Le Grand Rex, presque un siècle d’Histoire

LE GRAND REX

Si le cinéma était une religion, son temple en France et en Europe serait bien le Grand Rex de Paris. Situé dans le fameux quartier des grands boulevards, le Grand Rex, véritable monument à la gloire du 7e art, ouvrit ses portes en 1932. S’adaptant sans cesse aux technologies, le complexe cinématographique ne cesse de redécorer ses anciennes salles toujours plus somptueuses et magiques. La dernière née de ce phénomène, la salle Infinite, est ouverte depuis la fin du mois de novembre, avec son nouveau décor entièrement vintage. Mais comment, en moins d’un siècle, le site du Grand Rex est-il ainsi devenu le lieu de rendez-vous des amoureux du grand écran en France ?

Tout commença par l’idée folle d’un seul homme : Jacques Haïk. Propriétaire de l’Olympia dans les années 1930, il lance la construction d’un cinéma pouvant accueillir plus de 3.000 spectateurs dans une salle à la superficie de 2.000 m², haute de 30 mètres. Malgré les sceptiques opposés à ce projet jugé fou, le cinéma est inauguré le 8 décembre 1932 en présence de 3.300 personnes. La presse n'hésite pas alors à qualifier le Rex de « plus beau temple jamais élevé à la gloire du cinéma ». Malgré un fort succès auprès du public, le cinéma devra néanmoins déposer plusieurs fois le bilan et passer ainsi de propriétaire en propriétaire.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, le Rex est réquisitionné par les Allemands pour devenir un Soldatenkino (cinéma pour les soldats) où sont projetés, pour les troupes allemandes, des films de propagande nazie ou autorisés par le IIIe Reich. La fin de la guerre venue, du 12 avril au 22 juin 1945, le cinéma doit suspendre temporairement son activité pour se transformer en centre d’accueil pour nos prisonniers de guerre rapatriés.

La paix revenue, le cinéma s’ouvre aux programmes américains et veut offrir plus aux spectateurs qu'une simple séance de cinéma. Ainsi les soirées du Grand Rex commencent par un concert de musique joué par un orchestre, puis s’ensuit la projection d’actualités ou d'effets spéciaux époustouflants. Enfin vient le film qui vient clôturer la soirée. Cette pratique des grands spectacles aboutit à la création, en mars 1954, de la célèbre « Féerie des eaux ». L’événement propose ainsi un ballet aquatique de jets d’eau dansant, virevoltant et s’élançant à 20 mètres de haut et au rythme de musiques l’accompagnant. Depuis, le spectacle a lieu chaque année au moment des fêtes de Noël lors de la sortie d’un film des studios Disney. La première œuvre de la firme américaine projetée le 22 mai 1946 au Grand Rex fut d’ailleurs Pinocchio.

Au fil des années, le temple du cinéma de Paris décide d’aménager plusieurs salles au sein de son établissement afin d’offrir une plus grande gamme d’offres et d’ambiance à son public. Depuis 1990, le Rex possède ainsi huit pièces de projections supplémentaires. En octobre 1981, le ministère de la Culture décidé d’inscrire le Grand Rex à l’inventaire des monuments historiques en raison de l’intérêt particulier de sa façade et de sa toiture Art déco, mais aussi de sa salle « atmosphérique, d'inspiration américaine (voire hollywoodienne), dessinée par l'ingénieur John Eberson avec des éléments d'ornementation néo-baroques (statues antiques, pergolas mauresques, voûte étoilée...) réalisés par le décorateur Maurice Dufrêne ».

Devenu ainsi partie intégrante du patrimoine français et de son Histoire depuis presque un siècle, le Grand Rex est le lieu incontournable du monde cinématographique européen, voire mondial, où se déroulent de nombreuses et grandes avant-premières. Chaque année, près d’un million de spectateurs poussent les portes du Grand Rex pour se laisser emporter par la magie du cinéma.

Eric de Mascureau
Eric de Mascureau
Chroniqueur à BV, licence d'histoire-patrimoine, master d'histoire de l'art

Vos commentaires

6 commentaires

  1. « La paix revenue, le cinéma s’ouvre aux programmes américains » selon une obligation du plan Marshal, négocié par Jean Monnet et Léon Blum : accord Blum-Byrnes de 1946, qui ouvre le territoire français à la production cinématographique américaine. En toute indépendance nationale.

  2. Nostalgie, nostalgie ! Je me souviens être allé, chaque année avant Noël, et emmené par mes parents dans les années 60, au Grand Rex voir la féérie des eaux et le dernier Walt Disney. C’était magique !

  3. Vu les films qui sortent actuellement dans les salles , le sabotage des classiques de Disney et les navets propagantistes financés par l’impôt j’ai bien peur que ce cinéma ne survive plus très longtemps .

    • Vous avez raison, et pour ceux qui comme moi on eut la chance d’y aller il y a bien longtemps, « flâner sur les Grands Boulevards «  comme le chantait Yves Montant, «  quartiers et cinémas, tout à bien changé, c’était avant !

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois