[L’œil américain] Enquête en destitution : Biden dans le viseur

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Mercredi dernier, la majorité républicaine de la Chambre des représentants a voté à l’unanimité l’officialisation de l’enquête en destitution de Joe Biden menée en lien avec les affaires commerciales de son fils à l’étranger. Une victoire pour Mike Johnson, le nouveau président de la Chambre, qui est parvenu à unifier l’ensemble de son groupe. Son prédécesseur, en septembre dernier, face aux réticences d’une partie de ses troupes, avait dû se contenter d’ouvrir l’enquête unilatéralement, sans en passer par un vote.

Contourner les tentatives d'obstruction

Les démocrates en ont profité pour contester la légitimité constitutionnelle de l’enquête et dénoncer un harcèlement du président par le Congrès. Le 17 novembre, le conseiller spécial de la Maison-Blanche, Dick Sauber, a ainsi publié une lettre exigeant que les assignations à comparaître adressées à des membres de la famille Biden et à des collaborateurs de la Maison-Blanche soient annulées car la Chambre n’avait pas donné son autorisation à de telles démarches.

Afin de renforcer leurs moyens d’investigation et de contrecarrer les tentatives d’obstruction, les républicains ont donc régularisé juridiquement cet aspect de la procédure. « Alors que le président Biden continue de faire obstruction aux assignations à comparaître légales du Congrès, le vote d’aujourd’hui de l’ensemble de la Chambre des représentants autorisant l’enquête nous place dans la position la plus forte pour faire respecter ces assignations devant les tribunaux », a commenté, sur X, Mike Johnson.

« Nous avons vu des témoignages et des relevés bancaires montrant que des millions de dollars ont été versés à la famille Biden par des adversaires étrangers. Des témoins ont confirmé de nombreuses interactions du président avec les clients étrangers de sa famille. […] Le peuple américain mérite des réponses », a-t-il ajouté.

D’après le républicain James Comer, président du comité de surveillance de la Chambre, l’enquête révèle un « stratagème de trafic d’influence » étalé sur plusieurs années, à une époque où Joe Biden était vice-président d’Obama. Son comité aurait ainsi « identifié plus de 20 sociétés-écrans et découvert comment les Biden et leurs associés ont récolté plus de 24 millions de dollars entre 2015 et 2019 en vendant Joe Biden comme "la marque" », a-t-il indiqué récemment.

Les millions de dollars de Hunter

Le 7 décembre dernier, Hunter Biden, le fils du président, a été inculpé de neuf chefs d’accusation pour fraude fiscale concernant des millions de dollars de revenus provenant d'entreprises étrangères sur lesquelles enquêtent les républicains de la Chambre. « Le défendeur a dépensé des millions de dollars pour un style de vie extravagant en même temps qu’il a choisi de ne pas payer ses impôts », indique l’acte d’accusation dans un style lapidaire.

Et de détailler : « Entre 2016 et le 15 octobre 2020, le défendeur a dépensé cet argent en drogues, en escortes et petites amies, en hôtels de luxe et en propriétés locatives, en voitures étrangères, en vêtements et autres articles de nature personnelle, bref, tout sauf ses impôts. »

Dans ce contexte, la Maison-Blanche et les démocrates, repris en chœur par la plupart des médias mainstream, répètent inlassablement que les républicains n’ont toujours pas trouvé de preuve directe d’actes répréhensibles de la part de Joe Biden. À les écouter, jusque-là, donc, tout va bien. C’est peut-être passer un peu vite sur un aspect négligé de cette affaire.

Quand bien même on ne trouverait rien à reprocher juridiquement à l’actuel président, on peut penser que les révélations sur les millions de dollars avec lesquels ont jonglé son fils et certains membres de sa famille ne peuvent pas ne pas impacter son image. Notamment vis-à-vis de l’électorat populaire avec lequel il est déjà en difficulté.

L’image de Joe Biden

Joe Biden a bâti sa carrière politique en mettant en avant ses origines modestes. Lors de la dernière campagne présidentielle, il a régulièrement joué sur cette corde en cherchant notamment à opposer son enracinement dans sa ville industrielle natale, Scranton en Pennsylvanie, à la vie de milliardaire de Trump à Manhattan. « Tout ce que le président Trump pouvait voir depuis Park Avenue, c’était Wall Street. Tout ce à quoi il pense, c’est la Bourse », déclarait le candidat démocrate, à l’époque.

L’image d’un Trump corrompu et cupide, empêtré dans des scandales judiciaires, reste au cœur de la stratégie démocrate pour la présidentielle 2024. Les frasques de Hunter Biden et les soupçons d’implication de son père dans ses affaires commerciales risquent cependant de ternir l’image d’un Joe Biden « homme du peuple » désintéressé.

Plusieurs sondages ont récemment donné l’alerte. D’après une enquête d’opinion AP-NORC, concernant les affaires de son fils, 35 % des Américains indiquaient, en octobre dernier, penser que Joe Biden avait fait quelque chose d’illégal et 33 % qu’il avait agi, a minima, de façon contraire à l’éthique. Seuls 30 % déclaraient qu’il n’avait rien fait de mal.

Ce mois-ci, un sondage Bloomberg a montré un risque de décrochage au sein de son propre électorat. « Signe de leur mécontentement, une part surprenante des électeurs du parti de Biden – environ un sur cinq – ont déclaré qu'ils soutenaient les efforts des républicains de la Chambre pour lancer une enquête de destitution contre lui », s’est étonné le média américain. « Circulez, y a rien à voir », répètent pourtant à l’envi les démocrates et leurs soutiens médiatiques. Une majorité d’Américains semble d’un autre avis.

Frédéric Martin-Lassez
Frédéric Martin-Lassez
Chroniqueur à BV, juriste

Vos commentaires

15 commentaires

  1. Biden est l’exemple-type de la gauche-caviar. Quand on sait qu’il était pendant longtemps l’élu du Delaware, celui-ci étant, aux States, l’équivalent du Luxembourg ou du Liechenstein, càd, un « paradis fiscal »,…….

  2. Biden a raison, le cerveau des pauvres est entièrement occupé par leur bourse, plate le plus souvent.
    Je ne savais pas qu’il avait fait une campagne électorale pour son poste actuel….

  3. Enfin Il était temps ! Depuis sa vice présidence d’Obama (bien avant2014) l’Ukraine est le terrain de jeux et des turpitudes du fiston couvert par « le grand homme » comme il est cité dans les transactions . A suivre..

  4. Les Américains veulent-ils faire gagner Poutine ? Alors qu’ils continuent ce petit jeu et qu’ils ré-élisent Trump.

  5. Sans oublier l’Ukraine, terrain de jeu de Hunter et lieu d’un prochain fiasco américain comparable à l’Irak et à l’Afghanistan.
    Avec la guerre en Ukraine, Biden a réalisé le pire cauchemar de Kissinger : pousser la Russie dans les bras de la Chine. Ce n’est pas une erreur, c’est une faute lourde aux conséquences incalculables directement causée par la myopie, l’idéologie et l’ignorance. Les US continueront de dégringoler. Et nous avec …..

    • L’Ukraine, un nouveau Vietnam ! Quant à « l’honnêteté «  de Biden, j’en doute, il suffit aussi de voir comment s’est passée la dernière élection présidentielle sur fond de fraude ! De Gaulle n’aurait jamais cautionné les sanctions de l’UE envers la Russie !

  6. Pour ce qui est des magouilles s’ils n’ont que ça c’est rien , par contre si on commence à gratter par chez nous ben y’a du boulot ……

  7. Les scandales arrivent et les peuples constatent enfin que les médias ont tout fait pour leur cacher la vérité. A force de prendre le peuple pour des veaux, celui ci pourrait se muer en taureau.

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