Le dispositif de sécurité spectaculaire envisagé pour les Jeux olympiques en France en dit long sur l’état du pays…

JO2024

On se souvient du désastre du match de football au Stade de France, le 28 mai dernier, des Anglais détroussés par les charmants habitants locaux, des dénégations de Darmanin, de la honte pesant sur le pays qui préparait, justement, les Jeux olympiques. Moins d'un an plus tard, la France est-elle prête à accueillir les Jeux olympiques en 2024 ? La sécurité de l'événement préoccupe depuis longtemps spécialistes et politiques. En mai 2022, sur le plateau de « C dans l’air », sur France 5, Alain Bauer, professeur et responsable du pôle sécurité, défense et renseignement au CNAM, exprimait déjà ses vives inquiétudes : « La cérémonie d’ouverture des JO de Paris 2024 est une folie criminelle. Il n’y a rien du point de vue de la sécurité et de la sûreté des athlètes, des organisateurs et du public qui n’est envisageable sous cette forme-là. » Et de conclure : « C’est la cérémonie la plus dangereuse des Jeux olympiques. »

L’été dernier, un rapport de la Cour des comptes rendu public par Le Canard enchaîné faisait part du « défi sécuritaire considérable » que représente cette compétition et suggérait de faire appel à l’armée afin de pallier les « faiblesses structurelles de la sécurité privée en France ». À un peu plus d’un an du coup d’envoi, l’organisation des Jeux olympiques demeure un véritable défi.

Dans un récent rapport, les élus membres du groupe de travail sur les Jeux olympiques et paralympiques de Paris en 2024 alertent sur l’efficacité du réseau de transports francilien. En plus des habitants de la région, s’ajouteront quotidiennement 600.000 spectateurs et quelque 200.000 personnes accréditées. « Dans ce domaine comme dans celui du tourisme ou de la sécurité, il ne pourra y avoir de pleine réussite des Jeux sans un retour en force de l’État », déclare Stéphane Peu, député communiste de Seine-Saint-Denis, qui confirme ainsi que nos banlieues ne sont pas tout à fait des havres de paix. À nos confrères du Parisien, Delphine Comolet, chef de projet des Jeux olympiques à SNCF Transilien, indique : « Le principal défi est que, sur une période très courte, nous allons devoir absorber un nombre de voyageurs inédit. » Et de préciser : « Ce sera l’équivalent d’une demi-heure de pointe, toute la journée, y compris en soirée, deux fois deux semaines. » Vols à la tire compris ? De son côté, la région Île-de-France craint des grèves éventuelles en vue de l’ouverture à la concurrence des bus parisiens, prévue pour le 1er janvier 2025. La France reste la France. Une situation que la présidente de région veut éviter : « Compte tenu de son éthique, je n’imagine pas que cette grande entreprise publique [la RATP, NDLR] ne soit pas au rendez-vous d’un événement planétaire où l’image de la France est en jeu. »

La sécurité dans le viseur

La situation sécuritaire s'est à ce point dégradée en France que tout pose problème, tout inquiète. Le flux quotidien de centaines de milliers de personnes implique un renforcement accru de la sécurité, qu’elle soit privée ou publique. Lors d’une prise de parole au Sénat, fin janvier, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, s’est directement adressé aux fonctionnaires pour battre le rappel : « La cérémonie d’ouverture en dehors d’un stade, c’est une fois tous les 3.500 ans puisque ça n’a jamais existé. Donc, je le dis aux gendarmes, aux policiers, aux sapeurs-pompiers, aux agents du ministère de l’Intérieur : il n’y aura pas zéro congé mais il y aura besoin de plus de monde entre juin, juillet et août. » En effet, dans un rapport présenté mi-janvier, la Cour des comptes estimait qu’entre 22.000 et 30.000 agents de sécurité devraient être recrutés. Selon Pierre Brajeux, vice-président de la Fédération française de la sécurité privée, « sur les 175.000 agents de sécurité privée, on estime qu’il en manque déjà 20.000 en rythme de croisière et il faudrait en trouver 25.000 de plus uniquement pour sécuriser les installations olympiques ? Cela veut dire qu’il faut faire un bond de 45.000 personnes en dix-huit mois. »

Au sujet du recrutement des agents de sécurité, le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, se veut rassurant : « Il n’y a pas de raisons de penser qu’il faille déclencher un plan B, dit-il. Le COJO [Comité des Jeux olympiques, NDLR] a passé un certain nombre d’appels d’offres, la profession fait d’énormes efforts pour être au rendez-vous. Nous sommes très confiants sur le fait que la sécurité privée sera bien au rendez-vous de cet événement majeur pour notre pays. » Combien d'agents de sécurité, dans un pays en paix, pour une manifestation sportive pacifique et festive ? Quel risque de grève et de blocage ? Le branle bas de combat des autorités avant ces Jeux olympiques français en dit long sur l'état du pays.

Julien Tellier
Julien Tellier
Journaliste stagiaire à BV

Vos commentaires

26 commentaires

  1. recruter et former 45000 agents de sécurité en dix huit mois.
    Comment, où, sur quels critères?
    S’ils doivent avoir la même « compétence » que les stadiers du stade de France lors de la finale de la coupe des champions, bonjour les dégâts.
    Ecoutons les experts, et renonçons à l’ouverture des jeux le long de la Seine.
    Sinon les organisateurs devrons répondre des désordres causés.

  2. Inutile de prendre des risques en allant voir ces J.O gangrenés par la politique, dans un département pluriculturel et perturbés par les habitants locaux spécialisés dans le détroussement des touristes et la violence.

  3. Pour l’INSECURITE que nous subissons est spectaculaire au quotidien, il est bien normal que le dispositif de SECURITE le soit également sinon ça risque d’être l’APOCAPLYSPE durant les JEUX OLYMPIQUES. Mais moi « Président », sain de corps et d’esprit, j’annulerais les Jeux Olympiques, les périodes que nous traversons sont tellement meurtrières…..

  4. Bonne idée de boucler son trois-étoiles cuisine et de partir au plus profond de la Lozère
    quand aux riches il y a la tombe de Johnny à St Barth

  5. Je dis bon courage à tous ceux qui voudront assister à quoi que ce soit de ces JO, même les sportifs… Il y aura soit des stades déserts (j’en doute) soit un nombre de morts tels que les Français devraient s’en souvenir en 2027 (je doute ausis de leur mémoire perso elle va bien ma mémoire, merci pour elle)….

  6. Étant donné le contexte mondial actuel et l’état de délabrement de la France, il aurait été raisonnable d’annuler ces JO. Retrouvons d’abord la PAIX.

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