Gabriel Attal tente de rassurer les paysans. Sans succès…

Gabriel Attal agriculture

Ce mercredi 21 février, Gabriel Attal donnait une conférence de presse à Matignon, histoire de répondre à la colère de nos paysans. Sans grande surprise, il s’agit pour lui d’une priorité, le Premier ministre entendant placer « l’agriculture au rang des intérêts fondamentaux de la nation ».

Bref, une fois de plus, tout est désormais « prioritaire » : les violences faites aux femmes, la transition écologique, la lutte contre l’homophobie, la mise en place d’un réarmement démographique, le redressement de l’Éducation nationale. Sans oublier, évidemment, la priorité des priorités consistant à tout mettre en œuvre pour empêcher le Rassemblement national d’arriver un jour aux affaires. Des esprits chagrins objecteront que lorsque tout devient prioritaire, plus rien ne l’est. Nous ne saurions leur donner tort.

Promettre pour demain ce qui n’a pas été fait hier…

En attendant, à quelques jours du Salon de l’agriculture, il y avait urgence ; urgence hautement prioritaire, il va de soi. D’où ces propositions en rafale consistant à promettre de faire ce qui aurait dû être fait il y a belle lurette. Exemple ? « Construire un système qui ne pénalise pas certains agriculteurs au profit d’autres », ce qui était donc le cas auparavant, en déduiront les mauvais coucheurs. Puis « accroître la consommation de produits français avec une accélération dans la restauration collective », comme quoi il n’est jamais trop tard pour tenter de bien faire.

Le catalogue aurait évidemment été incomplet si n’y figurait la « simplification des règles de la PAC » : là, c’est loin d’être gagné, sachant qu’à chaque « choc de simplification » administratif, les procédures ne font généralement que se compliquer. Et il y a bien sûr l’éternelle antienne du poids des producteurs dans leurs négociations avec les industriels et les distributeurs ; la fameuse loi EGAlim dont on nous dit depuis des années que sa réforme demeure une autre « priorité ». Là encore, Gabriel Attal dixit, il s’agira de « renforcer le poids des agriculteurs » dans lesdites « négociations ». Il n’est pas interdit d’espérer…

Sans grande surprise, les syndicats paysans estiment que ces promesses sont loin d’être suffisantes. Cité par France Info, Clément Cuvillier, secrétaire général adjoint de la FDSEA Pas-de-Calais, déclare ainsi : « On sait que ça prend du temps, mais on sait aussi que le Salon de l’agriculture, c’est la semaine prochaine. Il devait y avoir des choses très concrètes d’ici le Salon. Aujourd’hui, le compte n’y est pas. »

Pourtant, à en croire Gabriel Attal, tout va bien !

Il est vrai que dans ce dossier, le nouveau Premier ministre ne paraît pas être tout à fait à son affaire, tel qu’en témoigne cette déclaration pour le moins absconse : « Les premiers résultats sont encourageants. Ils montrent que la France demeure une grande nation agricole, la première européenne, et qu’elle exporte l’équivalent de deux fois ce qui serait nécessaire pour nourrir les Français. »

À l’en croire, tout irait donc au mieux dans le meilleur des mondes et nos paysans, inconscients de leur bonheur, ne seraient, somme toute, que de fichus ingrats. Mais il lui aura peut-être échappé que dans le même temps, la France n’avait jamais autant importé de fruits, de légumes, de poulets, de viande bovine et ovine, concurrençant ainsi nos producteurs de la manière la plus déloyale qui soit.

Drôle de logique que celle-là. Comme s’il était préférable d’exporter nos produits plutôt que d’assurer à ceux qui les cultivent des salaires décents et, surtout, un minimum de dignité… D’ailleurs, on n’a pas cru remarquer que nos paysans partageaient l’optimisme de Gabriel Attal, étranglés qu’ils sont par les crédits, suspendus à des aides européennes de plus en plus chichement comptées et se suicidant à raison d’un tous les deux jours.

Autant dire que le Salon de l’agriculture promet d’être chaud.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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