Gestion de la crise sanitaire : et deux comités ! Deux !

commission

Ca y est ! Nous sommes sauvés. Alléluia ! Grâce soit rendue à Jupiter et son Olympe. Mais, bon sang ! comment n’y avons-nous pas pensé plus tôt ? On se noie dans des questions niaises, idiotes à force d’être futiles. Et la solution était là, tout près, à porter de la main.

Dépister la maladie par des tests généralisés, mais c’est inutile, mon cher, puisqu’il suffit de tester les malades. Et puis, les tests, faut les analyser et ça encombre les laboratoires. En pleine pandémie, vous n’imaginez pas une seconde l’importance que revêt la disponibilité des labos.

La chloroquine ? Mais, mon cher, vous n’y pensez pas ! D’abord, ils viennent de la déclarer vénéneuse ! Si, si, c’est un décret qui vient de paraître. Avez-vous déjà essayé de manger des champignons vénéneux ? Comme disait Coluche, on peut, mais une seule fois ! Ensuite, on n’a pas les bonnes signatures sur les bons CERFA, pour utiliser cette substance – beurk ! – sur de vrais malades. Alors, vous vous doutez bien que l’on répugne à prendre des risques ! Oui, mais sans traitement, on prend des risques pires encore ! Ah ! Ah ! Je soupçonne l’indécrottable sophiste dans cette réflexion primaire ! Sachez, Monsieur, que, dans notre pays, on a le droit de mourir, mais en règle avec la loi, pas autrement.

Les masques ? Mais voyons, réfléchissez : c’est ridicule de faire porter des masques aux gens pas malades. Ah bon ! Je croyais que les masques, c’était comme les ascenseurs : un coup pour monter, un coup pour descendre ; là, un coup pour se protéger si on n’est pas atteint, et un coup pour ne pas contaminer si on l’est. C’est bien ce que je pensais, raisonnement borné ; le masque, ça ne sert que dans un sens, du malade vers les autres ; dans le sens contraire, ça ne sert à rien. Oui, mais, mercredi dernier, le président de la République est allé à Mulhouse. Il s’est baladé dehors. Il portait un masque. J’en déduis qu’il est atteint. Vous confirmez ? Euh… Et si vous contactiez les services de l’Élysée ?

Oh ! Et puis, ça suffit. Puisque l’on vous dit que l’on prend les mesures, les bonnes. Tenez, deux semaines après avoir créé un Conseil scientifique d’experts pour éclairer ses décisions, le Président vient d’en constituer un deuxième auquel il a donné un nom anglo-ronflant : le CARE, pour Comité Analyse, Recherche, Expertise. Or, le premier a foiré ! Il y a eu cette histoire calamiteuse d’autoriser, sous son autorité, le premier tour des municipales ; et voilà maintenant que le Pr Raoult, plus connu sous le nom de « Chloroquine Man », en claque la porte. Les experts n’expertaient pas suffisamment. Alors, on constitue un nouveau comité en espérant que, cette fois, sous la houlette d’un prix Nobel, le truc va marcher. Pour le patron du premier comité, c’est le goudron et les plumes ! Pourtant, le gars reste en poste : le CARE ne se substitue pas, il s’ajoute.

Je ne suis pas rassuré ! Clemenceau, qui était, lui, un homme d’État, a dit : « Quand on veut enterrer une décision, on crée une commission. » À ce train-là, il n’y a pas que les décisions qui vont être enterrées !

Yannik Chauvin
Yannik Chauvin
Docteur en droit, écrivain, compositeur

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois