Alors que, ce mardi, sept ans après la tuerie, une allée du jardin Michelet était baptisée des noms des quatre victimes, assassinées le 19 mars 2012, à l'école juive Ozar Hatorah, la presse souligne ce que 20 Minutes appelle « une flambée considérable des actes antisémites ». Mais on cherche en vain quelque allusion aux causes de ce phénomène. Ah, si on pouvait l'attribuer à des groupuscules d'extrême droite, on ne se montrerait pas si réticent ! Mais comme il s'agit d'un « nouvel antisémitisme plutôt ancré à gauche et dans l'islamisme radical », selon la formule d'Alain Finkielkraut, pas question d'appeler les choses par leur nom.

On se souvient de cette matinée tragique où Mohammed Merah, vers 8 heures, abattit Jonathan Sandler, rabbin et professeur de 30 ans, ses fils Gabriel et Aryeh, puis Myriam Monsonégo, la fille du directeur de l'école. Cet événement suscita une émotion et une réprobation unanimes de la classe politique, la campagne présidentielle fut suspendue. Depuis, on en a beaucoup appris sur Merah, ce « loup solitaire » qui n'était pas si solitaire que cela. C'était le préambule à la série d'attentats que la France devait connaître.

Ils étaient tous là pour rendre hommage aux victimes juives de Mohammed Merah : Nicolas Sarkozy, qui terminait alors son quinquennat, Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Luc Moudenc, le maire de Toulouse, le préfet, les élus et le recteur de l'époque. « C’est inacceptable, c’est innommable, cela ne doit pas se reproduire », a déclaré l'ancien président de la République, qui a tout de même eu le courage de préciser : « Cette civilisation [judéo-chrétienne], nous devons la défendre », car « au-delà des enfants, c’est elle qui était la cible du meurtrier ». Le maire de Toulouse dénonçait, plus généralement, « la montée des extrémismes et en particulier de l'antisémitisme ».

« On aurait pu croire qu’en 2012, les choses se seraient figées au regard des événements tragiques qui s’y sont déroulés. Rien du tout, nous sommes dans une flambée considérable », a déploré le président régional du Conseil représentatif des institutions juives, ajoutant que « Toulouse est aujourd’hui une des places fortes de l’antisémitisme en France ». Il appelle à un véritable plan Marshall, faute de quoi « on ira vers une République où il n'y aura plus de juifs », demande des mesures fortes en matière d'éducation, des sanctions, déplore devoir « [reloger] souvent des familles parce que leur judaïsme est connu de leurs voisins ».

Les personnalités présentes sont trop intelligentes pour ne pas savoir quels sont les responsables. La presse aussi. Mais la bien-pensance paralyse les esprits sous une chape de plomb. Sous prétexte de ne pas offenser l'islam, de ne pas stigmatiser la communauté musulmane, on se garde de préciser que, si l'antisémitisme progresse, c'est que l'influence de l'islamisme s'étend dans la société, notamment dans certains quartiers. Le ressentiment contre la politique d'Israël envers les Palestiniens fait le reste.

On l'a vu encore avec les incidents récents de Chanteloup-les-Vignes. Quand Édouard Philippe dénonce « une petite bande d'imbéciles et d'irresponsables », quand, lors des questions au gouvernement, il est contraint de reconnaître que c'étaient « effectivement des actes criminels », expliquant avoir « probablement utilisé une formule de style qui est une litote », il ne convainc personne. Cet amateur de boxe retient volontairement ses coups. C'est en toute conscience qu'il occulte que les délinquants qui se sont attaqués aux policiers et ont incendié un bâtiment culturel sont avant tout des dissidents, des séparatistes qui veulent imposer leur propre loi.

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06 novembre 2019 à 17:22

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