« Grand Remplacement » ? Même Valérie Pécresse en parle !

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Il y a des expressions qui font polémique ; le « Grand Remplacement », forgerie sémantique de l’écrivain Renaud Camus, en fait partie. Ceux qui n’ont pas lu l’essai éponyme évoquent immédiatement une théorie n’étant pas loin d’être celle du « complot », oubliant que le principal intéressé rappelle juste qu’il ne s’agit que d’une « observation » relative à un monde en voie de mutation ; bref, un banal constat.

Pourtant, lors de son meeting parisien, tenu ce dimanche 13 février, Valérie Pécresse a jugé malin de reprendre à son compte ce slogan, évoquant en même temps « Grand Remplacement » et « grand déclassement », allant jusqu’à parler de « Français de papiers », termes « dont l’extrême droite use », avertit Le Huffington Post, filiale française d’un site américain. Du coup, la galaxie humaniste s’émeut, de Dominique Sopo, président de SOS Racisme, à Anne Hidalgo, candidate socialiste promise au triomphe présidentiel qu’on sait.

Tel qu’on pouvait s’en douter, Valérie Pécresse se retrouve non seulement attaquée à gauche, mais aussi par son propre camp : « On aurait dit un élève de sixième jouant Le Cid », glisse un élu LR interrogé par BFM TV. Quant au Rassemblement national, Louis Aliot, maire de Perpignan et l’un des porte-parole de Marine Le Pen, affirme, sur CNews : « Valérie Pécresse essaye de se raccrocher comme elle peut à un certain nombre de thématiques pour tenter d’éviter l’hémorragie dans son propre parti. » Pourtant, sur RTL, la candidate LR se livre, dès le lendemain, à un assez joli exercice de rétropédalage. Ou de l’art de froisser à la fois ailes droite et gauche de son mouvement. Et de faire se gondoler les autres, fût-ce à son corps défendant…

Plus sérieusement, Français nous ne serions pas si nous n’étions insurpassables dans l’art du bon emploi des mots et leur usage adéquat. Pour commencer, il est ainsi coutume de demander aux candidats à l’élection présidentielle s’ils « croient » ou non à ce fameux « Grand Remplacement », tout comme il leur est tout aussi souvent intimé de se prononcer sur leur « croyance » éventuelle quant au grand « réchauffement climatique ». Mais il ne s’agit pas là de « croyance ». On croit en Dieu ou pas ; mais les phénomènes climatiques ou migratoires, on les observe seulement. Première nuance de taille.

Interrogé en ces colonnes sur le sujet, le 28 février 2018, Alain de Benoist répondait : « Remplacer une population, cela signifie qu’on l’enlève pour la faire disparaître et qu’on la remplace par une autre (c’est précisément ce qui est arrivé aux Acadiens, déportés notamment vers la Louisiane, entre 1755 et 1763). » Il s’agissait donc là d’une décision politique, sciemment prise par les autorités américaines d’alors. En revanche, poursuit notre philosophe, « aujourd’hui, en France, ce n’est vrai que dans des endroits bien circonscrits, par exemple lorsqu’une banlieue se vide entièrement de sa population d’origine européenne pour être remplacée par une population d’origine étrangère. Mais dans ce cas, cette population ne disparaît pas, elle s’éloigne pour aller vivre ailleurs. » Il serait donc plus opportun d’évoquer une sorte de « grand déplacement ». Il ne s’agit certes que d’une simple nuance langagière, mais cette dernière est également de taille.

En revanche, si « Grand Remplacement » il y a, c’est aussi dans les cervelles qu’il faut aller le chercher : quand un islam de marché remplace un catholicisme culturel, quand nos fast-food américains répondent à cette même injonction de consumérisme bigot, avec le Quick halal, par exemple. Soit l’islamisation de l’américanisation de notre société, en quelque sorte. Laquelle société a déjà de longue date remplacé son imaginaire civilisationnel en troquant Molière et Louis de Funès contre les séries à la sauce multiculturelle Netflix.

Marine Le Pen n’a peut-être pas tort quand, au contraire d’Éric Zemmour, elle s’abstient de reprendre à son compte ce même concept de « Grand Remplacement. Comme quoi les chats peuvent être parfois meilleurs conseillers que les livres.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

41 commentaires

  1. Pourquoi opposer E Zemmour et M Le Pen ? Marine Le Pen n’a, en effet, pas tort de s’abstenir de reprendre le concept de « Grand Remplacement ». On ne redira jamais assez, surtout sur Bd Voltaire, que les français de religion musulmane ne sont EN RIEN responsables de la déchristianisation de la France! La nature a simplement horreur du vide et le Maître de l’Histoire doit se gausser de ces français qui pleurent leur culture (d’origine chrétienne) déliquescente mais vont si peu à la messe …

  2. suite… Nous avons non seulement des millions d’étrangers installés en France mais également au moins 2500 Mosquées déclarées, ce qui signifie qu’il y a en a qui ne le sont pas, anormal ça ! Et tous ces étrangers qui figurent dans les pub. qui n’ont rien de gaulois, c’est pas du grand remplacement ça ? Il faut cesser de garder la tête dans le sable pour voir que le « grand remplacement » est flagrant à tous les niveaux. Faites un tour également dans les maternités et vous en serez convaincus.

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