« Laurent Wauquiez devra prendre en compte la forte demande d’union des droites dans son propre parti ! »

Guillaume Bernard, présent mardi à une réunion des Amoureux de la France à La Roche-sur-Yon (Vendée), fait le point pour Boulevard Voltaire sur toutes les initiatives à droite qui fleurissent à la base. Il analyse aussi le départ de Virginie Calmels et l'initiative d'Erik Tegnér, candidat à la présidence des Jeunes Républicains.

Vous étiez présent hier soir à la réunion publique des Amoureux de la France qui se tenait à La Roche-Sur-Yon.
Étaient notamment présents, Véronique Bess, Nicolas Dupont-Aignan et Jean-Frédéric Poisson.
Quel retour pouvez-vous nous faire de la soirée ?

Énormément de monde était présent à cette réunion publique. Il y avait des personnes intéressées, des personnes motivées et des personnes en attente. La présence de ces personnes montre une véritable demande de l’opinion publique et du peuple de droite. Elles veulent avoir des réponses sur ce qui s’est passé l’année dernière et sur ce qui va pouvoir se faire dans les années à venir. Le peuple de droite attend incontestablement une recomposition et une réorganisation de la vie politique française.
Il y a les Amoureux de la France, l’Appel d’Angers et une nouvelle initiative nommée la France réelle est en train de se lancer. Elle a pour but de mettre en réseau les personnes pour contribuer à rédiger un programme commun.
Ces diverses initiatives complémentaires et différentes portent sur des axes et des angles différents.
On m’a souvent posé la question : quelle est la différence entre les Amoureux de la France et l’appel d’Angers ?
La réponse est très simple. Les Amoureux de la France est une tentative de coalition la tête, par des têtes d’affiche essayant de s’unir entre elles pour essayer de créer une dynamique.
L’appel d’Angers est un appel à créer une dynamique par la base. Le but est de faire en sorte que des personnes qui se connaissent sur le terrain, et indépendamment des partis auxquels ils appartiennent, essayent de travailler ensemble.
Les Amoureux de la France raisonnent en termes de partis. Forcément, il va y avoir une limite à cela. Ils auront bien évidemment du mal à faire rentrer dans leur plateforme les LR et le Front national. L’appel d’Angers en revanche offre la possibilité de réunir des divers droites, des LR et des FN qui se connaissent sur le terrain et qui peuvent constituer des listes pour les Municipales et des binômes pour les Cantonales.

L’Union des droites en termes d’influence est plus vendeur que les partis. Les journalistes n’ont pas manqué de noter qu’au dernier meeting de Laurent Wauquiez, à peine une centaine de personnes s’étaient déplacées, dont 25 % de journalistes.
Est-ce que cela traduit quelque chose ?

Malheureusement, les partis politiques ne conviennent plus au peuple français. Une défiance envers les partis politiques en eux-mêmes est incontestable. Rappelons que 18 % des Français font confiance à l‘ensemble des partis politiques. C’est extrêmement peu.
Il faut un renouvellement de l’offre politique. D’un côté, les Français sont attirés par ceux qui proposent un renouvellement comme Les Amoureux de la France, l’appel d’Angers ou la France réelle qui va émerger dans quelques jours.
Les vieilles recettes politiciennes détournent même si elles ont une proximité partisane et idéologique avec certains mouvements dont Sens commun qui est une organisation ayant un intérêt très réel.

Le licenciement de Virginie Calmels et le choix d’Erik Tegner de se présenter à la présidence des jeunes Républicains avec comme point fort de son programme l’union des droites à tout prix peut-il contribuer à décloisonner la ligne idéologique des Républicains ?

C’est une évidence. C’est un chassé-croisé extrêmement significatif et je l’espère prometteur pour ce décloisonnement à droite et cette recomposition. Virginie Calmels a été calmée, si vous me permettez ce mauvais jeu de mot. C’est ainsi la tendance centriste de LR qui est beaucoup plus proche idéologiquement de Macron et de LREM qui s’en va. Il était d’une certaine manière voué à l’échec, car il n’y a pas d’espace politique pour cette droite modérée, qui est en fait une droite centriste. En revanche, il y a incontestablement une volonté chez les militants de décloisonnement, de recomposition et de réorganisation de la droite sur les bases d’un programme commun et de valeurs communes. Nous pouvons retrouver certaines valeurs, comme l’autorité de l’État, la défense de l’identité de la France, la souveraineté du peuple, les défenses des libertés des corps sociaux et notamment des libertés économiques et la défense de la dignité de la personne. Tout cela est un programme commun qui a été évoqué dans l’appel d’Angers et qui correspond à au moins 80 % de l’opinion publique de droite. Laurent Wauquiez va devoir le prendre en considération, surtout si Erik Tegner est élu. Erik Tegner est d’une certaine manière l’une des incarnations de ce renouveau aussi bien en termes de figures qu’en termes de stratégie.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 22/06/2018 à 6:38.
Guillaume Bernard
Guillaume Bernard
Politologue et maître de conférences (HDR) de l’ICES

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