Jean-Pierre Pernaut et la Douce France
Le journaliste Jean-Pierre Pernaut fête, le 19 février, le trentième anniversaire de sa présence au journal télévisé de 13 heures sur TF1. C’est à la fois une prouesse et une exception. Une prouesse parce que c’est le seul présentateur télé à avoir tenu aussi longtemps en place au même poste. C’est aussi une exception pour les mêmes raisons et, surtout, parce qu’aujourd’hui, et depuis de nombreuses années, le paysage audiovisuel française est dirigé par la dictature de l’Audimat®. En ce sens, Jean-Pierre Pernaut fait figure de dinosaure, aux côtés notamment de Michel Drucker et Nagui.
Qu’on aime ou pas le personnage, Jean-Pierre Pernaut a su asseoir une certaine autorité au sein de la grand-messe du 13 heures en imprimant sa patte : celle de la France des oubliés, des métiers en voie de disparition, des personnes de la France profonde qui ont conservé leur bon sens paysan et rural, celle d’une France que l’on pense surannée mais qui reste diablement ancrée dans la réalité… Bref, une certaine Douce France.
Ce que beaucoup de personnes politiquement correctes reprochent au présentateur du 13 heures, c’est son franc-parler. En novembre 2016, le Conseil supérieur de l’audiovisuel l’avait rappelé à l’ordre pour avoir déclaré après un reportage : "Voilà, plus de place pour les sans-abri mais, en même temps, les centres pour migrants continuent à ouvrir partout en France." Invité plus tard à l’émission "Salut les Terriens", il avait confirmé son analyse et assumé ses propos : "Si j’avais à le redire demain, je le redirais. Je n’ai fait que mon métier."
L’homme n’en est pas à sa première polémique : en mars 2016, il avait fustigé les cheminots qui ont "60 jours de congés payés par an". Sous la pression, il avait été contraint de rectifier en disant : "Les congés payés des cheminots, c'est 28 jours plus le reste, jours fériés et RTT." En juin 2015, il s’était énervé contre les fonctionnaires qui imposaient (et imposent toujours) des contrôles pendant les vacances. Il avait écrit sur son compte Facebook : "Ça donne bougrement envie de partir ailleurs... ou de filer un grand coup de balai dans toutes ces règles à la con."
Aux critiques qui le vilipendent de faire un journal de « vieux », autrement dit de rétrogrades, il réplique à notre confrère de TV Magazine que "notre JT attire aussi les plus jeunes car il est performant sur les téléspectateurs de 25 à 49 ans. Il y a trente ans, les gens qui regardaient la télé à 13 heures étaient ceux qui déjeunaient chez eux : retraités, femmes au foyer et les gens en milieu rural. Mais la société a évolué. Les actifs rentrent plus souvent déjeuner chez eux, les femmes travaillent de plus en plus et les jeunes ont un accès à la télé plus important. Le public s’est donc rajeuni. Mais je suis fier que les “vieux” soient là aussi."
Jean-Pierre Pernaut est « brut de décoffrage ». Il représente la France profonde, la France réelle. Les téléspectateurs le lui rendent bien en plébiscitant son JT : 44,7 % de parts de marché. La Douce France a encore de beaux jours devant elle…
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