« Seine-Saint-Denis : l’arrestation d’une conductrice voilée dégénère, un chien abattu », lit-on dans Le Parisien, samedi soir. La vidéo de la scène est devenue virale. Publiant la vidéo, une certaine IG Maryamslf tweete : « J’suis choquée, les policiers ils ont agressé une femme voilée, ils voulaient lui retirer le voile. Y’a un homme qui est venu les défendre avec son chien, ils ont tué le chien à la fin. » Présenté comme ça, effectivement...

La police a, depuis, démenti cette « agression » à cause du voile. On notera comment, désormais, on bascule vite dans l’« agression » : l’affaire du voile au conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté en a apporté la preuve. Julien Odoul a « agressé » cette pauvre « maman ». Certes, verbalement, mais agressé tout de même. La semaine dernière, beaucoup de journaux s’en sont d'ailleurs donné à cœur joie pour disserter sur cette « agression ». Donc, rien d’anormal à ce qu’une interpellation policière soit immédiatement qualifiée d’« agression ». Alors, rien d’étonnant, aussi, à ce qu’on trouve ce genre de réaction sur Twitter : « Que tu portes le voile : tu deviens ennemi de la République ? Tu n’as pas le droit à la parole ? La police peut t’agresser à sa guise ? Comme elle peut ouvrir le feu et tirée (sic) sur ton chien ? »

Côté police (préfecture de police), on voit les choses différemment : « Interpellation d’une conductrice circulant à vive allure qui a refusé le contrôle et insulté les policiers, proféré des paroles faisant l’apologie du terrorisme, puis incité les passants à l’émeute. » Quant au gentil animal de compagnie ? « Un molosse agressif neutralisé par un tir. »

Côté syndicat de police (Syndicat Synergie-Officiers, classé plutôt à droite), on met les points sur les « i » et les barres sur les « t », chose que la préfecture de police ne peut pas se permettre : « Provocation, instrumentalisation, pleurnichage victimaire… le tout dans des quartiers ravagés par l’islamo-délinquance (alliance des radicaux et des dealers) et où le séparatisme fait loi. »

Philippe Bilger, dans son dernier billet, publié le 19 octobre sur Boulevard Voltaire, a tout résumé en soulignant le fait que « la société est à cran au sujet du voile ». Elle est à cran parce que, sans doute, une majorité de Français ne veut pas du voile islamique dans l’espace public et que, probablement, ils sont de moins sensibles aux subtilités de la loi sur ces questions de voile. Le voile intégral est interdit depuis 2010 (à voir, du reste, si la loi s’applique avec rigueur sur tout le territoire de la République...) et le voile à l’école depuis 2004. Alors, tout le « jeu » consiste à s’emparer des « espaces lacunaires », celui des fameuses sorties scolaires, par exemple. Mais le moindre voile porté par une femme interpellée pour telle ou telle raison par la police peut être agité comme un chiffon rouge. Cette interpellation en Seine-Saint-Denis en est une illustration.

La société française est à cran parce que, sans doute aussi, les Français se rendent compte que le pouvoir est tétanisé face au phénomène. Elle est à cran, car toute une frange de la population, qu’on le veuille ou non, faisant partie de cette société française semble très bien s’accommoder de ce « séparatisme », pour reprendre le mot du syndicat Synergie-Officiers.

La société est à cran… Celui de nos policiers a, heureusement, fonctionné vendredi soir à Saint-Denis. Jusqu’au jour…

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20 octobre 2019 à 20:06

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