Jacques Cœur, un horrible colonialiste ?

jacques coeur

Le tagage, cette semaine, de la statue de Jacques Cœur, édifiée en 1879 à Bourges, avec l’inscription « colonialisme », révèle, au-delà de la bêtise, une totale incompréhension et une relecture idéologique de l’Histoire. C’est un malaise supplémentaire dans une période où le décolonialisme semblerait être la seule idéologie porteuse. Or, c’est, de fait, ignorer la réalité.

Jacques Cœur est né entre 1395 et 1400 à Bourges, dans une période de profonde mutation de la France médiévale.

Par son talent de négociant, banquier et armateur, il va contribuer, d’une part, à conforter la position du fragile roi de France, Charles VII, mais, surtout, à préparer l’émergence de la Renaissance en connectant le royaume de France avec l’espace méditerranéen, alors totalement dominé par l’Empire ottoman.

À l’inverse de l’inscription, il aurait fallu rajouter, d’ailleurs : « Empire ottoman, colonialiste et esclavagiste ». Et au-delà des mésaventures de Jacques Cœur qui sera disgracié avant de mourir en 1456, il faut également rappeler que des villes comme Montpellier, Marseille ou Pézenas ont beaucoup profité des réseaux commerciaux mis en place par Jacques Cœur, permettant, entre autres, le commerce des épices venant de l’Orient.

La Méditerranée est alors à la fois zone d’échanges mais aussi de confrontations, où les chrétiens sont non seulement en minorité mais souvent réduits en esclavage, avec une économie florissante alimentée par la piraterie barbaresque effectuant des razzias sur les rives nord de Mare Nostrum.

Revisiter l’Histoire de cette façon est à la fois une preuve de lâcheté mais aussi de profonde ignorance, voire de mépris pour la réalité de ce qui s’est réellement passé. À force de vouloir nier, pour des raisons idéologiques, les faits, certains créent un climat de haine et de violence désormais intolérables.

À les écouter, il n’y aurait qu’une vérité : la leur. Or, il faudrait, pour être objectif, mettre tout sur la table de l’Histoire. Oui, le colonialisme occidental a ses parts d’ombre et de sauvagerie, mais il y a eu aussi d’autres colonialismes et d’esclavages encore plus barbares. Ainsi, il serait de bon ton d’accabler les conquistadors espagnols de tous les maux de l’Amérique. Mais il faudrait, alors, rappeler la pratique de l’esclavage et des sacrifices humains dans les civilisations amérindiennes.

Saint Vincent de Paul, quant à lui, aurait passé deux ans comme esclave, à partir de 1605, à Tunis, avant de s’échapper, tandis qu’il faut attendre 1830 pour obtenir la libération des derniers esclaves chrétiens à Alger et que les marchés aux esclaves ont encore longtemps sévi, y compris de nos jours, en Libye.

Alors, laissons en paix ce pauvre Jacques Cœur dont le parcours n’a strictement rien à voir avec ce que l’auteur du tag voudrait supposer et suggérons à ce dernier de prendre le temps de lire et de comprendre l’Histoire. Car à force de trahir l’Histoire, on en arrive in fine au totalitarisme.

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