PS et LFI s’embrouillent: Guedj insulte Mélenchon, Delogu menace Guedj

Delogu est impatient de « croiser » Guedj à l'AN. Pour autant, rien n'arrêtera le « barrage républicain ».
© Capture écran Assemblée nationale
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Du rififi entre le PS et La France insoumise. C’est le moins que l’on puisse dire. Le parti à la rose devait planer sur une bonne séquence médiatique. Le congrès de la formation mitterrandienne se déroulait les 13, 14 et 15 juin à Nancy. Il suit de près l’élection de son Premier secrétaire, Olivier Faure, au début du mois de juin. Le député de Seine-et-Marne a été réélu à la tête du mouvement avec un score famélique : 12.000 voix, seulement, se sont portées sur son nom, soit 51 % des suffrages. Son concurrent Nicolas Mayer-Rossignol, maire de Rouen, prônait une ligne plus indépendante de La France insoumise, ne souhaitant en aucun cas d’accords électoraux. Des propos qui souvent s'apparentent à une posture : la gauche a démontré à maintes reprises sa volonté de tout surmonter, le temps d'une élection, pour s’unir dans les urnes.

Mélenchon traité de « salopard antisémite »

Le congrès socialiste a été le théâtre de violentes attaques socialistes à l’encontre de La France insoumise et de son dirigeant. « Quand je dis à Jean-Luc Mélenchon qu’il n’est pas possible et souhaitable de défendre la revendication de la Palestine "de la mer à la rivière", a lancé à la tribune Jérôme Guedj, le député PS de l’Essonne, je défends la position historique des socialistes, […] qui est celle de la solution à deux États, de la sécurité d’Israël et de la reconnaissance de l’État palestinien. Et à ce moment-là, je deviens le sioniste génocidaire pour Jean-Luc Mélenchon et les siens. » L’homme n’oublie pas comment, par deux fois ces derniers mois, il fut l’objet d’insultes antisémites lors de rassemblements de gauche qu’il fut contraint de quitter. « J’ai une meurtrissure terrible à dire devant ce congrès que, pour la première fois de ma vie, j’ai dû dire de l’homme que j’ai aimé profondément qu’il est devenu un salopard antisémite, avec des propos qui sont pour nous absolument insupportables. » Consummatum est.

 

 

Les camarades socialistes de l’Essonne ne sont plus les copains d’avant. Jean-Luc Mélenchon avait eu, il y a quelques semaines, cette parole aimable vis-à-vis de Jérôme Guedj, un « lâche de cette variété humaine que l’on connaît tous, les délateurs ». Auparavant, Nicolas Mayer-Rossignol avait continué à affirmer sa ligne. Il a invité la gauche à ne pas perdre « son âme », préférant la défaite au déshonneur de la victoire avec une alliance de la honte, ne souhaitant définitivement « plus, sous aucun prétexte que ce soit, ni au plan national, ni au plan local, ni en cas de dissolution, d’alliance avec La France insoumise ».

Après les insultes, l'accolade

La France insoumise s’est trouvé un porte-parole de choix en la personne du député des Bouches-du-Rhône, Sébastien Delogu, qui a affirmé, sur X, en réponse à Jérôme Guedj : « Je me languis de le croiser à l’Assemblée… », rejouant La Guerre des boutons« Le PS s'excuse ou assume ? », s’est interrogé Jean-Luc Mélenchon, jubilant d’être la boussole de la gauche.

À la tête du Parti socialiste, Olivier Faure semble relativement peu embarrassé. Comme à son habitude, il a déroulé un discours mièvre, sans présenter formellement d’excuse, mais sans pour autant fâcher quiconque en appelant de ses vœux « un grand Parti socialiste parl[ant] à toute la gauche, à tous ses électeurs, sans opérer de tri ». « Comment peut-on aujourd'hui, à ce point, avoir un débat qui oppose la gauche à la gauche en permanence, alors que vous avez l'extrême droite aux portes du pouvoir ? », questionne-t-il. L’ancien ministre de l’Intérieur socialiste, Bernard Cazeneuve, pense quant à lui pouvoir ressusciter le Parti socialiste des grandes heures de la rue Solférino : « Le PS ne doit pas chercher la radicalité mais la crédibilité, veut-il croire, sur France Inter, « rompez avec La France insoumise, rassemblez les sociaux-démocrates de l'intérieur et de l'extérieur et faites du PS une grande force de transformation et de gouvernement. »

Le Parti socialiste ne sait plus trop où il va, ni comment il doit y aller. Mais il sait que, seul, il ne pèse rien. La ligne Faure est faite de calculs, qu’aucune insulte ne viendra contrarier. Car comme l’indique Libération, quand il s’agit de lutter contre le fascisme lepéniste, rien n’« empêch[e] les gauches soi-disant "irréconciliables" de parvenir à s’entendre ». Les plaies ouvertes par les fascinantes insultes qui règnent à gauche se refermeront aussi vite qu’elles auront été profondes. Élections obligent.

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Yves-Marie Sévillia
Journaliste chez Boulevard Voltaire

Vos commentaires

40 commentaires

  1. Le Parti socialiste ne sait plus trop où il va, ni comment il doit y aller
    #
    C’est donc vrai? Christophe Colomb était le premier socialiste! Il manque juste « avec l’argent des autres »…

  2. Se compromettre avec LFI pour être élu, cela comporte des risques. Atteinte à leur honneur, à leur probité, à leur crédibilité!
    Les PS Guedj et les Gluxmann le savaient lorsqu’ils faisaient ami-ami avec Hassan et Mélenchon.
    Traitres et menteurs, ils se sont acoquinés avec les pires et ils font mine de le découvrir un an après.
    L’opportunisme a toujours été la colonne vertébrale des socialistes.
    « Union sacrée » en1914, une fois Jaurès assassiné, pleins pouvoirs à Pétain en 40, le G-Mollet qui va réclamer à De Gaulle de faire le sale boulot à sa place en 1958, la mitterrandie et pour finir la hollando-macronie. Pour continuer à profiter du système du copinage, ils ont trahi et ils se trouvent en face de hooligans LFI qui veulent en découdre à coups de poings.
    Qu’ils se débrouillent, c’est leur affaire.

    • Se compromettre avec LFI pour être élu, cela comporte des risques. Atteinte à leur honneur, à leur probité, à leur crédibilité!
      ###
      honneur, probité, crédibilité! Vous êtes sûr qu’on parle de la gauche, là ?

Commentaires fermés.

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