Jean-Luc Mélenchon est-il mort hier en direct, par suicide médiatique ? 

Jean-Luc Mélenchon
Les bienveillants disciples de La France insoumise commencent à dire qu'il était fatigué. Tout le monde a des jours sans, après tout. Malheureusement, ce n'est pas si simple. Jean-Luc Mélenchon était, ce jeudi 9 février, l'invité de BFM TV. Il a longuement répondu à toutes les questions qu'on lui a posées, pendant deux heures, principalement sur le sujet des retraites. C'est son fonds de commerce, même si, malgré ses engagements, il a refusé de voter dans le même sens que le RN, qui défendait pourtant, mot pour mot, exactement la même position. Comme le dit la vieille blague, on ne peut pas être à la fois gauchiste, intelligent et honnête.
Basculant de la médiocrité vers le ridicule, Mélenchon commente d'abord, en éructant, une photo sur laquelle on voit le député Thomas Portes poser sur Twitter, le pied sur un ballon à l'effigie d'Olivier Dussopt. Il trouve « grotesque » qu'on lui pose la question. Il tourne autour du sujet : c'est un ballon, ce n'est pas grave, et puis, de toutes façons, Thomas Portes est un travailleur, un cheminot de la SNCF, et c'est ça qui vous ennuie, méchant journaliste, et puis on ne va pas en faire une histoire. Il n'y a pas l'ombre d'un argument, évidemment, comme bien souvent. Mélenchon ne répond pas sur le fond. Il venait de parler de l'humour qui ne le faisait pas rire en politique. Là, ce n'est pas de l'humour, en tout cas c'est pas pareil, et puis qui vous dit que c'est un ballon, et c'est de la faute des bourgeois, des patrons ; bref, on connaît tout ça par cœur.
Pouvait-on descendre un peu plus bas ? Bien sûr ! Jean-Luc Mélenchon, qui n'a, en dépit de sa glorification littéraire d'un monde ouvrier fantasmé, jamais pris l'ascenseur du fond de la mine, n'a pourtant pas peur de descendre au énième sous-sol. Il a toutefois attendu la fin de l'émission pour tirer le bouquet final de ce feu d'artifice. Interrogé sur Adrien Quatennens et son retour dans l'Hémicycle, il a tout bonnement pété un câble. Il a perdu ses moyens. Subitement devenu inarrêtable, il a livré un monologue à la fois stupide, vulgaire et agressif, face à un journaliste honnêtement admirable de constance et de calme, qui a été pris à partie, alors que la première chose qu'on apprend dans le plus sommaire des media training, c'est que le journaliste n'est pas un interlocuteur mais un tremplin. Peu importe ce qu'il dit, ce n'est pas lui qui compte, c'est la relation entre l'invité et les spectateurs. Mélenchon, lui, tire sur le messager.

Pendant quatre gênantes minutes, il s'est livré à un pitoyable exercice de défense de son député, tout en traitant Maxime Switek (le journaliste de BFM) de sadique, de menteur, d'hypocrite « moralement répugnant ». « Vous espériez que je surréagirais », commence-t-il : peut-être ou peut-être pas, mais en tout cas, c'est réussi. Il hurle, il agresse, il glisse un « gna-gna-gna » et se borne à ajouter des « foutez-nous la paix » entre deux glapissements. On croit vraiment contempler un ancien directeur de quelque chose qui se lance dans un pathétique monologue à l'heure de la purée et des maquereaux au vin blanc. C'en est presque triste.
Avec une retraite de 8.500 euros par mois, un job d'indigné professionnel depuis quarante ans, un patrimoine de millionnaire, ce ne serait pas une vraie mise en danger. L'éloquence du leader gauchiste est morte le 9 février 2023, vers 23 heures, par suicide. Il y avait un tribun, autrefois, à la tête de La France insoumise ; il ne reste qu'un collage hasardeux (et misérable) entre un prof de lettres syndiqué des années 70 et un pilier de bar d'une ville moyenne. Même si les bébés insoumis essaient de faire bouger le cadavre, principalement parce qu'ils sont nuls et que personne n'a la carrure nécessaire pour arriver troisième à la présidentielle, plus personne n'est dupe. Adieu, l'artiste, si tu nous regardes...
Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

53 commentaires

  1. Un régal. Il y a un moment qu’on s’aperçoit que Mélenchon perd ses bas mais le voir qui pète les plombs en direct – trop tard le soir hélas pour mon grand âge – quel bonheur. Depuis le temps qu’on essaie de lui faire comprendre que ce qui est excessif est insignifiant… A chaque apparition, il se décrédibilise un peu plus : allons, Jean-Luc, encore un effort !

  2. Et en même temps comme dirait l’autre à l’Élysée, à quoi s’attendre d’un média comme bfmtv qui invite un melenchon à débattre ? L’un comme l’autre ne suscite en ce qui me concerne, que dégoût

  3. C’est marrant d’entendre Méluche (le millionnaire anti-riches) parler comme un homme d’église à propos du repentir et de l’expiation des fautes.
    Lui qui n’a cessé de « bouffer du curé » s’insurge contre la notion de « pêché mortel » qu’il pratique constamment via la cancel culture.
    Monsieur Mélenchon pardonne donc à tous ceux qu’il a traité de « racistes »?
    Car le voilà le vrai « pêché mortel », ce mot pourtant vidé de toute substance qu’on a érigé au rang de délit, voir de crime de haine! Mais avec la géométrie la plus variable du monde et le plus grand flou artistique de l’histoire.

  4. Le journaliste est resté coi et sidéré, la prochaine fois il devrait applaudir Mélenchon et lui dire « bravo l’artiste »… C’est tout.

  5. J-L MELENCHON est un tribun, tout le monde le sait. Et un explosif, on le connaît aussi pour ça. Alors, pourquoi allumer la mèche. Je ne crois pas que BFM TV sorte grandi de ce type de spectacle (parce qu’on ne peut pas parler ici de débat).

  6. Mon cher monsieur Florac, ne vous en déplaise et n’étant absolument pas du même bord que JLM, au tout contraire même, mais je suis comme lui, vous les journalistes vous n’avez aucun droit d’imposer vos soit-disantes « bonnes pensées  » au monde entier. Moi aussi, j’en ai marre de tous ces faux-culs qui s’intitulent redresseurs de morale sous pretexte qu’ils tiennent un micro entre les mains. Un journalistes c’est fait pour informer, pas pour faire la morale, un point c’est tout !

    • Je vous encourage à lire ce qui suit,extrait de l’article ci dessus « …face à un journaliste honnêtement admirable de constance et de calme, qui a été pris à partie, alors que la première chose qu’on apprend dans le plus sommaire des media training, c’est que le journaliste n’est pas un interlocuteur mais un tremplin. Peu importe ce qu’il dit, ce n’est pas lui qui compte, c’est la relation entre l’invité et les spectateurs. »
      Jean-Luc Mélanchon c’est comporté comme un Jean-Luc Méchancon.

  7. C’est bien une des rares fois où je suis d’accord avec Melenchon de A à Z… en espérant que cela vaudra pour tous les autres élus à l’avenir !

  8. Mêlant heureusement des sangs italien et espagnols divers (2 langues), cachant de par sa naissance à Tanger son origine Pïeds Noirs d’Oran, que la famille dut probablement quitter (sous les « applaudissements » des métropolitains d’un référendum du printemps 62 à 90% je crois)….qui sait si son action n’eut pas un côté revanchard ? Un psy nous le dirait et moi, sans l’admirer je dis: Bravo l’artiste!

  9. Pourtant sur ce point Mélanchon n’a pas tord. Il est là pour parler de politique et non d’affaires privées. Ca ne nous regarde pas. Déballer le linge sale en public est malsain. C’est faire du sensationnel et non de l’information, c’est confondre les deux. Monsieur Mélanchon est un sanguin, il s’emporte facilement et il est maladroit quand il est confronté à ce genre de personne qui confonde politique et presse people. Pourtant je ne pense pas être un ardent défenseur de Mélanchon car je trouve sa politique détestable et dangereuse. Je suis prêt à le combattre mais pas sur ce sujet

  10. Pas d’accord…
    C’est 1 partout balle au centre !

    Switeck a ce qu’il mérite, Melanchon égal à lui même malhonnête et brutal. BFM le contraire d’une chaîne d’information n’est pas loin de la presse de caniveau, tout ce petit monde désinforme et noie le poisson, pour endormir les français… L’important est ailleurs, chacun le sait.

  11. dire que le député Porte (LFI) qui met son pied sur un ballon à l’effigie de Dussopt ministre, et sortir « l’excuse » qu’il est cheminot, ça me peine pour les cheminots qui bossent et qui n’ont rien à voir avec ce genre de garçon. Si un RN avait fait çà on aurait demandé de lever son immunité parlementaire pour le flinguer, mais là inaudible la « justice » selon Moretti.

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