Il y a trois ans, Philippe Monguillot était tabassé à mort à Bayonne

Philippe et Veronique Monguillot

Trois ans. Cela fait maintenant trois ans que Philippe Monguillot, chauffeur de bus à Bayonne, a été arraché à ses proches de la manière la plus tragique qui soit. C’était le 5 juillet 2020. Philippe Monguillot, alors âgé de 58 ans, accepte de remplacer l’un de ses collègues et d’assurer son service pour la journée. Dernier trajet, il est 19 h, le chauffeur décide de marquer un arrêt pour contrôler le billet d’un passager et rappeler à trois autres individus que le port du masque, en cette période de Covid-19, est obligatoire. Censées être banales, ces simples formalités lui seront fatales.

En effet, à peine a-t-il prononcé quelques mots que le ton monte, les insultes fusent, une altercation éclate. Philippe Monguillot se retrouve dehors avec les quatre hommes : ces derniers le frappent avec une grande violence, notamment en haut du corps et sur la tête, puis s’enfuient en le laissant inanimé sur le sol. Transportée à l’hôpital, la victime est déclarée en état de mort cérébrale. Cinq jours plus tard, famille et médecins s’accordent pour arrêter les soins. Le 10 juillet, Véronique Monguillot annonce le décès de son mari via un message posté sur les réseaux sociaux : « Mon époux s'est éteint à 17 h 30, RIP mon amour. »

Le décès du chauffeur de bus provoque une vague d’émotion à travers la France, et même au-delà des frontières. Des cagnottes fleurissent sur Internet pour soutenir la famille éprouvée. L’une est lancée par sa fille Mélanie : clôturée à ce jour, elle avait recueilli plus de 30.000 euros. Ses collègues en lancent une autre, suivis par les chauffeurs de bus d’une autre ligne de l’agglomération paloise. Outre-Manche, un jeune chauffeur de bus londonien s’associe également au mouvement : l’affaire l’a touché, il connait les aléas de ce métier devenu si dangereux, ces dernières années. « Je n’ai pas personnellement connu monsieur Monguillot, mais je suis également chauffeur de bus. Chaque jour, quelque 200 chauffeurs londoniens subissent une forme d’abus de la part des passagers », confie-t-il à la presse, avant d’avouer s’être lui-même fait agresser.

Car si la tragique histoire de Philippe Monguillot a particulièrement ému, du fait de son épilogue dramatique, elle n’est que la face émergée d’un tourbillon de violences qui vont s’accentuant au fil des ans. Il y a à peine un mois, un chauffeur de bus était ainsi poignardé, dans l’Essonne, par un Libyen de 27 ans sous OQTF. En avril 2023, un chauffeur de bus recevait un torrent de coups de poing de la part d’au moins deux individus à Salon-de-Provence. Au mois de décembre précédent, un chauffeur de 26 ans recevait le même traitement à Limoges, alors qu’il était au volant.

Les exemples sont multiples, et il est inutile de tous les recenser ici : présentées comme de simples faits divers, ces agressions font souvent l’objet de quelques lignes seulement dans la presse avant d’être tout simplement oubliées à mesure que le temps passe. Pourtant, cela fait bien trois ans que Véronique Monguillot et ses trois filles ont vu leur vie basculer, leur avenir chamboulé, leur bonheur volé par une poignée de délinquants toujours en attente de procès. Comme dans tant d’autres métiers, il ne fait plus bon, aujourd’hui, être chauffeur de bus, car cela demande de faire respecter un certain ordre dont beaucoup de jeunes ne veulent plus. Mort à son poste pour avoir voulu faire appliquer la loi, Philippe Monguillot mérite que sa mémoire ne s’éteigne jamais. Qu’il repose en paix.

Marie-Camille Le Conte
Marie-Camille Le Conte
Journaliste à BV

Vos commentaires

7 commentaires

  1. Ah, là, pas d’indignation, pas de marche pacifique ( oui, nous, nous ne vandalisons pas), pas de minute de silence, pas de déclaration.

    Merci de le rappeler

  2. Accuser la police d’abus de pouvoir est une chose mais comment ces gauchos , nos élus et autres érudits expliquent ils ces faits de violence pour un contrôle de titre de transport , le port du masque , des attaques comme encore récemment cette jeune femme , quelles excuses peuvent ils trouver à ces assassins , comment Sandrine va justifier ces crimes , la pauvreté peut être . Une cagnotte pour payer un avocat qui doit porter plaint au nom de tous les français pour non assistance à personnes en danger : arrêter ces élus qui manquent à leurs devoirs envers la population .

  3. Et n’oublions jamais Mathieu Kassovitz crachant à la figure de cette pauvre femme que la mort atroce de son mari et du père de ses enfants n’était qu’un fait divers et qu’il y en aurait d’autres.

    • J’ai pensé à ça quand j’ai lu que Mathieu Kassovitz était très ému par la mort de Nahel. Ce n’est pas un fait divers comme un autre cette fois ?

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