Le pape a dit…

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Le pape a dit « Pas de boogie woogie avant de faire vos prières du soir ». Pas du tout. Le pape a dit, en tout cas, le pape aurait dit son inquiétude de voir arriver le Rassemblement national au pouvoir en France. C’est L’Obs qui le révèle, ce lundi 15 mars. Le souverain pontife recevait le militant écologiste français Cyril Dion, « gardien » de la Convention citoyenne pour le climat, l’usine à fabriquer du temps perdu inventée par Emmanuel Macron, ainsi qu’Eva Sadoun, « entrepreneuse engagée », venus chercher le soutien d’une autorité morale pour leur projet de taxation des transactions financières. Une rencontre initiée par l’eurodéputé Pierre Larrouturou, privé au dernier moment de rencontre pontificale car testé positif au Covid-19.

Qu’aurait dit le pape ? « Un ami m’a dit : "En France, si on continue comme ça, on aura Marine Le Pen présidente". » On s’arrête deux secondes avant de poursuivre pour poser deux petites questions. Que veut dire « si on continue comme ça » ? Et que faire pour que ça ne continue pas comme ça ? On reprend les propos de l’évêque de Rome : « Je ne veux pas être désagréable ou dire à votre pays ce qu’il doit faire. Mais c’est inquiétant. […] Je suis inquiet de la montée des populismes. » Si le pape a vraiment dit cela, et il n’y a pas de raisons qu’il ne l’ait pas dit puisqu’on nous le dit, on peut dire que s’il avait voulu être désagréable, il y réussit pas trop mal.

Du reste, on peut être tenté de faire la réponse de la bergère au berger : je ne voudrais pas être désagréable, mais François, qui semble s’intéresser sérieusement à ce qu’il se passe en France, n’est pas inquiet des projets sociétaux lancés par les humanistes qui gouvernent la France ? Liberté d’enseignement menacée, PMA, avortement jusqu’au neuvième mois. Et la GPA et l’euthanasie dans les cartons pour le prochain bond en avant. Sans parler de la montée de l’islam dans un pays qui fut autrefois la fille aînée de l’Église. Mais peut-être que, sur ce tout dernier point, il n’y a pas matière à inquiétude pour le pape.

Évidemment, Marine Le Pen a réagi à cette confession vaticane en tweetant : « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu. » Basique, évident, classique, rien de très original mais conforme à l’idée que l’on se fait de la laïcité dans un pays pétri de catholicisme.

Mais ce qui est assez amusant, c’est la présentation que peut en faire Le Huff, pour le coup plus papiste que La Croix, en titrant : « Marine Le Pen s’en prend (encore) au pape François. » Alors qu’il eût été plus conforme à la vérité - mais « qu'est-ce que la vérité ? », demandait Ponce Pilate - de titrer : « Le pape François s’en prend (encore) aux populistes », histoire de remettre les choses dans l’ordre. Car il y a bien récidive pour l’ancien archevêque de Buenos Aires : ainsi, à l’été 2019, il se montrait préoccupé par le souverainisme et le populisme, n’hésitant pas à évoquer des « discours qui ressemblent à ceux d’Hitler en 1934 ».

Le pape est inquiet. La question est de savoir si Marine Le Pen doit s'inquiéter de cette inquiétude.

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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