Coup d’État à Washington : Trump tente de sauver sa peau
Après la première séance publique du House Intelligence Committee sur les ingérences de la Russie (tenue le 20 mars en présence des directeurs du FBI et de la NSA), le commentateur ultraconservateur Rush Limbaugh, pessimiste, avait résumé le message du deep state à Trump : "Laisse les républicains de Washington diriger… sinon, c’est l’impeachment !" Il est vrai que les efficaces arguments du camp Pelosi avaient un goût de réquisitoire en déchéance, tandis que les républicains, divisés, soutenaient Trump comme la corde soutient le pendu.
Il était clair, depuis deux mois, que le sénateur McCain, président-en-réserve-de-la-république-et-candidat-des-médias, avait kidnappé la politique étrangère américaine, se déplaçant en Ukraine, dans les pays baltes, au Proche-Orient, l’équipe de Trump (Rex Tillerson inclus) étant réduite à faire de la figuration.
Or, en cette semaine d’importance (visite du général al-Sisi, puis celle du roi Abdallah de Jordanie, et surtout celle du président chinois Xi Jinping), Trump embrasse avidement la thèse du bombardement-chimique-du-tyran-Assad et indique un changement de sentiment à son égard, cependant que son ambassadrice aux Nations unies admoneste la Russie, puis il exclut du National Security Council son fidèle allié Steve Bannon, pourtant idéologue du trumpisme (son plan : « refonte de la Sécurité, relance du nationalisme économique, déconstruction de l’état administratif »). Et l’on apprend, le 6 avril, du Speaker Paul Ryan, que le président du House Intelligence Committee, Devin Nunes, se récuse à son tour dans l’enquête sur les ingérences de la Russie. (Nunes a récemment levé le lièvre « Obamagate » sur les surveillances orchestrées sur Trump et son équipe. Serait-il un agent russe ?)
Victoire des sénateurs McCain et Graham, qui décernent maintenant une série de « bons points » à Trump sur les grandes chaînes… lui offrant son carnet de route : il faut maintenant geler une partie du territoire aérien syrien, bombarder les bases aériennes, et les Russes devront suivre, sinon tant pis pour eux…
Il est intéressant de noter que les Saoudiens sont passés il y a peu par Washington et qu’ils n’ont pas tari d’éloges sur Donald Trump, se livrant à une comparaison flatteuse pour lui avec Obama, insistant sur le sens des affaires de Trump et sa capacité à relancer la croissance. Le 24 mars, sur Fox News, le ministre des Affaires étrangères, Adel ben Ahmed al-Joubeir, disait de Trump : "C’est un être humain exceptionnel, il a une vision, il comprend le rôle du leadership américain dans le monde." Puis, parlant de l’Iran et de la Corée du Nord : "Quand on [Obama, ndlr] laisse un vide, il se comble."
La tactique du « parti unique » est simple : Nunes disparaissant de l’enquête sur la Russie de la Chambre, la commission du Sénat entamant ses travaux sur le même dossier, la seule chance de Trump d’éviter l’impeachment est de faire ce que les néocons lui diront de faire. S’il est bien sage, ils pousseront le bouton « Obamagate » et lui conserveront le pouvoir, et son gendre et prochaine victime, Jared Kushner, pourra rester… à une condition : annuler le plan de « nationalisme économique ». Charles Gasparino, journaliste économique de Fox News, précisait le 5 avril : "En matière de libre-échange, il semble que le président soit ramené au centre par son conseiller économique Gary Cohn, lui-même intime de Kushner." Washington vaut bien une messe…
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