Baisse de l’impôt sur le revenu : les Français moyens seront-ils les dindons de la farce ?

Dindon

Le gouvernement ne présentera qu’en juin le mécanisme retenu pour baisser l’impôt sur le revenu. Il dispose de plusieurs leviers : réintroduire la tranche à 5,5 % supprimée par François Hollande, jouer sur la décote ou abaisser les taux des tranches de 14 % et de 30 % en augmentant les deux autres pour que les « plus aisés » n’obtiennent rien. Pourtant, cette dernière catégorie (500.000 contribuables) est à 90 % constituée de Français moyens (quelqu’un qui gagne 8.000 euros par mois peut-il être qualifié de riche ?). Malheureusement, ils risquent d’être encore plus taxés et d’être les grands perdants de cette réforme, les super riches ayant eu de véritables cadeaux fiscaux en 2018.

Le ministre de l’Économie, M. Le Maire, a esquissé la réforme qu’il compte présenter au Président, le seul décideur en la matière : avec ce qu’il propose, le gain serait de 350 euros pour ceux qui ne dépassent pas la tranche de 14 % (12 millions de contribuables), soit une baisse comprise entre 7 % et 14 % de l’IR (tout dépendra du mécanisme choisi). Le gain serait de 180 euros pour ceux qui atteignent la tranche de 30 % (4,5 millions de contribuables), soit, en moyenne, une baisse ridicule comprise entre 0,6 % et 2 %. Un pur gadget ! Mais, bien entendu, tout dépendra du mécanisme mis en place. L’État peut choisir de privilégier le premier tiers de la tranche à 30 % mais, dans ce cas, une grande part des Français moyens sera écartée de ce prétendu cadeau fiscal.

Les gouvernements se suivent et se ressemblent. Ils concentrent de plus en plus l’impôt sur le revenu sur les plus hautes tranches, rendant celui-ci insupportable aux malheureux qui le subissent : la tranche à 0 % coûte 1,5 milliard d’euros avec la prime d’activité, celle qui est à 14 % rapporte 16,4 milliards, à 30 % 30 milliards, à 41 % 11,5 milliards et à 45 % 9,2 milliards. 18 % des contribuables paient 77 % de l’impôt sur le revenu ! Bruno Le Maire souhaite accentuer ce phénomène. On est loin de la baisse générale de 10 % pour tous proposée, avec raison, par LR.

Mais il y a pire ! Ce prétendu cadeau coûtera 5 milliards à l’État. Or, celui-ci est désargenté. Il ne peut plus laisser filer le déficit, qui est déjà trop important. Le pouvoir est incapable de trancher dans les dépenses de fonctionnement et de dégager une marge de 10 milliards d’économies, comme la France pourrait le faire si elle était bien gouvernée. On parle donc, pour combler le déficit, d’abolir certaines niches fiscales. Le gouvernement prétend qu’on ne touchera pas à celles des particuliers : il ne veut pas être accusé de reprendre d’une main ce qu’il donne de l’autre. Il souhaite donc supprimer des niches pour les entreprises. Mais le patronat veille. On ne touchera ni aux baisses de charges pour les bas emplois ni au crédit recherche. Du coup, on parle d’augmenter les taux de TVA qui s’appliquent à la restauration ou aux travaux chez les particuliers.

Il n’y aura pas de miracle : les classes moyennes paieront l’addition, pour finir. Si la TVA sur la restauration monte à 20 %, un couple qui va deux fois par mois au restaurant avec une note moyenne de 50 euros aura, en un an, une facture de 1.310 euros de restaurant, contre 1.200 euros actuellement. Déjà 110 euros de repris sur les 180 euros ! Et que dire si, en plus, la TVA sur les travaux chez les particuliers repasse à 20 % ?

Christian de Moliner
Christian de Moliner
Professeur agrégé et écrivain

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