La mairie de Paris veut se refaire une santé financière sur le dos de la tour Eiffel

tour eiffel

Avec 7 millions de visiteurs annuels, dont 75 % d’étrangers, notre tour Eiffel est le monument payant le plus visité au monde. Mais voilà, alors que débutent les vacances scolaires, il n’est pas visitable : le personnel est en grève depuis le 19 février. Et contrairement à l’accoutumée, ce n’est pas pour des questions salariales mais bien pour la survie du monument !

La tour rouille, c’est la dure loi du fer. Il faut l’entretenir et l’« on ne saurait trop se pénétrer du principe que la peinture est l’élément essentiel de la conservation d’un ouvrage métallique et que les soins qui y sont apportés sont la seule garantie de sa durée », alertait son constructeur.

Depuis son érection en 1889, la tour Eiffel aura ainsi connu sept teintes différentes, du rouge minium au jaune brun en passant par soixante ans de gris beige. À l’occasion des Jeux olympiques et du centenaire de la mort de son constructeur, elle doit retourner en cette année 2024 à la couleur favorite du cher Gustave, le jaune brun, plus proche de la pierre calcaire des édifices parisiens. Et c’est là où ça coince : le ripolinage prévu par la mairie de Paris pour en mettre plein la vue aux touristes olympiques est bien loin de répondre aux nécessités d’entretien de l’édifice.

Comme l’écrit Baptiste Gianeselli, sur X, « pour la campagne de rénovation en cours, le décapage (qui permet d'éviter la corrosion) ne concerne que 5 % de la surface totale. Or, d’après les experts, c’est L’ENSEMBLE de la surface de la tour qui nécessite d’être décapé et repeint. Ce ne sera pas fait pendant cette campagne dont le budget (déjà exceptionnel au départ) a littéralement explosé. La tour Eiffel ne va pas s’effondrer, mais on ne peut pas dire que tout va bien pour elle… »

Les yeux fixés sur son village olympico-Potemkine, la mairie de Paris n’entend rien à cela. Rien, non plus, au discours des employés grévistes qui pointent la gestion désastreuse de la SETE, la Société d'exploitation de la tour Eiffel, dont ils dénoncent les dysfonctionnements depuis plusieurs mois.

Fin décembre, déjà, ils accusaient un modèle économique « trop ambitieux et intenable » en raison d'une « sous-évaluation des budgets travaux » du monument, mais également d'une « surévaluation des recettes basées sur des objectifs de fréquentation annuelle de 7,4 millions de visiteurs », soit « des niveaux de fréquentation jamais atteints ».

Mais voilà, la SETE, c’est la mairie de Paris, propriétaire et actionnaire, à 99 %, du site. Une mairie de Paris qui a sombré depuis longtemps dans un gouffre financier sans fond et qui vient d’annoncer qu’elle augmentait de 16 à 50 millions d'euros le montant de la redevance prélevée sur le site. Autrement dit, elle cherche à se refaire une santé sur le dos de la tour Eiffel.

Aujourd’hui, les 360 employés de la tour demandent à la ville d'être « raisonnable au niveau de ses exigences financières afin d'assurer la pérennité du monument et de l'entreprise qui le gère ». Concrètement, le coût des travaux a explosé « de plus de 120 millions d'euros, notamment à cause du plomb », révèle Le Point, alors que « seulement 3 % de la structure de la tour ont été repeints, contre les 15 % préconisés par différentes études ».

Du côté de la mairie de Paris, on refuse toute discussion. Qu’importe la pérennité de l’édifice, le seul objectif, c’est le panorama pour les caméras des Jeux olympiques, les chromos façon Amélie Poulain avec « le folklore » des vendeurs à la sauvette et des détrousseurs-violeurs du Champ-de-Mars.

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

28 commentaires

  1. Quand, par ignorance ou bêtise, les citoyens mettent des incompétents malhonnêtes à des postes de pouvoir il ne faut pas s’étonner des dérives de toutes sortes. Paris en paie le prix au détriment des touristes français ou étranger.

  2. Grève SNCF, pour voir la Tour Eiffel, les touristes étrangers ont dû venir en autostop. Grève de la Tour Eiffel, ils ne peuvent pas la visiter. Leur seul souvenir de Paris sera de s’être fait tirer leur portefeuille par les seuls qui ne soient jamais en grève : les pickpockets. Ces touristes reviendront-ils en France ? La réponse est : NON !

  3. Mme Hidalgo est une gestionnaire de renom comme notre président. Elle est une petite autocrate comme … et elle est têtue comme … Il faudrait inventer un prix à décerner au plus caricatural.

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