Karl Olive : « On n’a eu aucun état d’âme à prendre des décisions qui parfois font mal »

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Lorsqu’il était maire de Poissy, le député Renaissance Karl Olive avait pris la décision de suspendre les aides municipales aux familles de délinquants mineurs. Le tribunal de Versailles a annoncé, ce jeudi, l'annulation de cette mesure du désormais ex-maire de Poissy, arguant que « les conditions fixées par cette délibération, qui institue une sanction administrative, étaient trop imprécises ». Le député réagit au micro de BV.
Marc Eynaud. Lorsque vous étiez maire de Poissy en 2021, vous avez fait adopter une mesure afin de supprimer les aides communales pour les familles de mineurs délinquants. La Justice vient de la rendre illégale. Qu'est-ce qui motivait votre décision ?
Karl Olive. Il s’agissait d’aides non obligatoires pour les familles, pour leur donner du pouvoir d’achat après la crise du Covid. La ville de Poissy offrait 30 € à 50 € pour tous les jeunes entre 12 et 17 ans s'inscrivant dans une association sportive ou culturelle. C’était un contrat gagnant-gagnant car nous demandions tout simplement qu’il y ait un comportement citoyen en retour. Or, quand, à 2 h du matin, un gamin de 12 ans est surpris en flagrant délit en train de briser un Abribus™, je pense que sa place n’est pas là mais plutôt chez lui, et que les parents doivent surveiller leurs enfants. Nous avons donc décidé de mettre cette mesure en place, également pour retisser le lien avec les familles. C’est ce qui s’est passé, puisque la ville de Poissy a pu retisser un certain nombre de liens en recevant les familles avec le gamin pour lui expliquer que son comportement n’était pas tolérable. Moi-même, je l’ai fait à cinq reprises.
M. E. Le Parisien cite également des bourses pour les collégiens et les lycéens pour un montant compris entre 100 et 400 euros. De quoi s’agit-il ?
K. O. Nous sommes sur cette philosophie de réciprocité des droits et des devoirs. Aujourd’hui, l'autorité de l’État se dégrade de jour en jour, à l’endroit des policiers, des pompiers, des élus ou des professeurs. On doit remédier à cela et trouver des moyens. Le jour où on a remis cela en place, on a vu les familles que l'on ne voyait pas auparavant. Car quand on brandit la menace du portefeuille, elle est très efficace. De plus, la délinquance des jeunes a baissé, notamment grâce à ce dispositif. Troisièmement, on n'a eu aucune décision de suppression ou de suspension de ces aides. Le simple fait de brandir la menace a suffi. Le tribunal se repose plus sur la forme que sur le fond, je le respecte mais je le regrette car, dans ce pays, on doit tous se prendre par la main pour faire en sorte d’être dans un meilleur vivre ensemble.
M. E. Les maires sont-ils obligés de se saisir de sujets qui relèveraient plutôt du régalien ?
K. O. Vous avez raison, mais je pense qu’on ne doit pas tout attendre de l’État. On n’est pas les uns à côté des autres. Quand on est maire, on est les fantassins de la République. Je ne me suis pas posé la question sur l’efficacité du régalien sur ce sujet, je me suis dit : « Que puis-je faire pour améliorer le quotidien de mes administrés ? » Nous avons des outils à notre disposition. Celui de supprimer une aide non obligatoire permettant d’avoir du pouvoir d’achat sans condition de ressources, très prisée par les administrés.
M. E. Que révèlent sur la société ces mesures que vous avez été obligé de prendre ?
K. O. Notre société est en pleine mutation, en plein délitement. Les réseaux sociaux sont un défouloir total où le curseur du respect a totalement disparu. On doit faire montre d'autorité, sans quoi on peut être vite dépassé. On l’a vu pendant la crise des gilets jaunes : 95 % des manifestants étaient pacifistes, et aux 5 % qui dégradaient, insultaient et cassaient, on ne devait faire aucune carte-cadeau. De la même manière, chez nos jeunes entre 12 et 17 ans, ici, à Poissy, 99 % se comportent parfaitement bien. 1 % est là pour polluer le quotidien de ceux qui ne demandent qu’à bien vivre à Poissy. On n'a donc eu aucun état d’âme à prendre des décisions qui parfois font mal.
M. E. La mairie de Poissy compte-t-elle contester cette décision ?
K. O. Madame le maire de Poissy a décidé de mettre en place une nouvelle commission de rappel à la loi qui ira dans le même sens. Il ne faut rien lâcher sur l’autorité et l’autorité de celles et ceux qui sont porteurs de l’autorité publique.
Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

Vos commentaires

17 commentaires

  1. Karl olive a passé un moment très confortable avec vous. Il n’y avait aucune question pour le gêner. Et pourtant cette notion du vivre ensemble, échec patent de la majorité à laquelle il appartient, méritait quelques éclaircissements de sa part.;

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