Les écologistes veulent séduire l’électorat rural ? « On va leur botter le cul ! », répond un paysan

EELV JDE 2022

On peut tout reprocher à Éric Piolle, maire EELV de Grenoble, hormis un certain sens de l’humour. Ainsi, depuis le 25 août, nos amis écologistes sont-ils réunis pour leurs traditionnelles journées d’été afin de réfléchir sur le déficit d’implantation en zone rurale du parti. On ne nous l’aurait pas dit, on ne l’aurait pas cru.

Car si les élections municipales de 2020 leur ont été singulièrement favorables, de grandes villes telles que Bordeaux, Grenoble, Lyon, Poitiers, Tours et Strasbourg battant désormais pavillon vert, ils sont manifestement revenus bredouilles de la chasse aux agglomérations de moindre importance.

D’où cette interrogation existentielle de Kattalin Fortuné, conseillère départementale écologiste de l’Aude : « Il y a un phénomène de rejet du citadin dans les campagnes. […] Malheureusement, EELV parle comme les citadins et a une vision idéalisée de la campagne. » À peine moins lucide, Marie Pochon, sa collègue de la Drôme, jette un froid en rappelant : « En 2022, 69 circonscriptions rurales ont été remportées par le Rassemblement national, 23 par le Parti socialiste et entre trois et cinq par les écologistes [alors qu’ils alignent 23 députés à l’Assemblée, NDLR]. On a une sociologie plutôt urbaine, diplômée, aisée. On en oublie parfois ceux qui souffrent de l’absence d’alternative à la voiture individuelle, au moment où le prix des carburants explose. » Remarquons, néanmoins, qu’il n’est jamais trop tard pour découvrir que l’eau est humide, que les vaches ont des cornes et que les poules sont bizarrement dépourvues de dents.

Et la même Kattalin Fortuné de poursuivre : « Ce qu’on n’a pas assez dit, c’est qu’il y a un phénomène de rejet du citadin dans les campagnes. Ceux qui sont "d’ici" en ont ras le bol que les urbains leur expliquent ce qu’ils doivent faire, car ils ont cette "vision idéalisée" des campagnes. Ce clivage contribue à donner beaucoup de voix au RN. Il faut donner la voix à ceux qui savent de quoi ils parlent. » Ce qui devrait, de fait, empêcher cette chère Sandrine Rousseau de discourir à propos de ses amis chasseurs. Notre héroïne préférée s'est persuadée que, chaque dimanche, ces monstres sanguinaires s’en vont tirer la mère de Bambi à bout portant, entre deux féminicides.

Comme souvent, le seul à faire preuve du strict minimum syndical de sens commun demeure l’élu mélenchoniste François Ruffin, venu discourir à cette fête de l’esprit sur le thème « NUPES des villes, RN des champs »… Le constat n’est évidemment pas faux. En revanche, la reconquête ne devrait pas être pour demain. La nature est décidément chose par trop sérieuse pour être abandonnée à des écologistes manifestement incapables de faire la différence entre un radis et un topinambour, un rumsteck et un ragoût de tofu, un tracteur et une mandoline.

En décembre prochain, le parti écologiste tiendra son congrès sous le signe de la « refondation ». Voilà qui s’annonce croquignolet. Car le temps presse, à en juger par les réactions sur Twitter aux articles de Mediapart qui ont complaisamment couvert ce pince-fesses estival. Pour Cédric Viallemonteil, paysan du Cantal très présent sur Twitter, la réponse est sans équivoque : « On va leur botter le cul ! » Joint au téléphone par Boulevard Voltaire, cet éleveur à bout craque : « Les paysans, tout le monde s’en fout, nous dit-il. Nous sommes devenus une minorité en France, alors que nous nourrissons la majorité des Français. Les écologistes saccagent désormais nos réserves d’eau, celles des gros industriels mais aussi celles des petits paysans comme nous. Ils viennent la nuit, mais n’oseraient pas nous affronter de jour. Tout cela risque de finir mal. »

On peut s’en inquiéter. Il ne faudra pas non plus, un jour, s’étonner que le ton monte.

 Crédit photo : ISA HARSIN/SIPA/Shutterstock

 

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 05/09/2022 à 11:58.
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Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

17 commentaires

  1. Devons-nous prendre au sérieux le lobby écologiste. Ce serait possible s’ils nous distinguaient dans le réchauffement constaté la part qui revient au réchauffement naturelle de la planète de la part lié aux activités humaines. On commencerait à les croire plus crédibles. Ensuite, notre planète a-t-elle attendu ce lobby pour s’auto-réguler au fil des années et siècles sous les actions progressives et de bon sens des humains? Enfin, prétendre agir pour le bien-être de la planète en n’exploitant que des idées négatives me semble paradoxal : contraindre, supprimer, etc. Quelles idées positives proposent-ils : planter des arbres, (chauffage au bois), garantir les approvisionnements en eau potable,(restrictions actuelles) nettoyer les forêts, (alimentent les incendies), éviter les rejets de poussières (le métro), nettoyer les océans, (le plastique), etc

  2. C’est la faute à Rousseau….J’ avais pas compris à l’ école. Ce qui est navrant, c’est de voir de quoi s’ émeuvent tous ces gens….Allez dire à un SDF que la viande, c’ est viril !!! Ces abrutis aux ventres bien plein n’ont qu’ à pérorer !!! Quant aux bassines d’ eau des cultivateurs? Cà pourra servir aussi aux pompiers ! Ces écolos qui promettent la fin du monde sans penser aux moyens immédiats pour combattre les incendies…A venir…Ils ne pensent pas, ils déblatèrent….Nuance

  3. La miss Kattalin Fortuné n’est pas député de lAude , elle est simplement conseillère départementale ( et c’est bien suffisant ! ) Par contre nous avons 3 circonscriptions et 3 élus du R.N.

  4. Le remède pour les écolos urbains déconnectés serait peut-être un petit séjour dans un camp de rééducation où ils pourraient se livrer aux travaux agricoles. Le Grand Timonier avait en son temps expérimenté cela en expédiant les intellectuels aux champs, puis l’idée avait été reprise en plus expéditive encore par les Khmers Rouges. Sans en arriver à de telles extrémités, nos écolos pourraient ainsi utilement découvrir la réalité du monde rural.

  5. J’ignore si remplacer le nucléaire par des centrale à charbon peut sauver la planète mais ce que je suis certain c’est qu’avec les écolos nous courront à la catastrophe. Pas étonnant que le monde agricole souffre comme ce n’est pas permis depuis depuis que le poids écolo est devenus insoutenable.

  6. Le bon sens paysan est peut être en voie de disparition sous les coups des LGBT et wokes de tout poil, mais il est définitivement allergique à cette opinion qui n’a d’écologique que la prétention et le totalitarisme.
    Il y a 10 ans, l’écologie, c’était le mariage homosexuel, la libéralisation des drogues douces, l’immigration incontrôlée et le refus du nucléaire. Maintenant que tout cela a porté ses fruits, on voit le résultat, et il n’est pas brillant.
    On a ajouté le burkini, le refus du Tour de France, des sapins de Noël et des caméras de surveillance… et la protection des « surmulots ».

  7. Et lorsque l’on discute avec de vrais paysans …le ton monte singulièrement en ce moment .
    Attention au retour de la vindicte populaire .

    • Oui, bien rangées aux râteliers, les antiques fourches et faux reléguées au rang d’objets de musée, chauffent doucement et appellent les mains calleuses qui les ont autrefois empoignées.

  8. Le poids politique des agriculteurs a baissé et ils en subissent les conséquences. Quant aux prétendus ecolos, ils surfent sur l’exploitation par la peur des pseudo changement climatiques. Bien sûr par la peur ils glanent quelques voix.

    • Le changement climatique, nous pauvres terrestres, nous n’y pouvons rien ! au plus réfléchir aux moyens de s’en accommoder. Si ça n’est qu’un réchauffement, nous devrions nous en réjouir en ces moments de pénurie de carburants.

  9. TOUT est dit dans cette « constatation »: La nature est décidément chose par trop sérieuse pour être abandonnée à des écologistes manifestement incapables de faire la différence entre un radis et un topinambour, un rumsteck et un ragoût de tofu, un tracteur et une mandoline.
    J’ai personnellement proposé à un « écolo-bobo » à Paris, lors d’une manifestation « anti pass », de créer un élevage de girafes en ville car n’ayant pas assez d’herbes pour les moutons, les girafes auraient les feuilles des arbres … et en plus ne gêneraient le stationnement puisqu’une voiture peut passer sous les pattes !

  10. Après avoir exigé du rendement , des cultures monolithiques des quotas ..on prétend revenir à une agriculture à l’ancienne ? Les animaux en batterie vous disent merci. On s’aperçoit enfin qu’une bête malheureuse donne une mauvaise viande et que l’Europe et l’argent qui dominent tout ne sont pas en accord avec la nature .
    Mais les paysans en ont marre , les gens des villes sont des enfants gâtés et l’animosité entre les deux est patente.

    Les deux «  mamellles de la France «  labourage et pastourage comme disait Sully ont disparues et le pays avec.

  11. Je soutiens le paysan du Cantal ! Ces écolos nous fatiguent ! Souvenons nous de ces paysans, condamnés par des juges ignares du monde paysan (cas de Michel et Anne en Dordogne , de Vincent en Picardie …) suite à des plaintes de néo-ruraux à cause du bruit et des odeurs des vaches, des coqs , etc…

  12. Le combat va être rude. les ecolo-bobo-gauchistes. sont plus nombreux que les agriculteurs. Les agriculteurs ont des gros tracteurs, pas les écolo. Les agriculteurs travaillent, pas les écolo.

  13. Non, Monsieur Viallemonteil, tout le monde ne se fout pas de vous !
    Je ne suis pas agriculteur mais mes grand-parents l’étaient et mon père était ouvrier arboricole.
    J’ai toujours vécu à la campagne et cultivé mon potager. Par conséquent, je connais les bienfaits de l’agrochimie et de l’arrosoir, je précise pour la police de l’environnement que je n’utilise que l’eau de pluie que je récupère.
    Je ne rate pas une occasion de défendre les agriculteurs et essaie de faire comprendre aux bobos que les contraintes qu’on vous impose ont pour effet une importation massive de produits beaucoup moins sains que les produits français.
    L’écologie a un poids politique démesuré, sans rapport avec ses scores électoraux.

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