Gérald Darmanin à la tête d’un ministère élargi : la France à l’heure italienne ?

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Le remaniement ministériel a permis de mettre quelques nouvelles têtes sur la photo de famille. D'autres ont quitté le navire, bien sûr. C'est toujours un peu triste, mais on ne pouvait décemment pas garder un ministre comme Damien Abad. Malgré la présomption d'innocence, un homme de droite, fût-il handicapé, pèsera toujours moins lourd aux yeux du pouvoir qu'un président insoumis de la commission des finances. C'est ainsi. Il y a ceux qui reviennent, aussi, comme l'inégalable Marlène Schiappa.

Et puis, quand même, histoire de ne pas perdre les bonnes habitudes, il y a les indéboulonnables. En ces temps de deuxième démarque, ceux-là sont les produits sans pastille rouge. Les indémodables. Ceux qu'on ne brade pas. On retrouvera donc Bruno Le Maire à l'Économie, Éric Dupond-Moretti à la Justice... et Gérald Darmanin à l'Intérieur. C'est un peu comme ces séries d'autrefois, dans lesquelles il y avait de fines équipes : Agence tous risques, Amicalement vôtre, Chapeau melon et bottes de cuir, Les Mystères de l'Ouest... Voilà que l'équipe d'experts se reforme en un clin d'œil, prête à repartir en mission.

Clou du spectacle, attention les yeux : Gérald Darmanin, le membre le plus éminent de cette ligue des gentlemen extraordinaires, sera désormais à la tête d'un ministère de l'Intérieur renforcé, qui inclut également le périmètre des Outre-mer. Bon. Ce n'est pas stupide. Les Outre-mer, c'est le territoire national. On peut même rappeler que les Antilles étaient françaises avant la Savoie et le comté de Nice. Il n'est que temps d'accorder à nos compatriotes ultramarins toute la considération à laquelle ils ont droit. Le problème n'est pas là.

Non, le problème, c'est que la France commence à se mettre à l'heure italienne. On n'est plus au temps de la IIIe République, de ses affaires Stavisky et de ses scandales de Panama. Dans ce temps-là, toute la classe politique était pourrie, mais on démissionnait. On avait sa fierté. On en est plutôt, désormais, au parlementarisme romain, centriste, immobile, avec un État régalien à la dérive, des lois votées pour mémoire et une paisible anarchie dont tout le monde s'accommode. Je ne sais pas si vous avez vu Il Divo (2008), de Paolo Sorrentino, le réalisateur de l'exceptionnel La grande bellezza (2013). Il s'agit d'un biopic quelque peu déjanté de Giulio Andreotti, indéboulonnable président du Conseil, collectionneur de ministères régaliens, personnage central de la vie politique italienne du XXe siècle. Jamais mis en cause, toujours pris en flagrant délit de mensonge, il a traversé les gouvernements avec souplesse et aplomb.

Ainsi de Gérald Darmanin qui, alors qu'il vient de reconnaître qu'il avait menti dans l'affaire du Stade de France, a été non seulement maintenu dans les mêmes fonctions, mais même promu. Pendant ce temps, Macron, dans le rôle d'un Berlusconi français, tout aussi hâbleur, tout aussi dissimulateur, tout aussi indifférent au bruit des affaires du parquet financier, continue à faire des selfies en bras de chemise.

Il y a pour les touristes, dans les rues de Rome, quelque chose comme une nostalgie souriante, le sentiment que le ressac de la grandeur n'a laissé que des ruines sublimes, et puis plus rien, et que tout cela n'est pas bien grave. Dans Paris, devenu un mélange de musée et de décharge, on n'en est plus très loin. Seuls la saleté et le désordre donnent encore une vie grouillante à la capitale d'un pays qui fut la France. Déficit, culture, tourisme, abandon général, classe politique affairiste, scandales dans l'indifférence générale : nous voici devenus italiens. Notre classe politique a simplement pris de l'avance.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

30 commentaires

  1. Darmanin me fait horreur il a été le pire des ministres de l’intérieur c’est un incapable un menteur .

  2. Macron a bien raison de renforcer Darmanin, car un régime aux abois a grand besoin d’un Etat de plus en plus policier et les émeutes de la misère ne sont pas loin ! La démocratie s’éloigne à grand pas et c’est Véran qui est garant du renouveau démocratique. Tout un aveu !

  3. Peu importe le ministre, sous Macron il n’est là que pour faire appliquer les décision du président, la preuve la difficulté à former un nouveau gouvernement vu le peu de candidats intéressants intéressés.

  4. Clemenceau disait « la politique, c’est comme l’andouillette. Il faut que ça pue, mais pas trop »…Depuis, l’andouillette s’est faisandée, l’odeur nauséabonde a envahi tous les rouages du pouvoir !!!!

  5. 42 ministères et des ministères élargis ? Est-ce bien de la France dont on parle ? On peut se poser la question car lorsqu’on constate comme tout fonctionne bien en France, l’état désastreux des services publics, la probité dans l’utilisation de l’argent du con-tribuable le plus spolié du monde, on ne peut qu’en déduire qu’il y a un gros dysfonctionnement : que font tous ces « gens au service de l’Etat » et où passe donc tout ce pognon de dingue ?

  6. Darmanin, Shiapa, reconduits on croit rêver. Le mensonge et l’incompétence portés au plus haut niveau. Les fonds de tiroir sont-ils vides ?
    Et que dire de notre brillant économiste Lemaire, créateur optimiste de 600 milliards de dettes. Grâce à lui, l’inflation, la perte du pouvoir d’achat de l’euro, la stagflation et pour finir la banqueroute, ne seront que rêveries de gens qui ne comprennent rien à l’économie. Au secours ! nous sommes sauvés !

  7. Turpitude et décrépitude sont les deux mammelles du macronisme de défaite . Masochistement espérons proche leur Bérézina qui sera aussi la nôtre .

  8. Quel bonheur!!!nous voilà donc en sécurité avec ce monsieur …il a tellement bien fait ses preuves que nous voilà rassurés .merci Jupiter pour ce mec musclé qui va rétablir l,ordre et la sécurité dans notre pauvre pays ..quel super remaniement .

  9. En Macronie plus tu fais des conneries, pardon des bourdes, plus tu es récompensé. La preuve par Gérald Darmanin.

  10. On a moqué, jadis, le Parlement qui votait des lois d’auto-amnistie.
    Aujourd’hui, ce n’est plus la peine. Avec un Garde des Sceaux maintenu dans ses fonctions en dépit de sa mise en examen, et un Ministre de l’Intérieur promu en dépit de ses mensonges éhontés devant une Commission d’enquête sénatoriale, tout va pour le mieux dans « Le meilleur des mondes ».

  11. Darmanin, je ne peux plus le voir ! Un menteur patenté et sans honneur. Voilà ce que nous avons comme ministre de l’intérieur. Menteur ,avec l’affaire du stade de France, où il reconnait enfin sa responsabilité et fait de timides excuses. Sans honneur , un type qui va à Alger se recueillir au monument à la gloire des martyrs du FLN. Son grand père était Harki, décoré par la France. A t il oublié le massacre à Oran en 1962 des centaines de civils Français, par le FLN ! Honte à lui

  12. Y a il des politiciens qui ne mentent pas? Notre ancienne porte parole, Sibeth Ndiaye, nous en avait rassuré, que c’était sans état d’âme. Pour un politicien le mensonge est élevé au stade de l’art, mais note ministre en question, il à même raté çà.

  13. Darmanin, c’est le bouclier dont Macron ne peut se passer.
    Encore un qui en connaît tellement sur les turpitudes de son maître, et de… qu’il est impossible de ne pas le REnommer, sous peine d’un énorme scandale.
    Cependant, cette REnomination ne va pas améliorer la réputation de la France auprès des anglais, voire des espagnols, si non du monde du foot.
    Mais, pendant ce temps là, la racaille, et les ennemis de l’intérieur peuvent dormir tranquilles.

  14. Donc, sous Macron-Borne, on vire un ministre poursuivi par une rumeur et on promeut un autre ministre, menteur avéré.
    Quelque chose cloche, non ?

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