Geoffroy de Lagasnerie dézingue la famille sur France Inter : très original…

Capture d’écran (1610)
Il y a, comme ça, de bons clients du service public. Ce sont des gens qui cochent toutes les cases, qu'on peut inviter les yeux fermés. Pas sur France Télévisions - pas encore -, car leur parcours pourrait être un peu clivant pour la ménagère, mais sur France Inter et France Culture, au moins. Rond de serviette chez Les Inrocks, félicitations de Télérama, émissions littéraires et avis politiques : ils sont à notre République ce qu'étaient les titulaires des ordres du roi sous l'Ancien Régime. Geoffroy de Lagasnerie est de ceux-là. Normalien, agrégé, docteur, expert en sciences sociales, ce chercheur et penseur est proche du Comité Adama, de l'Action antifasciste Paris-Banlieue et des luttes pour les migrants. Il connaît bien la French Theory (Deleuze, Derrida et surtout Foucault), qui est la matrice de toutes les « déconstructions » venues d'outre-Atlantique, un peu comme ces mots français arrivés en Angleterre puis retournés chez nous (comme « budget » ou « flirt »). Côté vie privée, il est issu d'une famille aisée et bourgeoise, mais aussi pacsé avec un autre chercheur, Didier Eribon, qui est, lui, fils de prolétaire et a l'âge de ses parents. Un sans-faute.

Geoffroy de Lagasnerie est un habitué de France Inter, c'est bien normal, on l'a compris. Il s'y était déjà exprimé sur le fait qu'il fallait censurer la parole des gens « de droite » en refusant, non seulement de débattre avec eux, mais aussi de leur laisser la parole. Cette fois, ce n'était pas la menace fasciste qui était l'objet de son propos. Quoique... Ce coup-ci, le philosophe et écrivain s'attaquait, le 6 mars, à la famille. Schéma codifié, construction sociale, la famille serait un vortex un peu tristoune qui tuerait la sociabilité : « Le simple fait de se mettre en couple divise par cinq le nombre de sorties, c'est un appauvrissement considérable du tissu relationnel, la vie se met à avoir un centre qui est le foyer. » La deuxième partie de la phrase est vraie : un foyer qui se crée est un nouveau centre, une nouvelle cellule du tissu social, pourrait-on dire - la première cellule de la société, selon les salauds de réactionnaires, d'ailleurs. Diviser par cinq le nombre de sorties : oui, peut-être. Et alors, serait-on tenté de dire ? En quoi cela appauvrit-il le « tissu relationnel » ? On ne sait pas. Rencontrer de nouvelles personnes serait-il impossible quand on est en couple ? À ce qu'il appelle, dans un ouvrage à paraître chez Flammarion, le « familialisme », Lagasnerie oppose l'amitié, un format plus intéressant selon lui, pour continuer à rencontrer de nouvelles personnes et à développer ses relations. Une démonstration à l'appui ? Probablement pas. Pas sur les ondes du service public, en tous les cas. On est prié de croire sur parole un penseur de cette trempe.
On passe sur la politique antifamiliale de tous les organes de presse, étatiques ou non. Reportages de France Culture sur ceux qui ont choisi de ne pas avoir d'enfants, interviews de jeunes filles qui ont choisi de se faire stériliser à 23 ans (une certaine Artoise, sur Konbini), pubs pour l'infidélité et promotion du « polyamour », lourdes moqueries stupides sur les familles traditionnelles (un adjectif en soi déjà suspect) : c'est bon, on a compris le truc. On passe également, quoiqu'un peu moins brièvement, sur le profil de Geoffroy de Lagasnerie, « d'où il parle », comme on dit dans son camp. Qu'un adolescent attardé, quadra juvénile en sweat à capuche, vivant en PACS à Paris avec un septuagénaire, considère que tout le monde devrait choisir « l'amitié » plutôt que le « familialisme » et, mieux encore, le dise sur le ton d'un professeur expliquant à des étudiants attardés que la vérité est de son côté : on finit par avoir, malheureusement, l'habitude de cette déconnexion totale. Les profs retraités qui l'écouteront depuis l'Ardèche ou la Lozère seront les seuls provinciaux à écouter son discours sans avoir envie de rire.
Non, ce qui est embêtant, pour Lagasnerie comme pour la pensée française en général, c'est qu'il est désespérément ringard. La French Theory, sensationnaliste, appuyée sur rien mais sur laquelle il prétend lui-même s'appuyer, est ringarde depuis longtemps, comme est devenue ringarde, avant elle, la « pensée » du pauvre Sartre, quand on a commencé à mieux connaître les traductions de Husserl et Heidegger, qu'il avait laborieusement parodiés - en beaucoup moins bien. Foucault était iconoclaste dans les années 70, incontournable dans les années 80, déjà un peu poussiéreux dans les années 2000, aujourd'hui daté et presque oublié. Derrida est ringard, avec ses jeux de mots pourris, désormais destinés uniquement à des khâgneux hors-sol, qui clignent de l'œil, comme le dernier homme de Nietzsche, en lisant ses Almanach Vermot pour cuistres. Deleuze est ringard, avec ses enthousiasmes gauchistes, ses concepts creux, sa prose alambiquée et ses solutions politiques verbeuses.
Critiquer les cellules dites « traditionnelles », à l'heure où le divorce est la norme, la natalité un problème, la fidélité une blague et les enfants une « charge mentale », ce n'est pas iconoclaste : c'est terriblement bourgeois, au contraire. La famille dite rétrograde (un père, une mère, un ou des enfants) est, au contraire, une exception, si rare désormais, dans la durée, qu'elle ne peut pas relever d'un conformisme social. Dans une société qui abrutit les enfants, détruit les couples, promeut la solitude et l'atomisation des relations, bâtir un foyer est un choix, que l'on peut trouver sublime ou idiot, mais que l'on ne peut pas regarder avec des lunettes des années 70.
Consolons-nous : tout ce babillage médiatique n'est que « poussière ou brume, inanité », comme le disait Deleuze, justement, du « pli du journal » par opposition au livre, « pli de l'événement ». De ces inanités, il ne restera rien (et des livres de Lagasnerie et ses amis, probablement pas davantage). Et le seul livre, « pli de l'événement », qui restera dans une société qui meurt de vieillesse, de tristesse et d'ennui, ce sera probablement le livret de famille, car la démographie est le destin. N'en déplaise à ces gens, adolescents maladifs à l'extérieur, boomers repus au fond d'eux-mêmes.
Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

34 commentaires

  1. Ce pauvre monsieur est plus à plaindre qu’à blâmer
    Ce n’est pas de sa faute si il a un problème céréale.
    La responsable c’est la pseudo journaliste qui l’a invité

  2. Ceci est à la fois inquiétant et rassurant car je me dis qu’il ne va pas se reproduire …

  3. Celui là alors il coche vraiment toutes les cases, mème le sweet à capuche pour faire bobo racaille. Décidément il ne nous épargne rien. Le malheur c’est qu’il déverse sa haine de la plèbe aux frais des contribuables.

    • L’agrégation ne lui confère aucune aristocratie. Mettre de pareils pour individus en vedette dans la nouvelle société c’est devenu courant. Certains médias nocifs nous distillent ces valeurs qui doivent remplacer celles des sociétés anciennes qui ne comprenaient pas autant d’anormaux.

  4. Comment peut on écouter de tel pauvre type. Je me demande jusqu’où tombera cette société complètement décadente. Si ses parents ne s’étaient pas mariés il ne serait pas là pour sortir de telles âneries.

  5. Vous êtes un dur avec les bouquins des zèbres de la déconstruction, ils ont bàtit leur « légende » à grand coup de saloperies méchantes contre leurs propres familles ou leur pays ça demande beaucoup de jus de crâne même pourri, d’autre part , leurs œuvres ? tout le monde a une vieille armoire à caler dans un appentis à « bordel » au fond du jardin.

  6. En un mot, un blaireau.
    En plusieurs, on peut évoquer les vols en escadrille… Il n’aurait pas fini de tourner…

  7. Il serait bon de ne pas faire de pub à ces gugus qui ne représentent qu’eux mêmes mais en angoissent beaucoup…

  8. Commentaire adapté trouvé ailleurs, mais illustrant aussi bien les dérivent d’un Palmade sans famille adepte du « Chemsex », que les thèses d’un petit marquis sur France Inter.

    « Une caste de petits Marquis dansant sur les parquets des palais républicains, comme leurs homologues des années précédant la Révolution, ou bien de Patriciens du bas Empire crevant de leurs orgies tandis que les barbares étaient aux portes.
    Pire que l’expression de l’impudence d’une classe dominante et sûre de son pouvoir, c’est aussi l’expression d’une profonde décadence, d’un pourrissement qui gagne le corps social de haut en bas.
    Eh oui, grâce à internet il n’y a plus de compartiment étanche entre les classes, castes, niveaux, et quand la pourriture atteint un organe, la septicémie généralisée est garantie : le « chemsex » se pratique aussi dans les HLM.

    Et toutes les conduites déviantes ont pignon sur rue ou s’étalent sur les écrans. La seule différence étant le niveau d’impunité.
    D’où le sentiment d’injustice des « basses classes » qui réclament moins la fin de ces pratiques que le bénéfice de la même tolérance judiciaire.
    Depuis une cinquantaine d’années que le populaire a pris pour guide les sportifs dopés, les rockers défoncés et les politiques pourris (régulièrement réélus), et pour bréviaire « sex, drug & rock-n’roll », la morale a bien foutu le camp, ma bonne dame, et le moindre sentiment de culpabilité n’est plus qu’une vieillerie à foutre à la poubelle.

    Signé DS »

    Il s’agit bien de distinguer le Peuple, le populaire … le populo. Comme il est nécessaire de différencier les De Gaulle des petits Marquis De Lagasnerie.

  9. Mais c’est qui ce mec qui trimballe sa particule comme pour faire croire sur les ondes publiques qu’il est un nouveau sans-culottes bon chic, bon genre de la République de Macron.

    Flamberge au vent des mondialistes contre l’opposition des patriotes qui ne peuvent que rire de ces simagrées et pleurer d’une telle imbécilités.

    France Inter aurait mieux à faire, à s’employer à son « Aggiornamento », qu’à s’enfoncer dans la nuit profonde des nihilistes. Il est vrai qu’après 40 années de dérive, la tâche est rude. J’en conviens.

  10. Ce « chercheur » semble chercher du mauvais côté : pourquoi serait-ce le « tissu relationnel » le plus important ? Ainsi, quand K Marx nous dit « le travail crée l’homme », Lagasnerie dit « la relation crée l’homme ». Prenons alors JS Bach : vingt enfants – quasiment tous musiciens – avec deux épouses ; la vie familiale a-t-elle tué sa vie, ou sa vie sociale ? (il mourut à 65 ans, âge honnête pour son époque) ; a-t-elle tué son travail ? On serait surpris.
    Alors, Monsieur Lagasnerie, vous préférez ceci quand les autres préfèrent cela : on voit mal pourquoi ou comment vous attribuez des critères de pauvreté de vie à qui ne vit pas comme vous, qui portez aux nues le « relationnel » ; critère typique Bobo, en fait, pour qui toutes ses « relations » sont autant « d’amis » : et que serait-il sans ses sorties, ses cinoches, ses restos, ses colloques intellos, son p’tit France-Inter et ses etc. ? JS Bach n’en avait cure, pour mon plus grand bonheur.

  11. Le problème principal réside dans ce que l’on donne la parole à une heure de grande écoute sur la première radio de France de service public à des individus aussi insignifiants.

    • je ne pense pas que ce soit des individus insignifiants, je pense que ce sont des êtres névrosés, mal dans leur peau qui étalent leurs idées perverses dans une littérature sans intérêt et sur des ondes niveau « caniveau ».

  12. il va falloir crée un Panthéon de la connerie, mais grand très grand parce que la file pour y entrer est inimaginable, Boyard, Rousseau, Panot, Tondelier, de La gasnerie, BHL, mélenchon, Oudéa castéra, Rima Abdul malak, çà pousse tellement pour y entrer qu’on a pas le remps de noter tous les noms.

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