Jean-Frédéric Poisson : « On a tout fait pour ne pas inquiéter les Français, d’où une certaine cacophonie »
Jean-Frédéric Poisson réagit aux annonces faites par Emmanuel Macron, hier soir, pour lutter contre l'épidémie de coronavirus. Il réagit également aux résultats du premier tour des municipales.
Le président de la République a annoncé la suite du plan de lutte contre l’épidémie de coronavirus. Qu’avez-vous pensé de la prestation du chef de l’État ?
Je l’ai trouvé extrêmement grave et solennel, ce qui est conforme à la situation que nous vivons.
Dans un deuxième temps, j’ai trouvé que le fait de faire appel à la responsabilité individuelle des Français et de demander un peu de discipline à ce peuple qui n’en fait qu’à sa tête, était parfaitement adapté. Il était important de rappeler que lorsqu’on est responsable de soi, on est aussi responsable des autres.
En revanche, j’ai deux bémols. Premièrement, on persiste dans un certain nombre de silences. Le mot confinement n’est pas apparu une seule fois dans le discours du président de la République. Comme si on ne voulait pas d’une certaine façon perdre la face et qu’on ne voulait pas prononcer les mots, dont on a dit il y a quelques jours à peine, qu’on ne les prononcerait jamais.
Deuxièmement, cette affaire de fermeture des frontières tourne à l’obsession. A l’heure où tous nos voisins ont déjà fermé leurs frontières, nous refusons de prendre acte de cette évidence selon laquelle il faut fermer les flux de circulation.
De manière générale, beaucoup ont pointé la difficulté du gouvernement à communiquer.
Il y a une huitaine de jours, le couple présidentiel incitait les Français à sortir davantage en se rendant au théâtre. Comment jugez-vous la communication de ce gouvernement ?
Je la juge de deux façons. Premièrement, je trouve que la communication du ministre de la Santé est parfaitement au point. Elle est très claire et extrêmement précise. Elle est de nature à ce que nous comprenions la situation et que nous agissions en fonction. Le reste est une cacophonie sans nom.
Encore une fois, on ne veut pas dire que le pays s’arrêtera. Pourquoi ? Comme si on prenait les Français pour des gosses à qui on ne veut pas expliquer que le père Noël n’existe pas.
Deuxièmement, il y a quelque chose de plus grave. Hier, la communication du gouvernement consistait à dire, on ne prendra pas de décision sans conseil scientifique. Ce n’est pas le conseil scientifique qui dirige la France, avec tout le respect que j’ai pour les médecins et les épidémiologistes, et merci à eux pour le travail qu’ils fournissent en ce moment.
Des responsables politiques sont élus pour diriger le pays et doivent prendre leurs responsabilités. Je n’en aurais pas voulu au pouvoir politique de reporter purement et simplement les élections municipales à l’automne prochain. Je n’en veux pas au gouvernement de prononcer des mesures de confinement parce que c’est nécessaire. Mais, je lui en veux d’avoir fait comme si on pouvait s’en passer et d’avoir tout fait pour ne pas inquiéter la population comme si nous étions des enfants. Il y a là une part de responsabilité qui explique cette cacophonie de communication.
Le ministre de l’Éducation nationale dit « ne vous inquiétez pas braves gens, les dotations de tablettes numériques sont disponibles dans toutes les écoles pour que les enfants travaillent ». Non, ce n’est pas vrai !
Parce qu’on ne veut pas assumer sa responsabilité politique, on veut rester sans cesse dans le ‘’en même temps’’. En même temps les écoles sont fermées, mais allez voter. En même temps, allez voter, mais il ne faut pas aller au restaurant.
De manière générale, quelle lecture politique faites-vous des résultats des élections municipales ?
C’est d’abord, une prime massive au sortant. Ce qui n’est pas très surprenant. Tout le monde l’avait vu venir. Dans cette période d’inquiétude, les Français se sont rapatriés vers ceux qu’ils connaissaient, c’est-à-dire les sortants. 80 % des communes de France se sont dotées d’un conseil municipal qui pourrait être installé dans le courant de la semaine.
Puis, l’échec d’En Marche. Ce n’est pas la droite qui gagne, mais ce sont ses maires sortants qui sont réélus. Ce n’est pas tout à fait la même chose.
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