L’éducation sexuelle : la nouvelle priorité du ministre Pap Ndiaye

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Connaissez-vous la Minute Pap ? C'est le rendez-vous hebdomadaire fixé, sur Twitter, par le ministre de l'Éducation nationale. Le 4 mars dernier, Pap Ndiaye annonçait que « l'éducation à la sexualité est une de [s]es priorités depuis [s]on arrivée au ministère ». Juste après que trois associations (SOS Homophobie, le Sidaction et le Planning familial) ont saisi le tribunal administratif de Paris au motif que seuls 10 % des établissements scolaires organisent les trois séances annuelles prévues par la loi.

Le 27 juin 2022, dans une lettre aux professeurs, le successeur de Jean-Michel Blanquer avait déjà fixé cinq priorités : lutter contre les inégalités sociales à l'école, mettre l'accent sur les savoirs fondamentaux, notamment le français et les mathématiques, préserver le bien-être des élèves, engager l'école sur la question écologique et revaloriser le métier d'enseignant. Vient donc s'y ajouter une sixième : l'éducation à la sexualité.

A priori, si l'on s'en tient à la formulation, ce programme recevra sans doute l'assentiment du plus grand nombre, tant qu'on ne s'interroge pas sur sa mise en œuvre. L'enfer, c'est bien connu, est pavé de bonnes intentions. Rien à redire des articles du Code de l'éducation consacrés à « l'éducation à la santé et à la sexualité » : qui pourrait s'opposer à une information présentant « une vision égalitaire des relations entre les femmes et les hommes », « contribuant à l'apprentissage du respect dû au corps humain » ou sensibilisant « aux violences sexistes ou sexuelles », voire « aux mutilations sexuelles féminines » ?

Mais ces bonnes intentions peuvent cacher des intentions plus discutables. Ainsi, le plan d'action 2020-2023, élaboré par la Délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (DILCRAH), auquel se réfère le ministère de l'Éducation nationale porte une « attention particulière [...] aux personnes les plus invisibilisées : lesbiennes, bi, trans, intersexes [...] ». Chacun peut comprendre la nécessité de lutter contre les manifestations de l'homophobie et de la transphobie pour assurer la sécurité des élèves et des études sereines. Mais où s'arrête la protection des élèves et où commence la promotion de comportements minoritaires ?

Quand on lit que, parmi les 42 mesures de ce plan national, figurent notamment « l’ouverture de la procréation médicalement assistée aux couples de femmes et aux femmes célibataires », « la facilitation de l’utilisation du prénom d’usage pour les personnes trans dans les documents administratifs non officiels » ou encore « la poursuite de l’adaptation des formulaires administratifs afin d’inclure les familles homoparentales », les familles composées tout simplement d'un père, d'une mère et d'enfants, garçons et filles, sont en droit de se demander si elles ne vont pas bientôt être montrées du doigt.

Dans tous les cas, ce ne sont pas des débats que les professeurs doivent organiser au sein de l'école, pas plus que les associations agréées par l'Éducation nationale. Ce n'est pas faire injure au Mouvement français pour le planning familial, à SOS Homophobie ni à quelques autres associations, qui sont susceptibles de proposer « des activités éducatives complémentaires aux enseignements », que d'estimer qu'elles ne sont pas totalement impartiales et qu'il leur arrive de confondre l'information objective et la propagande militante.

Le ministère a beau préciser que « cette éducation à la sexualité ne se substitue pas à la responsabilité des parents et des familles », on peut légitimement s'inquiéter de son intrusion dans l'éducation des enfants. Quand l'État tend à supplanter la famille, on n'est pas loin d'une société totalitaire.

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Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

Vos commentaires

34 commentaires

  1. Ces « ministres » macroniens, et celui là tout particulièrement ne sont pas que des incompétents et des incapables. Ce sont des nuisibles. Ils devront rendre compte, un jour pas si lointain, de leurs méfaits.

  2. Mais bon sang qu’ils leur apprennent à lire , écrire , calculer , le respect des autres et des lois . Pour le reste nous faisons confiance aux parents responsables .

  3. Je pense effectivement que la priorité dans l’Education Nationale est d’un autre niveau : le niveau scolaire, par ricochet l’absence d’esprit critique et de réflexion, en bref l’abêtissement généralisé des générations futures, qui permettra à terme le contrôle des masses, et l’absence de contestion du pouvoir politique. J’ose espérer que ce plan machiavélique va échouer, mais il serait temps que l’ensemble de la population se réveille , toutes générations confondues !

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