Fête (ou défaite) du cinéma : pourquoi donc tant de Français n’y vont plus ?

cinema film

C’est la 37e édition de la fête du cinéma ! Un billet à 4 euros pour toutes les séances. L’opération a commencé dimanche et se termine mercredi. Youpi ! La vérité est que la presse a beau vaguement donner le change, le cœur n’y est pas.

Le CNC estimait, ce dimanche, à plus de 30 % la baisse de la fréquentation des salles, comparée à 2019.

Dans une étude parue le 23 mai dernier, le même CNC évoquait déjà « une conjonction de facteurs, certains conjoncturels et d’autres plus structurels ». Il listait « les cinq principales raisons pour lesquelles les spectateurs déclarent aller moins souvent, ou plus du tout, au cinéma depuis la réouverture des salles » : pour 38 % d’entre eux, une perte d’habitude d’aller au cinéma (merci les mesures Covid), pour 36 % d’entre eux, la « perception du prix du billet », qui est un peu comme le « sentiment d’insécurité » : une réalité. « La dernière fois que je suis allé au cinéma (Pathé Gaumont), j’ai fait demi-tour quand j’ai vu le tarif. Qui veut payer 14 euros (!) Pour un film ? » témoigne, sur Twitter, un journaliste du Huffington Post. D’autant qu’avec le cinéma français subventionné, c’est double peine : le contribuable a déjà acheté, en somme, à son corps défendant, un premier ticket. Pour 33 %, c’est le port du masque qui les a dissuadés (pour manger les pop-corn, ce n’est pas pratique. (Re)merci le Covid). 26 % d’entre eux privilégient d’autres supports pour regarder des films… et pour 23 % d’entre eux - près d'un quart, donc -, c’est le manque d’intérêt pour les films proposés qui les fait déserter les salles obscures. Sauf que ces facteurs sont interdépendants. Si l’on résume : pourquoi faire l’effort de sortir de chez soi et supporter un masque sur le nez pour s’infliger un navet qui vous coûte en sus un bras ?

Quelques témoignages recueillis par Le Parisien, le 2 juillet dernier, sont sans appel : « Quand on va voir un film français, on sait que ça va être nul, déclare une jeune fille. On y va presque pour la blague, pour débriefer à quel point c’est mauvais. C’est souvent les mêmes scénarios, des gros clichés, et toujours les mêmes acteurs. »

Pour Arnaud Vialle, qui dirige le cinéma Rex à Sarlat, cité par BFM TV : « L'offre n'est pas en phase avec ce qu'attendent les spectateurs. Ils ont envie de légèreté. Ils ne veulent pas de films sur des faits de société. » Et si le cinéma français se remettait en cause, en étudiant quelques pistes de réflexion ?

Osons quelques hypothèses iconoclastes : peut-être, le cinéma étant réputé de « divertissement », les Français ont-ils envie, c'est bête, de s’y divertir, pas de tenter de comprendre l’intrigue noire, hermétique, filandreuse, tordue et trash qu’on leur impose ? Intrigue qui, en sus de les déprimer, les gêne, voire les indigne pour ceux de leurs enfants qu’ils ont emmenés avec eux. Et si, par miracle, le film qu’ils ont choisi est bon, ce sont les bandes-annonces, qu’ils n’ont, elles, pas choisies qui les dissuade de revenir. Au moins devant Netflix peuvent-ils y échapper.

Peut-être une partie non négligeable des Français - disons, en gros, une petite moitié, celle qui a voté Marine Le Pen au second tour de l'élection présidentielle - en a-t-elle ras le pompon de mettre la main au portefeuille pour se voir faire la leçon dans des morceaux d’anthologie à la propagande aussi subtile qu’un mammouth dans un salon de thé (Chez nous, de Lucas Belvaux, Ils sont vivants, de Jérémie Elkaïm, pour n’en citer que deux). Et quand 500 artistes - de Guillaume Canet à Charlotte Gainsbourg en passant par Gilles Lellouche et Fabrice Luchini -, auxquels personne n’a rien demandé, se piquent de signer une tribune donnant des consignes de vote pour Emmanuel Macron, gageons que cela ne met pas dans les meilleures dispositions ceux qui ont un avis opposé.

Peut-être le cinéma qui fait naufrage pourrait-il faire un peu d’espionnage industriel et s’intéresser aux recettes du cinéma qui fonctionne encore, Downton Abbey ou Top Gun, pour ne parler que des plus récents. N’avons-nous pas, comme les Anglais, un passé riche de vieilles pierres, de vieilles dentelles et de vieilles douairières spirituelles ? Ne pouvons-nous pas, comme les Américains, mettre en avant de prestigieuses écoles militaires dont les exploits, les têtes brûlées, les traditions et les beaux uniformes sont propices à faire rêver les adolescents boutonneux pleins d’idéal et les jeunes filles en fleurs ?

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 05/07/2022 à 23:14.
Gabrielle Cluzel
Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

31 commentaires

  1. Certains films comme « la fracture » échappent à la pensée « nunuche woke » et parlent avec force et lucidité des vrais problèmes, ceci sans la louche de guimauve sirupeuse bien pensante. On comprend qu’une clientèle, exaspérée par ces films et ces acteurs distillant la propagande macroniste, boudent ce cinéma fade et sans saveur. Où est passé le sel de la terre ?

  2. Les acteurs et actrices ne devraient pas prendre part au débats politiques, ça n’est pas leur métier, ils n’ont pas les compétences (ceux qui nous gouvernent en ce moment non plus !) et ne devraient pas inciter les Français à voter ( toujours) à gauche. Trop facile, quand on habite les beaux quartiers, de donner des leçons sur l’immigration, entre autre…

  3. J’ai voulu profiter du prix de 4 euros pour voir deux films dont on disait du bien dans Valeurs Actuelles. Nous étions 5 dans la salle, nous avons supporté pendant 1/2 h des publicités dont deux à la gloire des LGBT, et des présentations de films débiles. Pour constater in fine la médiocrité des deux films, humour très moyen et violence programmée, bref, cela ne valait même pas un après-midi à 8 euros ! La « civilisation » américaine a tout balayé, et spécialement le génie italien et français !

  4. Donner de l’argent à des acteurs comme Jean Paul Rouve qui nous traite publiquement de  » fins de race » parce qu’on vote RN ou pour Zemmour, c’est terminé ! La majorité des acteurs pensent comme lui et sont à la pogne du gouvernement, honteux. Sans parler des km à faire (70 AR, j’habite à la campagne) avec un carburant hors de prix, pour voir, comme vous dites des films abordant toujours les mêmes sujets… Des horaires nuls, soit trop tôts soit trop tards. Résultat :je ne vais plus au cinéma.

  5. Comment voulez-vous que les gens aillent encore au cinéma voir des films français quand quasiment tous les grands acteurs, les grands seconds rôles et réalisateurs sont passés, hélas, de vie à trépas et que « les metteurs en scène » d’aujourd’hui ne sortent que des navets à la sauce sociétale d’un monde qui part en vrilles ?

  6. Oui c’est triste il n’y a personne au cinéma .
    J’y avis chaque semaine depuis toujours … Cela n’a rien à voir avec le petit écran .
    Fellini disait « Le jour ou le spectateur, assis devant son poste est plus grand que l’acteur qu’il regarde, est un jour d deuil « 

  7. Voir et revoir toute la misère de ce pauvre monde dénoncée sur grand écran par des réalisateurs et des acteurs gauchisants et bien bien-pensants ? Non merci.

  8. il est vrai que le cinéma manque d inspiration dans les scénario .Il est souvent fait d histoire maintes et maintes fois reprises. puis aller au cinéma pour être entourer de mangeur de pop corn n est pas très intéressant ;Beaucoup de salles ne sont pas confortables et surtout le cinéma est bien pensant!!!!!!!!!

  9. Sansparler des immanquables bouffeurs de popcorn et autre junkfood dont le mâchonnement persistant gêne en permanence l’audition, cela agrémenté par les remarques débiles des CPF et autres gougnafiers

  10. Le cinéma s’est autodetruit. C’est devenu un lieu de propagande lourdingue avec des acteurs grassement nourris qui se parent d’une autorité sentencieuse.
    Voilà, je be me reconnais plus dans ce cinéma bien pensant.

    • Et je pense qu’il en ira de même du cinéma anglo-saxon s’il persiste à suivre la même voie, voir DISNEY. Cordialement.

  11. Excellente réflexion.
    Moi qui ai supprimé la TV, je ne vais plus au cinéma. Et ce pour toutes les raisons que vous évoquez, la propagande pour une société que je refuse étant la principale.

  12. La Woke Kulture bobo-gaucho-parigot-tête-de-v… de l’entre soit du cinéma français, a tué le cinéma français.
    Par la même occasion, ils sont tellement Wokes, que des événements tel le Festival de Cannes n’intéresse que les susnommés intéressés, et certains médias évidemment.

  13. Je fais partie de la catégorie de Français qui ne veulent pas aller au cinéma pour se voir intimer l’ordre d’accepter la diversité, l’immigration et autres bons sentiments propres à la gauche bobo et au macronisme ! tous ces pseudo-artistes largement subventionnés par nos impôts se croient le droit de nous dire ce que nous devons voter, voire penser ! qu’ils aillent au diable !

  14. Je boycotte le cinéma qui est d’une nullité crasse, favorisant aussi le wokisme , ces soi-disant artistes, au train de vie très confortable grâce à l’argent des français , et qui crachent leur leçon de morale à ceux-là mêmes , un cinéma subventionné , je ne supporte plus ces acteurs, tous des superficiels !
    On est bien loin des grands acteurs tels que Gabin, Bourvil, Raimu, Fresnay, Jouvet, toute une génération d’acteurs qui avaient une forte personnalité et une culture profonde !

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