Idéologie culturelle : à Paris, le palais de Tokyo devient-il le palais de la propagande ? 

© Wikipedia Coldcreation https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/
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Elle s’appelle Sandra Hegedüs Mulliez et c’est une figure qui compte dans le monde de l’art. Grande collectionneuse et mécène, cette femme de goût contribue depuis quinze ans, sur ses fonds propres, au financement du palais de Tokyo, le temple de l’art contemporain à Paris.

Membre du conseil d’administration des Amis du palais de Tokyo, elle en démissionne aujourd’hui avec fracas en raison de la dérive idéologique qui sert désormais de ligne directrice à l’institution. « Les choses ont changé, écrit-elle sur Instagram, et je ne veux plus être associée à la nouvelle orientation très politique du palais de Tokyo. » Les nouvelles « causes » se nomment wokisme, anticapitalisme, pro-Palestine, etc.

« Certains choix récents me semblent même moralement problématiques, explique-t-elle. Ils ne sont pas neutres et combattent mes idéaux, mon idée du respect, de la liberté et la diversité de pensée qui doit être le cœur d’une grande institution publique. » Et de nommer la goutte d’eau qui a fait déborder le vase de sa patience : « La dernière exposition sur la Palestine qui proposait, sans mise en perspective, des points de vue biaisés et mensongers sur l’histoire de ce conflit, donnant la parole, sans contradiction, à des propos violents, racistes, antisémites. » Une expo proposait même des « brochures aux propos ouvertement propagandistes », confie-t-elle à Transfuge.

Dérive générale au sein du milieu culturel

Elle poursuit : « Mais cela va bien au-delà de mon cas personnel, et même du conflit Israël-Hamas, je souhaite pointer une dérive générale au sein du milieu culturel, celle du wokisme, de l’islamo-gauchisme. » De fait, des voix commencent à s’élever pour déplorer non seulement « le filtre réducteur et idéologique du palais de Tokyo », mais une injonction générale à promouvoir ce qu’on nomme pudiquement « les évolutions de la société ».

Ainsi Fabrice Bousteau, dans son édito de Beaux-Arts Magazine (N°479 mai 2024), demande : en réponse aux pressions de toute part, « faudrait-il instaurer [dans les expositions] des quotas d’artistes en fonction de leur origine géographique, voire sociale, ou de leur genre ? » Il y est « profondément opposé », et il le dit : « Les artistes, écrivains, réalisateurs doivent être jugés au regard de leur créativité et de la qualité de leurs œuvres et non en fonction de la place qu’ils accordent aux femmes, hommes, noirs, blancs, hétérosexuels, LGBTQIA+, africains, européens, etc. »

C’est pourtant la ligne qu’a choisie le palais de Tokyo : sa programmation apparaît comme ouvertement militante. L’exposition « Signal », qui s’y tient actuellement, est ainsi consacrée au travail de Mohamed Bourouissa, qui « dresse des récits collectifs puisés aux racines de l’amertume (seum, en arabe) », nous dit-on. De l’Algérie où il est né à Gennevilliers où il vit, on y approfondit « l’analyse de l’aliénation mentale au cœur des dominations coloniales » via un détour par Philadelphie « et sa communauté de cow-boys noirs jusqu’au ciel de Gaza ».

Et si l’on s’intéressait un peu aux artistes nationaux ?

Mohamed Bourouissa a convié des amis qui se nomment Neïla Czermak Ichti, Collectif Hawaf, LILA, Abdelmajid Mehdi, Ibrahim Meïté Sikely, Christelle Oyiri. Et pour faire bonne mesure, l’exposition collective qui se tient à côté, « Dislocations », rassemble quinze artistes, venus d’Afghanistan, France, Irak, Iran, Liban, Libye, Myanmar, Palestine, Syrie, Ukraine. Tous artistes « dont le travail est marqué ou informé par l’expérience de l’exil, du déchirement entre ici et ailleurs, entre passé et présent ».

Pourquoi pas, mais pourquoi seulement cela ? Pourquoi toujours « l’Autre » et sa souffrance ? Au point que Fabrice Bousteau pose LA question : « Faut-il à présent, comme le suggèrent plusieurs études, que tous les établissements culturels français […] accordent davantage de place aux artistes nationaux ? » Sans quotas, mais parce qu’ils existent, eux aussi, et parce qu’ils le valent bien !

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

13 commentaires

  1. La culture de l’autre vaut mieux que celle d’ici ! Cela en devient envahissant ! Et lorsque celle ci est chapeautée par les frères musulmans ce n’est plus de l’art mais de la politique picturale qui participe d’une propagande . Un peu comme ces icones et statues de l’URSS , ces figures tutélaires et ce culte de la personnalité à la gloire d’un socialisme qui n’admettait aucune contradiction.

  2. Si le microcosme culturel en Ile de France se révèle en pointe dans ces dérives, la ruralité observe du haut de sa sagesse. De là à emprunter les mêmes canaux, il faudra patienter quelques dizaines d’années. Et comme le temps efface beaucoup de misères, cette ruralité gardera certainement toute sa lucidité apaisée. Laissons les s’agiter. Fatigués à piocher dans le vide pour alimenter du vide, ils cesseront. Mais il leur faut du temps pour comprendre …

  3. Toutes les institutions de ce pays sont métastasées par ce cancer gauchiste ou wokisme il faudra un sacré talent et énormément de volonté politique a un nouveau gouvernement pour éradiquer la maladie avant que notre pays ne succombe.

  4. Je comprends la réaction, la décision de cette mécène . En effet, apparemment ce palais devient un lieu de propagande
    Je possède un tableau d’un yezidi Kheder, réfugié en France, qui représente « le cri » (je l’ai intitulé ainsi car il me fait penser au « cri » du peintre É. Munich) tableau sombre noir et blanc, juste un visage d’homme dépouillé de sa peau devant un mur, symbole de la souffrance universelle , pas de propagande dans ce tableau

  5. Cette dame vient juste de découvrir que tout est gangréné dans ce pays par des minorités qui ont le soutient de nos élus . Un peu de patience ces musées fermeront bientôt leurs portes par manque de fréquentations . Le pire c’est qu’ils bénéficient tous de subventions cet argent volé aux contribuables sans son accord .

  6. Pas sur que les sponsors privé qui assurent une partie du financement du palais de Tokyo reste au vue de ce que veux faire ce directeur , critique d’art de sont état .
    Mêlé politique et Art n’a jamais fait bon ménage.

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