« Trop gras, trop sucré, trop salé » : en caractères gras, SVP

Contre la famine en Afrique, une ancienne campagne de sensibilisation de la FAO se terminait par ces mots : "Et vous, que faites-vous contre la faim ?" Eh bien, je mange, pardi ! Mais, je le reconnais, avant, je me nourrissais "trop gras, trop sucré, trop salé". Maintenant j'écoute la dame de la télé : "Pour votre santé, mangez au moins cinq fruits et légumes par jour." J'essaye, j'essaye… mais, personnellement, au bout de la deuxième pastèque, j'ai un peu tendance à caler ! Par chance, avec un coup de rouge, ça descend mieux. Tout en consommant "avec modération" : pas plus de cinq litres par jour… Quant à "pratiquer une activité physique régulière", j'ai tout bon : je me brosse les dents deux fois par jour !

Mais figurez-vous que tout le monde n'est pas aussi observant que moi pour les conseils de santé. Certains interprètent mal, ou suivent trop peu, les injonctions de la télévision. C'est ce qu'au bout de cinq ans de travail dix experts de spécialités variées viennent de conclure dans un rapport de 400 pages (soit 0,02 page par jour et par personne) sur les comportements nutritionnels. Selon eux, l'effet de ces messages sanitaires s'est atténué avec le temps et le nombre d'obèses croît dangereusement. Conclusion : les techniques de conformation alimentaire doivent de toute urgence être revues. Et ils ont plein d'idées. Ringards, les petits bandeaux en bas du moniteur ; il faudrait faire place à des avis plein écran (au moins 7 % de la surface de la publicité) avec couleurs de fond contrastées et emplacements variables pour éviter "l'habituation". Eh oui, votre nez est dans votre champ de vision, mais vous ne le voyez plus. C'est ça, l'habituation. Mais passez-le au mercurochrome et vous ne verrez plus que lui ! Il est clair que si un placard "À consommer avec modération" flashait au milieu de votre film porno préféré, l'effet serait certain !

Autre recommandation des grands experts : interdire la promotion des produits "malsains" par des personnalités médiatiques (sportifs, chanteurs, etc.). Pauvre Jo-Wilfried Tsonga, sa bonne bouille ne pourra plus se faire piquer le dernier Machin Bueno par une blonde canon ! Obligé de se contenter du Rexona… Les spécialistes recommandent aussi de restreindre les actions de marketing auxquelles sont exposés les enfants, par exemple en interdisant les publicités télévisées pour certains produits alimentaires aux heures où les enfants sont devant la télévision.

C'est vrai, les enfants sont particulièrement sensibles à la publicité et ont tendance à conserver leurs habitudes alimentaires jusqu’à l’âge adulte. Se pourrait-il que l'on ait fait la découverte révolutionnaire que les bons comportements alimentaires s'apprennent d'abord autour de la table familiale ?

Richard Hanlet
Richard Hanlet
Médecin en retraite, expert honoraire près la Cour d'appel de Versailles

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