Le général Gudin, héros oublié de l’Empire, victime collatérale des relations franco-russes
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C'est une drôle d'affaire que l'affaire Gudin. Le corps du général du premier Empire, tombé sur le sol russe en 1812, retrouvé en 2019 par une équipe de chercheurs, doit revenir ces jours-ci à Montargis. Oui, mais voilà, il y a trois problèmes : la municipalité LR « n'en veut pas » ; le Français Pierre Malinowski, œuvrant pour qu'on rende au général l'hommage qui lui est dû, est un proche de Poutine et un ancien assistant parlementaire de Jean-Marie le Pen (c'est-à-dire deux fois l'ami de la bête immonde, dont le ventre, etc.) ; et surtout, Emmanuel Macron, qui œuvre (sans doute dans l'ombre) pour rendre sa dignité à la fonction présidentielle, ne veut pas entendre parler d'un hommage. Rien, ou plutôt nitchevo. Le nom du général figure pourtant sous l'Arc de Triomphe. Mais bon, que voulez-vous, Napoléon n'a pas bonne presse et les relations franco-russes ne doivent pas, ne peuvent pas se réchauffer. Le général, condisciple de Bonaparte au collège militaire de Brienne, se contentera donc probablement d'un petit caveau de campagne.
Bien sûr, c'est indigne. Bien sûr, c'est honteux. Mais tout cela est habituel. L'opinion, indifférente à son sort actuel, ne s'émouvra pas pour un héros vieux de deux cents ans. L'argument massue est d'une autre sorte : cette absence d'honneurs est illégale. Gudin, brave et exemplaire, était grand aigle de la Légion d'honneur. On dirait aujourd'hui grand-croix. N'importe quel grand chancelier vous dira que les grands-croix ont droit, de par la loi, aux honneurs funèbres militaires. C'est comme ça. La République, en s'appropriant les honneurs de l'Empire, a accepté les contreparties de l'héroïsme. Il faut donc rendre les honneurs à la dépouille du général Gudin : pas parce que c'est normal, pas parce que c'est moral, pas parce que c'est juste - tout cela, personne ne l'entend plus - mais parce que c'est la loi. Tout simplement. De même que le non-port du masque par toutes-et-tous-chacune-et-chacun est inoffensif mais illégal, le mépris des grands-croix de la Légion d'honneur est peut-être commode, mais tout aussi illégal.
Notre grand maître des ordres nationaux, des horloges et du reste, malgré sa morgue déconstructrice, n'est qu'un passeur. Il ne s'appartient pas et, malgré le soin qu'il met à tout abaisser, à tout parodier, à tout salir, il ne peut pas désobéir aux lois du pays qu'il gouverne.
Attendons !
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