Jordan Bardella « médaillé » de la CRS-6 : Darmanin diligente un rapport

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Tandis que le ministère de l’Intérieur peine à assurer sa mission principale - la sécurité des biens et des personnes -, Gérald Darmanin veut savoir le pourquoi du comment du drame de Saint-Laurent-du-Var. Enfin, le drame… Le commandant de la CRS-6 a remis à Jordan Bardella l’écusson de la compagnie. « Mécontent », Darmanin veut un « rapport administratif ». En combien d’exemplaires? L’histoire ne le dit pas.

Ce qu’elle dit, c’est que le député européen visitait la CRS-6, ce 19 février, en compagnie de Fabrice Leggeri, ex-patron de Frontex et n° 3 de la liste des européennes, et de Bryan Masson, député RN des Alpes-Maritimes. « Cette compagnie est dans ma circonscription, explique celui-ci à BV. Je voulais montrer à Jordan Bardella les différentes unités qui la composent. Du fait de la géographie du département, elle regroupe des unités montagnardes et des sauveteurs en mers. » Les discussions avec le commandant, Jean-Marc Cortes, ont porté sur la lutte contre l’immigration clandestine, dans laquelle la CRS-6 est partie prenante.

Bardella et la pucelle de la compagnie

Puis, disent les médias, Bardella a reçu des mains du commandant la médaille de la CRS6. Jouent-ils sur les mots ? Écrivent-ils un français approximatif ? À les lire, on croirait que l’eurodéputé est désormais médaillé. Frédéric Farah, prof de prépa, enseignant à Paris 1, en perd sa syntaxe : « Les forces de l'ordre n'ont pas à remettre de récompense. Ils [sic] n’incarnent pas la politique. » En bon langage, Jordan Bardella s’est vu offrir l’écusson de la compagnie, ou, selon l’appellation spécifique, « la pucelle ». « En le lui remettant, explique Bryan Masson, qui était présent, le commandant n’a pas fait pas un discours politique, il lui a raconté l’histoire particulière de sa compagnie, fier qu’un député visite sa caserne. »

Cette remise de l’insigne est d’une banalité totale, si l’on peut parler ainsi d’une tradition. « On a l’habitude, en tant que députés quand on visite des associations, des institutions, des entreprises, de se voir remettre des écussons, des insignes ou des goodies », rappelle M. Masson. « Cela fait partie de la tradition, confirme, à BV, un syndicaliste policier. Chez les CRS, dans une bonne partie des services de police dont la BRI, et chez les gendarmes. Il y a même un budget consacré pour l’achat de ces écussons. » Bardella sera, dimanche et lundi, au Salon de l’agriculture. Peut-être lui remettra-t-on un fromage auvergnat, un petit pot de beurre normand. C’est du même ordre, même si pas sur le même plan.

Darmanin en plein complexe d’infériorité

Dans cette histoire, la gauche surjoue. Il faut dire que et la police et le RN provoquent chez elle des réactions rabiques. Un chercheur du CNRS et enseignant à Sciences Po Grenoble voit dans cette affaire la démonstration des liens entre police et extrême droite ! Pas de culture de l’excuse qui tienne, pour Sandrine Rousseau : « Une sanction. Pas un rapport. » Corvée de patates ? De cagoinces ? Question caporalisme, elle l’emporte sur Darmanin.

À cette occasion, le ministère de l’Intérieur rappelle au préfet des Alpes-Maritimes que « les parlementaires peuvent visiter les lieux de privation de liberté, comme la loi l’autorise, mais sans presse et sans communication ». Que Darmanin préférât que le geste du commandant Cortes ne soit pas filmé est une chose, mais en quoi une compagnie de CRS serait-elle « un lieu de privation de liberté »? On s’y perd. Darmanin aussi. « Le "premier flic de France", commente Bryan Masson, sait qu’il n’est pas un bon ministre, et ce, alors qu’il y a une crise profonde au sein de la police qu’il devrait gérer. Voir des députés respectés par les forces de l’ordre lui fait perdre toute mesure. » Vite ! Que quelqu’un remette à Darmanin une médaille, même en chocolat, pour apaiser son mal-être !

Samuel Martin
Samuel Martin
Journaliste

Vos commentaires

40 commentaires

  1. Sur nos plages de l’Hérault en été nous voudrions bien revoir un membre des CRS comme c’était le cas avant cela fait 2 ans qu’ils ont disparu de nos poste de secours . Peut être sont ils affectés au fort de Brégançon pour assurer la sécurité de Jupiter.

  2. Tout est bon pour essayer de descendre le RN quitte à en devenir ridicule… la réaction de Sandrine Rousseau vaut son pesant de cacahuètes: elle qui crache à longueur de temps sur les forces de l’ordre reproche à cette compagnie de CRS de remettre un insigne à une personnalité politique qui, elle, ne les traîne pas dans la boue en permanence. On ne peut pas vouloir l’anarchie à tout prix, remettre en cause l’autorité (en manifestant dans des rassemblements interdits ceinte de l’écharpe de deputé) et jouer les vierges effarouchées dès que le RN est mis en avant par une telle cérémonie. Le deux poids deux mesures de cette extrême gauche me sidère…

  3. « Les parlementaires peuvent visiter les lieux de privation de liberté, comme la loi l’autorise ».
    Alors, pourquoi certains se voient-il refuser l’entrée de certaines prisons, ou des centres de rétention ???

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