Le périphérique selon Anne Hidalgo : deux voies au lieu de quatre et limitées à 50 km/h !
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Madame le maire de Paris a décidément un problème avec les voitures. Peut-être a-t-elle été pneu crevé ou joint de culasse fatigué dans une vie antérieure ? Toujours est-il que le bouleversement du périphérique figure en bonne place sur son agenda citoyen. Périphérique sur lequel plus d’un million de Français s’agglutinent quotidiennement ; plus pour aller travailler que faire du tourisme, précisons.
D’où ce train de mesures annoncées par Laurence Goldgrab, chef de file du Parti radical de gauche (c’est, au moins, la preuve que la chose respire encore) et présidente de cette mission d’information et d’évaluation qui fait « large consensus » à l’Hôtel de Ville, nous apprend Le Monde de ce lundi 29 avril. Comble de félicité, « cette démarche est pleinement cohérente avec l’action d’Anne Hidalgo qui a permis de faire reculer la pollution dans la capitale », sait-on de même source. Bref, la reine mère de Paris sauve des vies. Combien ? À quelques milliers près, on ne sait pas trop bien ce que disent les chiffres : la pollution est-elle cause première de ces morts ou n’est-elle qu’un facteur aggravant ? Quant aux mesures salvatrices, leur évaluation paraît tout aussi floue.
Mais l’essentiel est évidemment ailleurs, à en croire Laurence Goldgrab : « Le périphérique est une véritable barrière urbaine et un fossé culturel. » Un nouveau mur de Berlin, en quelque sorte. Il y a donc urgence afin que tout soit prêt pour les Jeux olympiques de 2024, année à laquelle est également programmé l’achèvement des travaux de reconstruction de Notre-Dame de Paris, quand Jeff Koons aura posé le dernier homard gonflable sur la flèche de la cathédrale, on imagine.
Il convient donc d’aller vite, en tout cas plus vite que sur le périphérique, dont les 35 kilomètres de bitume devraient être limités à 50 km/h. On ira, bientôt, plus vite à pied ou en voiture à pédales, si l’on ne craignait pas de se faire taxer d’homophobie sournoise. Mais comme cela pourrait encore paraître trop doux aux Français, sur les quatre voies, seules deux seraient autorisées aux automobilistes, la troisième l’étant aux bus et autres véhicules de secours ou de covoiturage. Et la quatrième ? Elle serait dévolue aux espaces verts. À ce compte, autant planter directement les arbres sur l’ensemble de la chaussée, au moins cela aurait-il l’avantage d’être joli tout plein.
De même, afin de permettre aux piétons de traverser ce « fossé culturel », l’installation de feux rouges serait également prévue, ce qui, selon toute vraisemblance, devrait mécaniquement aider à fluidifier le trafic. Remarquez, le pire n’est pas forcément certain, Gaspard Gantzer, ancien maître stratège de la communication de François Hollande – une épée, le type ! –, proposait tout simplement de supprimer le périphérique. Pour le remplacer par une route à quatre voies ? L’histoire ne le dit pas, mais le projet ne semble pas avoir été pour le moment retenu.
Dans cette assemblée de fous se faisant appeler « conseil municipal », d’autres rêvent encore à voix haute de « nouvelles formes urbaines contemporaines », sans qu’on sache trop bien ce qui peut se dissimuler derrière ce concept brumeux. Mettre les rez-de-chaussée sur les toits et les terrasses sur les trottoirs ? Planter les arbres à l’envers ? Vérifier si les cyclistes ont bien bouclé leur ceinture de sécurité ? Contrôler les trottinettes électriques afin de vérifier qu’elles ne roulent pas au diesel ? Quoi qu’il en soit, il convient avant tout de transformer la capitale en « territoire vert ».
Les esprits malicieux remarqueront que l’affaire est déjà en bonne voie, à en juger de ces innombrables barrières – vertes, what else? – protégeant des chantiers où les travaux ne commencent jamais et dans lesquels on ne voit qu’assez rarement le début de l’ombre d’un ouvrier. Mais comme toujours, à Boulevard Voltaire, on a tendance à voir le mal partout.
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