Jean-Frédéric Poisson, auteur de L'islam à la conquête de l'Occident, réagit à l'avis de la Cour européenne des droits de l'homme sur l'application de la charia en Grèce.

La Cour euroéenne des droits de l’homme (CEDH) s’est prononcée pour un cas relevant de la charia en Grèce.
La CEDH a rendu raison à la plaignante vis-à-vis de la charia, mais ne l’a pas condamnée.
Cela fait un peu écho au livre que vous avez sorti il y a quelques semaines…

Oui, malheureusement, cela fait en effet écho à mon livre. La CEDH applique en réalité, par ignorance, par lâcheté ou les deux, la stratégie prônée par les États musulmans pour faire dominer la charia en Europe. La décision de la CEDH est de nature communautariste. Elle donne droit à une tradition coutumière qui n’a pas de trace ni dans le droit grec, ni d’ailleurs dans le droit d’un autre pays européen. Elle rend, d’une certaine façon, supérieur ce droit coutumier étranger aux institutions légales d’un pays membre. Elle invite ainsi à la constitution d’une forme de justice parallèle qui aurait raison, par rapport à la justice institutionnelle des pays membres.
On retrouve, de manière très claire, tous ces éléments dans le document de stratégie culturelle islamique élaboré par les États musulmans il y a 20 ans. Ces éléments sont des fers de lance de la stratégie de domination de la charia en Europe.

Pourquoi préconisez-vous que la France sorte de la CEDH ?
Ne faudrait-il pas plutôt renforcer la CEDH et essayer de la faire aller dans le bon sens ?

La CEDH est déjà assez largement sortie de son rôle, ou plutôt on lui donne un rôle qu’elle n’a pas. Les décisions qu’elle prend ne sont pas contraignantes pour les États. Elle s’arroge un pouvoir de décision et on lui donne des pouvoirs qu’elle n’a pas.
Il n’y a pas de nécessité à ce que la France demeure dans cette institution. D’ailleurs, les Anglais en sont partis depuis quelques années. Je n’observe pas que les droits fondamentaux et les libertés individuelles soient moins bien défendus en Angleterre qu’en France.
J’avais déjà proposé cette solution, il y a plus de trois ans, considérant que la CEDH a une ligne politique qui n’est pas réformable. Elle fait primer désormais de manière quasi systématique les droits individuels par rapport aux droits des institutions. En tout cas, c’est l’orientation qu’elle a prise depuis des années. Ce n’est pas acceptable et d’ailleurs incompatible avec notre propre manière de concevoir le droit et les institutions.
On a assez perdu de temps. Il faut engager la sortie de la France de la CEDH.

Entre le pacte mondial sur l’immigration signé à Marrakech et cet avis de la CEDH, le poids moral va contre les idées que vous défendez.
Cette signature et cette Cour n’ont qu’un pouvoir moral, mais semblent tout de même peser fortement sur la conduite des États.

Les États eux-mêmes semblent ne plus avoir ni de colonne vertébrale ni de raisons particulières de défendre leurs propres institutions et l’esprit de leur propre droit par rapport à ces documents qui ne sont que des invitations et des orientations qui ne pèsent pourtant rien.
Avant d’essayer de ‘’réarmer’’ intellectuellement la CEDH, il faudrait nous réarmer nous-mêmes, être conscient de notre héritage en termes de traditions et d’institutions, réarmer notre projet , réaffirmer notre propre volonté de n’avoir aucun type de droit différent du nôtre dominer sur notre territoire. C’est ce qui est en train d’arriver. C’est une brèche supplémentaire dans cette volonté d’affaiblir les institutions nationales et de renforcer les institutions européennes. C’est extrêmement dangereux. La conjonction dans le temps, à quelques heures d’intervalle, avec le pacte de Marrakech et cet acte de la CEDH montre bien combien nous sommes vulnérables à ce qui relève d’une stratégie de conquête.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 19:24.

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28 décembre 2018 à 14:14

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