Frédéric Valletoux, une vision administrative et antilibérale de la Santé

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Il y a un an et demi, le poste lui était passé sous le nez au profit de François Braun. Puis d’Aurélien Rousseau. Puis d’Agnès Firmin-Le Bodo. Mais - hosanna au plus haut des cieux ! - son supplice chinois vient de prendre fin : le député Horizons Frédéric Valletoux accède enfin au ministère de la Santé ! Il n’y a d’ailleurs pas de hasard, la loi sur l’accès aux soins à laquelle il a donné son nom a été promulguée il y a six semaines.

Après des débuts dans le journalisme, il fut maire de Fontainebleau, puis élu Renaissance à l’Assemblée. Mais, surtout, Frédéric Valletoux a été patron pendant dix ans de la puissante Fédération hospitalière de France, la force d’influence majeure de la quasi-totalité des établissements sanitaires du secteur public.

Confrères libéraux, sortez les casques lourds et les gilets pare-balles, parce qu’avec une régularité de métronome et une sensibilité d’alien, votre nouveau ministre a toujours promu et soutenu tout ce qui pouvait aller contre la médecine libérale, praticiens de ville comme de cliniques privées.

« Bousculer les habitudes… »

C’est ainsi qu’en 2019, interrogé sur les déserts médicaux, il proposait de « bousculer des habitudes, peut-être exiger un peu plus peut-être de la médecine libérale, qui a une mission de service public parce qu'elle est financée par l'argent des Français ». Mais oui, pourquoi ne pas demander plus à ceux qui font 60 heures quand on en fait 35 ?

Au stade de proposition, la loi Valletoux révélait la volonté de son auteur d’enrégimenter ce qui survit encore de médecine libérale : obligation d’installation dans les zones de déserts médicaux (qui sont en réalité partout), obligation de permanence des soins et d’adhésion à des CTPS (communauté professionnelle territoriale de santé, machins cornaqués par les agences régionales de santé). Autant dire une militarisation complète, mais sans aucun des avantages du salarié ou du fonctionnaire.

Fort heureusement, le Sénat a sérieusement dégauchi ce qu’un journal aussi peu suspect d’ultralibéralisme que Le Monde qualifiait lui-même de « coup de grâce de l’administratif à la médecine libérale ».

Privé et public, une complémentarité bafouée

C’est ainsi par exemple que, selon une règle non écrite, le service public des pompiers est depuis longtemps fortement incité - et c’est un euphémisme - à emmener malades et blessés à l’hôpital plutôt qu’à la proche clinique privée. Un principe qui a culminé au plus fort de la crise du Covid quand, sous les caméras, des TGV spécialement aménagés transféraient les patients à 500 km dans les hôpitaux de province, tandis que les cliniques privés locales faisaient le pied de grue devant les lits qu’elles avaient été sommées de réserver... Belle illustration du mantra officiel de « complémentarité public-privé ».

Constatant aujourd’hui, et pour cause, que la permanence des soins était actuellement assurée à 82 % par l’hôpital, la loi finalement votée prévoit une meilleure implication des cliniques privées. Fort bien, mais alors pourquoi, dans le même texte, interdire en début de carrière l’intérim pour les médecins, dont les anesthésistes indispensables à leur fonctionnement ?

Grande nouveauté, quand même, après expérimentation dans six régions, la signature des certificats de décès par les infirmiers est étendue à toute la France. Les mauvaises langues recommanderont de se faire inhumer avec son téléphone portable...

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Richard Hanlet
Médecin en retraite, expert honoraire près la Cour d'appel de Versailles

Vos commentaires

30 commentaires

  1. A mon avis il y a deux approches du problème que pose la santé, la première c’est celle que voudrait mettre en œuvre le gouvernement, c’est à dire une gestion comptable, qui sur le plan économique peut se défendre, ça dégagerait des milliards pour s’armer en vue d’une guerre hypothétique, ou nous tiendrions huit jours. La deuxième approche est celle plus humaniste qui serait souhaitable et souhaitée par tous les Français « sans dents », qui n’ont pas accès comme nos « élites » à la médecine pour privilégiés. Cette deuxième approche très humaniste, à quand même un défaut, c’est qu’il faut beaucoup d’argent pour la pérenniser en l’état et si nous faisons pas des coupes sombres sur certaines dépenses excessives, nous n’y arriverons pas, la France étant surendettée et l’économie est têtue. Donc à mon avis il faut faire un « mix » des deux méthodes, quel que soit la majorité au pouvoir.

    • Mal poser le problème, c’est s’empêcher de le résoudre. Et ce problème est unique : l’hospitalocentrisme, sous l’impulsion active du ministère, avec destruction programmée de ce qui marche avec moins de dépenses, la médecine libérale. Si le problème n’était pas là, notre administration serait performante dans tous les domaines et l’URSS vivrait encore après avoir dépassé les USA depuis longtemps. Et cela existe jusque dans les plus petites communes, quand leurs municipalités font construire à grand frais des maisons médicales rutilantes sans y avoir prévu de médecin.

  2. Les charlatans continuent leur action dévastatrice (avec l’égide de Big Pharma). Comme pour l’école, l’hopital public a les mêmes problèmes d’absentéisme. Quand ils ne sont pas malades, ils sont en dépression, quand ils ne sont pas en dépression, ils sont en formation et quand ils ne sont pas en formation, ils sont en grève…… et tout çà avec NOTRE argent (impôts ou cotisations).

  3. Il doit être heureux mon médecin référant ! J’ai au moins cette chance de pouvoir en consulter un dans les deux jours…

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