José Pérez, arboriculteur en Lot-et-Garonne : « Cela fait plus de dix jours qu’on a tout gelé : on attend une réponse forte et rapide qui n’arrive pas ! »

pruniers gelés

Interview de José Pérez, arboriculteur au Temple-sur-Lot (47), après la vague de gel exceptionnelle qui a ravagé les cultures : « 70 % de la production pruneaux d'Agen est décimée [...] Tout le secteur est impacté : pommes, kiwis, etc. Ce sont des pertes financières énormes. »

 

A la suite la vague de gel du mois d’avril, on parle beaucoup des dégâts que cela a pu causer sur les cultures de vignes. Vous êtes cultivateur en Lot-et-Garonne et vous avez été extrêmement touché. En quoi est-ce que le gel a-t-il impacté votre production ?

Nous sommes arboriculteurs et avons été fortement impactés sur toute la production. Aujourd’hui, nous sommes gelés à 80-90 % en prune. Globalement, 70 % de la production de pruneaux d’Agen est décimée par le gel. Concernant les pommes, nous sommes aux alentours de 50 % et les kiwis à 90 %. D’autres productions ont elles aussi été gelées, mais c’est moindre puisque nous avons des systèmes de protection anti-gel. Malheureusement, chez moi ces systèmes n’ont pas fonctionné pour une raison que je cherche encore.

Qu’est-ce qui peut expliquer une telle perte dans vos cultures ?

 

Ce gel est tout à fait exceptionnel. En 1991, je n’étais pas bien grand, mais je me souviens que mes parents parlaient d’un gel aussi exceptionnel. Il restait de la production, alors qu’aujourd’hui, il ne reste rien. C’est incroyable ! Nous avons des vergers à différents endroits, dans les coteaux et dans la plaine. Tous les secteurs sont impactés à 90-100 %.

 

Dans ce genre de situation, êtes-vous assuré ?

En arboriculture, nous avons une assurance grêle, mais pas d’assurance contre le gel. Je pense qu’elle n’existe même pas en arboriculture. Nos pertes sont énormes.

Le conseil départemental et la municipalité vous soutiennent-ils dans cette crise ?

À ce jour, c’est en négociation. Au niveau du département, ils n’ont a priori pas pris de décisions. Nous attendons des aides massives de l’État. Si aujourd’hui nous n’avons pas ces aides, je ne sais pas comment nous allons faire pour passer cette année et l’année prochaine. Jusqu’à octobre 2022, il n’y aura aucune rentrée d’argent.

Votre entreprise est menacée. J’imagine que c’est aussi le cas de la plupart de vos collègues...

Dans le département, beaucoup d’entreprises sont menacées. J’ai 40 ans, je suis dans la fleur des crédits et de l’investissement et aujourd’hui, je me retrouve avec zéro production. Je me pose sérieusement la question de ce qu’il va se passer. Beaucoup d’entreprises sont comme moi. La filière pruneaux était assez compliquée jusqu’à aujourd’hui. Cette année, elle aurait eu tendance à repartir. On a joué à flux tendu jusqu’à maintenant. Les trésoreries ne sont pas terribles et nous reprenons cela par-dessus.

Avez-vous le moral et avez-vous confiance en l’avenir ?

 

Franchement, le monde agricole est paniqué. Nous attendons des réponses rapides, mais elles n’arrivent pas assez vite à mon goût. Cela fait plus de 10 jours, nous voulons des réponses et nous n’en avons pas. Je me doute bien que ce genre de situation ne se gère pas du jour au lendemain, mais c’est compliqué.

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