François de Rugy n’est pas seulement allergique au homard. Il l’est aussi, semble-t-il, au catholique…

Capture d'écran ©LCP
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Demain ne meurt jamais, disait James Bond. Un homme politique non plus. Même après un tragique bad buzz. La preuve par François de Rugy. Le Français candide s’imaginait peut-être que le ci-devant ministre de la Transition écologique et solidaire, la tête basse et le front rouge, irait en robe de bure et bottes en caoutchouc planter des choux, enfin piquer de la mâche, en bon Nantais qu'il est, jusqu’à la nuit des temps. Penses-tu. Il a retrouvé, en août 2019, son poste de député - où il se fait discret un certain nombre de mois avant de se présenter, en juillet 2020, à la présidence du groupe LREM de l’Assemblée. Il échoue. Mais en décembre 2020, on lit dans le quotidien Ouest-France qu’il sera tête de liste aux élections régionales de 2021 pour la région Pays de la Loire.

Il est nommé, peu après, président de la commission spéciale parlementaire sur le projet de loi « séparatisme », sur proposition de Christophe Castaner, son concurrent victorieux à la présidence du groupe LREM à l’Assemblée.

Un choix que l’homme ayant dénié à Notre-Dame sa qualité de cathédrale ne doit pas regretter, tant François de Rugy marche avec un talent certain dans ses pas et ses bourdes.

On l’a bien compris, le projet de loi refuse de cibler nommément son objet. On a trouvé le mot flou de « séparatisme » plus astucieux que celui d’« islamisme » car il joint l’utile - ne pas froisser l’électorat des banlieues, il ne faut jamais insulter l’avenir, surtout si près d’échéances électorales - à l’agréable : s’ouvrir la riante perspective d’inclure dans le périmètre d’autres catégories de population, en particulier les catholiques, qui ont la particularité pénible de ne pas adhérer avec tout l’enthousiasme et la ferveur nécessaires au progressisme sociétal « en marche ».

« Ce n’est pas nouveau que les religions veuillent prendre la main sur la vie des gens à travers l’école, les clubs sportifs », explique donc, avec assurance, François de Rugy en commission à l’Assemblée, « cela a existé massivement avec la religion catholique. »

Mais bien sûr. Comparer adroitement l’enseignement catholique, qui a fondé l’instruction en France, l’a portée durant des siècles, lui a donné son excellence et sa rigueur, et qui a été proprement décalquée par les hussards noirs de la République qui n’avaient d’autre ambition que rivaliser avec elle, avec les écoles coraniques ? Mettre en parallèle le patronage, le scoutisme qui ont sauvé tant d’enfants en déshérence, jusqu’à faire de tant d’entre eux de bons soldats qui tomberont pour la patrie, et l’entrisme islamique dans les salles de sport. Pourquoi se gêner ?

Les sœurs de la Charité devront-elles aussi demander pardon d’avoir « pris la main » durant des années « sur la vie des gens » dans les hôpitaux, les maternités, soignant les malades, assistant les parturientes, sans relâche, horaires, repos hebdomadaire, syndicat, revendication, grève, rétribution propre ? Quel attentat, au juste, ont-elles fomenté, planquées derrière leur cornette ? Avant elles, quelle sorte de séparatisme terroriste pratiquait sainte Catherine de Sienne, du Tiers Ordre dominicain, quand elle soignait les pestiférés ?

Assimiler tous les musulmans aux islamistes est de l’amalgame, mais assimiler toutes les religions, en particulier le catholicisme, à l’islamisme ne stigmatise personne.

François de Rugy - c’était sa ligne de défense, la preuve irréfragable de son innocence dans l’affaire que l’on sait - est intolérant au homard. Il est visiblement tout aussi allergique au catholique.

Tout mélanger, pourtant, c'est tout banaliser. Instiller l'idée que l'islamisme ne serait qu'un catholicisme un peu rugueux n'ayant pas fait son aggiornamento. Pourquoi, somme toute, s'en inquiéter ?

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Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

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