Après son éviction de la liste de Debout la France, Jean-Frédéric Poisson, président du Parti chrétien-démocrate, confirme qu'il ne sera pas candidat aux élections européennes.


Plusieurs éditorialistes craignent que ces élections européennes soient pour la République En Marche un vote sanction.
Est-ce une crainte légitime ?

C’est toujours une crainte légitime. On sait que les élections intermédiaires, depuis l’établissement du quinquennat dans la constitution, servent de sanction à l’égard du pouvoir en place. C'est vrai que ce soient pour les élections locales ou les élections nationales, comme le sont les Européennes. Il n’y a pas de raison que cette élection là, fasse exception à cette règle.
Le peu de popularité et de confiance dont jouit le président de la République dans le coeur et l’esprit des Français peut les conduire à sanctionner assez massivement sa politique.
On verra qu’entre l’Emmanuel Macron du premier tour de la présidentielle et la liste d’Emmanuel Macron aux élections européennes, il n'y aura non seulement pas d’avancée, mais il n’y aura peut-être même pas de stabilité, voire un recul. Il y a toutes les raisons de penser, y compris objectives, que cette élection serve de sanction à la politique conduite par le chef de l’État. Celui-ci ne rencontre que très peu d’assentiment chez les Français.


Vous ne participerez a priori pas aux élections européennes. Vous avez été évincé de la liste conduite par Nicolas Dupont-Aignan au nom des Amoureux de la France.
Pouvez-vous nous confirmer absence aux élections européennes du 26 mai prochain ?

Je ne serai pas candidat aux élections européennes du 26 mai. Le PCD n’y participera pas non plus. Nous avons effectivement été évacués manu militari, et dans des conditions un peu étonnantes, de la liste des Amoureux de la France.
Par ailleurs, je constate que l’équilibre essentiel entre, d’un côté, des intentions de renforcement de l’indépendance de la France et de l’autre côté, l’attachement aux valeurs d’enracinement et les valeurs conservatrices, ne sera pas présent et ne sera pas représenté dans cette élection européenne. C’est tout à fait dommage. Il a été démontré que dans beaucoup d’autres pays en Europe et sur le continent américain, cette articulation entre d’un côté le renforcement d’identité, la force de l’État et de son indépendance et d’un autre côté, le souci de la dignité humaine, la défense des familles fait les succès électoraux de beaucoup de leaders européens. Cela permet également aux forces nouvelles, dans les pays occidentaux de l’Europe comme l’Allemagne, l’Espagne ou les Pays Bas, d’émerger.
Je pense que les Amoureux de la France avaient une carte formidable à jouer sur ce registre. Finalement, la décision de ne pas aller dans ce sens a été prise par le leader de Debout la France. C’est très dommage dans la mesure où cette articulation est l’essence même du projet politique du parti chrétien-démocrate. Il ne peut se faire sans une alliance politique objective au-delà des partis politiques et d’une vraie volonté de travailler un programme commun de gouvernement, assis sur ses deux jambes. Il n’y a aucune raison que nous soyons présents à cette élection.


Le PCD va-t-il se consacrer à cette recherche d’alliance entre conservatisme et identité ?

C’est notre ADN et le sens de notre philosophie politique. Nous avions commencé à travailler avec les Amoureux de la France dans le sens d’un rassemblement et en vue d’un programme commun. Je le répète parce que c’est essentiel. Or, je constate que dans les principaux leaders de la droite française d’aujourd’hui, il n’y a pas cette volonté de programme commun et cette volonté de rassemblement. La mission du parti chrétien-démocrate est de travailler à cela à côté des leaders politiques, avec toutes les personnes de bonne volonté. Tant qu’ils ne le voudront pas, nous le ferons sans doute sans eux, mais définitivement pas contre eux.


Cette idée a été avancée dans Valeurs Actuelles par Marion Maréchal.
Rejoignez-vous la position de Marion Maréchal ?

Je n’ai pas encore lu l’interview de Marion Maréchal dans Valeurs Actuelles. Je ne m’étonne pas qu’elle pense cela. Je ne suis pas surpris que l’on soit sur ces intentions générales plutôt alignées. Il s’agit d’inscrire tout cela dans un calendrier opérationnel. Chacun à sa place pour faire avancer et progresser cette intention et ce projet. Encore une fois, c’est ce à quoi s’attellera le parti chrétien-démocrate dans les temps qui viennent.

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16 avril 2019 à 20:02

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