il oubliera, bien sûr, d'annuler les autres rendez-vous ou les gardera « sous le coude » pour s'en servir s'il ne peut pas aller au premier. Il s'agit d'une dérive regrettable car elle témoigne d'une déconsidération pour l'acte médical qui devient un bien de consommation comme un autre. Tous ces rendez-vous qui ne sont pas honorés désorganisent le travail au quotidien du médecin, réduisent la disponibilité des praticiens qui en sont victimes et limitent l'accès aux soins pour les patients plus responsables.

Ce phénomène devient un problème tel que les syndicats médicaux s'en sont emparés. Pour certains, il faudrait faire payer la consultation à l'avance, pour d'autres il faudrait que le médecin perçoive un dédommagement, mais comme le stipule le Code de santé publique, il n'est pas possible de faire payer un malade pour un acte qui n'a pas été effectué.

La prochaine convention qui doit être signée entre les syndicats de médecins et la CNAM permettra peut-être de construire un avenant conventionnel pour trouver une solution. Cela pourrait satisfaire certains médecins contents de toucher un dédommagement mais n’empêchera pas le phénomène. De plus, comment faire payer à l'avance une consultation et responsabiliser le malade si le patient est bénéficiaire de la CMU et n’a aucune avance de frais à faire ? La solution dont disposent cependant les médecins aujourd'hui, c'est de refuser un patient qui a omis de venir au rendez-vous à plusieurs reprises.

Les plates-formes de prise de rendez-vous ont certes rendu service à beaucoup de médecins en leur évitant de répondre au téléphone pendant les consultations ou d’embaucher une secrétaire, mais cela a très certainement favorisé cette dérive qui sera très difficile à corriger maintenant.

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1 février 2023

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44 commentaires

  1. Les médecins ne respectent plus les patients et ils s’étonnent de ne pas être respectés ?
    Tout le monde n’a pas de savoir-vivre, médecins ou patients.

  2. Je ne comprends pas ces attaques contre les médecins. On prend un R.V. Si on ne peut l’honorer on annule le plus tôt possible car la place libérée peut ainsi profiter à un autre patient. C’est la moindre des corrections.

  3. Je n’ai pas pour habitude de tirer sur l’ambulance, cependant je dois dire que la nouvelle génération de médecins à laquelle nous avons affaire est plus préoccupée par travailler moins pour gagner plus. Et l’on peut appliquer ce nouveau comportement à bien d’autres professions

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