La délinquance explose dans la France périphérique : l’autre face du grand déclassement

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Les chiffres du service statistique du ministère de l’Intérieur (SSMI) sont tombés et, comme on pouvait le prévoir dans ce contexte d’ensauvagement de la société française, ils ne sont pas bons. Dans leur rapport, analysé dans les colonnes du Figaro, on pointe l’augmentation, parfois forte et brutale, des violences en zones rurales et périurbaines, donc sous le contrôle de la gendarmerie : 8 % de hausse, toutes violences confondues.

La sinistre cartographie de la violence fait apparaître, pour les coups et blessures, une hausse spectaculaire en Bretagne : +30,7 % en Ille-et-Vilaine, +19,7 % dans le Finistère et +22,6 % dans les Côtes-d’Armor. Mais aussi en Gironde (+19,4 %), dans le Tarn (+34,2 %), la Meuse (+35,4 %)…chiffres qui ne tiennent pas compte, évidemment, de toutes les victimes qui ne portent pas plainte. L’article du Figaro pointe, pour ce type de violence, un « cercle vertueux » en Seine-Saint-Denis, dans le Val-d’Oise, en Seine-et-Marne. On peut néanmoins se demander sur quelles bases sont établies ces statistiques dans ce qu’on nomme pudiquement les zones de non-droit, celles où, justement, les forces de l’ordre s’aventurent de moins en moins.

Cette spirale de la violence se déploie également dans d’autres types de délits : les actes les plus violents (homicides et tentatives d’homicides) sont en hausse de 3 % en zone de police et 15 % en zone de gendarmerie. Enfin, on relève une hausse de 7 % des agressions contre les gendarmes dans les douze derniers mois, ainsi, surtout, qu’une hausse catastrophique des violences intrafamiliales. Pendant ce temps, les cambriolages ont drastiquement baissé, surtout pendant les périodes de confinement où les Français étaient assignés à résidence chez eux : on ne cambriole pas les maisons pleines de gens, La Palisse n’aurait pas mieux dit. Mais « les mesures sanitaires ne dureront qu’un temps et la délinquance repartira de plus belle », prévient un commissaire du Rhône.

Interrogé par Le Figaro, le colonel Nasser Boualam analyse la situation à Nice pour ce qui concerne les agressions contre les forces de l’ordre, et plus particulièrement la gendarmerie : « Le point de bascule, c’est 2018, les gilets jaunes. » On a ensuite connu une augmentation constante et, cette année, en lien avec la crise sanitaire, encore plus significative. Certes, les ordres du pouvoir macronien de ne rien laisser passer aux gilets jaunes, mais de laisser agir les Black Blocs en toute impunité, suivis l’année suivante des centaines de milliers de PV dressés à des Français dont le tort était de sortir sans Ausweis, ou à plus d’un kilomètre de chez eux, ou sans masque… ne sont pas pour apaiser la colère d’une population dont la liberté de circuler et de travailler a été restreinte d’une façon inouïe. Or, la population considérait autrefois la gendarmerie favorablement : elle incarnait protection et proximité. Un retour à ses missions essentielles contribuerait sûrement à l’apaisement, mais pour cela, il faudrait évidement un changement politique : dans les ordres donnés, mais aussi en abandonnant les petites phrases et autres lâchages des forces de l’ordre en public, devant les caméras, par les plus hauts représentants de l’État.

Autre effet délétère du confinement – on n’en finit plus d’en dresser la liste : les violences intrafamiliales. Et, ajouterait-on, l’augmentation exponentielle des consultations en psychiatrie, la hausse des tentatives de suicide chez les jeunes adolescents. Que se passait-il, chez eux, durant ces longs mois où ils étaient interdits d’école ?

Enfin, le rapport pointe également une insécurité grandissante dans les campagnes ou dans les villes petites et moyennes, cette France périphérique qui n’a décidément pas les faveurs des pouvoirs publics. Or, ce n’est pas un phénomène nouveau.

En 2014, relatait Les Échos, les vols dans les campagnes étaient tels (en hausse depuis 2006) que c’est « comme si une partie du monde rural s’était brusquement transformée en un gigantesque libre-service ». Depuis une vingtaine d’années, animaux dépecés sur place, vendanges en une nuit, hangars regorgeant de fruits et légumes dévalisés, vols de matériels revendus souvent en Europe de l’Est, siphonnage de réservoir d’essence dans les tracteurs sont le lot des régions agricoles.

Enfin, la volonté du gouvernement actuel de répartir les immigrés clandestins sur tout le territoire pour délester la région Île-de-France risque de ne pas arranger les choses. À titre d’exemple, cet été, 18 % des interpellations en centre-ville de Rennes ont été celles de mineurs étrangers isolés (MNA), avec une augmentation de 35 % de la délinquance, en juillet 2020, par rapport à juillet 2019, nous dit Ouest-France. Un nouveau « phénomène de prédation », disent les autorités pour qualifier cette délinquance.

Marie d'Armagnac
Marie d'Armagnac
Journaliste à BV, spécialiste de l'international, écrivain

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