Faut-il placer la tombe de Jean-Marie Le Pen sous surveillance ?

Tombe JMLP

La préservation des sépultures des figures politiques françaises est une question sensible, mêlant respect des morts, préservation du patrimoine funéraire et nécessité de prévenir les actes malveillants. Certaines tombes, en raison de leur portée symbolique ou des tensions qu’elles suscitent, font ainsi l’objet d’une surveillance particulière. La profanation récente de la tombe de Jean-Marie Le Pen soulève la question de savoir si elle ne devrait pas, à son tour, bénéficier d’une protection renforcée.

La profanation de la tombe de Jean-Marie Le Pen

Le 31 janvier 2025, la tombe de Jean-Marie Le Pen a en effet été vandalisée dans le cimetière de La Trinité-sur-Mer, dans le Morbihan. La croix celtique ornant la sépulture a été brisée à coups de masse et plusieurs plaques funéraires de la famille ont également été endommagées. Cet acte a provoqué une onde de choc dans la classe politique. Le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a dénoncé « un acte inqualifiable, commis par ceux qui ne respectent ni les vivants ni les morts », tandis que le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, a condamné une « abjection absolue », rappelant que « le respect des morts est ce qui distingue la civilisation de la barbarie ». Dans l’attente de l’identification des auteurs de cette dégradation, la famille du fondateur du Front national, espérant que justice soit rendue, « a déposé plainte pour la destruction de la tombe », comme l’a déclaré Philippe Olivier, conseiller spécial de Marine Le Pen, auprès de BFM TV.

Au-delà de l’émotion suscitée, cet événement met en lumière l’importance d’une sécurité forte auprès des sépultures de certaines de nos personnalités politiques afin de dissuader d’éventuels vandales. Si certaines tombes bénéficient déjà de cette surveillance accrue, d’autres restent encore vulnérables, ce qui pose la question d’un renforcement généralisé des dispositifs de protection.

La surveillance des tombes de personnalités politiques

En effet, l’Histoire a montré que plusieurs sépultures de figures politiques ont été la cible de dégradations lorsque que celles-ci n’étaient plus gardées assez efficacement.

Autrefois protégée par une garde permanente, la tombe du général Charles de Gaulle, située à Colombey-les-Deux-Églises (Haute-Marne), a été vandalisée en mai 2017. La croix qui surmontait la pierre tombale a été brisée par un individu identifié grâce aux caméras de surveillance qui, cependant, n’ont pas été assez efficaces pour dissuader le criminel.

Un autre exemple marquant est celui du maréchal Philippe Pétain. En février 1973, son cercueil a été volé par un commando qui souhaitait transférer sa dépouille à l’ossuaire de Douaumont. Finalement, l’opération a échoué et le cercueil retrouvé près de Paris a été redéposé dans le cimetière de l'île d'Yeu. Cet événement a conduit à une surveillance quotidienne de sa tombe afin d’éviter toute nouvelle tentative. Cela n’empêche pas de petites dégradations régulières faites par des touristes de passage, comme des graffitis ou des souillures, et que la municipalité locale se charge de faire disparaître rapidement encore aujourd'hui, à défaut de pouvoir les empêcher, car cela demanderait une présence humaine constante.

Un enjeu de mémoire et de préservation

L’attaque contre la tombe de Jean-Marie Le Pen s’inscrit dans cette série de profanations qui rappellent que la mémoire des figures politiques, quelles que soient les controverses qu’elles suscitent, demeure vulnérable. Cet acte relance le débat sur la nécessité de mesures préventives et fortes afin de garantir le respect dû aux défunts et de préserver les sépultures. L’enjeu est donc de déterminer si un dispositif plus large de protection doit être mis en place afin d’éviter que d’autres personnalités politiques ne voient leur dernière demeure devenir la cible d’actes de vandalisme, comme ce fut le cas pour Jean-Marie Le Pen. Un vandalisme qui, décidément, gagne partout du terrain et provoque la surveillance des rues, des commerces, des boîtes de nuit, des toilettes, des bâtiments publics, des statues, des églises, jusqu'aux endroits les plus sacrés, les tombes, nuit et jour. La décivilisation en marche passe par le cimetière.

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Eric de Mascureau
Chroniqueur à BV, licence d'histoire-patrimoine, master d'histoire de l'art

Vos commentaires

33 commentaires

  1. Plutôt que de mettre sous surveillance la tombe Mr J.M. LEPEN ou le cimetière, Il serait plus simple de durcir les sanctions et de les appliquer à la lettre pour que cesse ce grand désordre et pour dissuader les racailles de tous poils qui pullulent et prospèrent e France. Si le Chef d’Etat reste encore plus longtemps sans réagir, nous allons tout droit à la guerre civile.

  2. On irait jusqu’à proposer ‘Verisure’ étant donné l’incapacité des municipalités à protéger les cimetières et surtout l’incivilité des gens qui ne respectent plus rien. Il est évident qu’il faut, étant donné le déchaînement de haine vis-à-vis de Monsieur Le Pen, une protection spéciale du moins pendant un certain temps.

  3. Hélas, sauf à l’entourer d’un énorme « mur de grilles aux barreaux surdimensionnés » il ne faut pas espérer protéger une tombe. Quant aux sanctions, même la peine de mort n’a pas toujours empêché les actes qu’elle sanctionnait alors la protection par le laxisme … on s’est compris !

  4. Bien sûr que toute personne – fut elle sulfureuse ou pas- a droit au repos éternel ! D’ autant qu’ un caveau familial comporte aussi d’ autres Dépouilles. Hélas, toute caméra ne servira à rien, les auteurs se préserverons bien d’ être reconnaissables. La protection est (ici) comme dans bien d’ autres domaines de la vie quotidienne : une profonde retenue par peur des punitions éventuelles à venir ! Ainsi, rendons à notre Nation une Justice intraitable et crainte, indépendante d’ organisation européenne qui l’ entraverait dans ses délibérations….Pas demain la veille. Respect à la famille humiliée de la sorte.

  5. Dans le domaine militaire, on peut dater assez précisément cet effondrement de la civilisation : si les mausolées politiques avaient subi de tous temps les revers de fortune idéologiques, il n’en était pas de même pour les simples soldats jusqu’à la guerre de Corée. Les soldats allemands et français, anglais et américains de 1870 et des deux guerres mondiales ont pu ainsi être enterrés sur place, sans que leurs tombes ne soient profanées, de même que les tombes des légionnaires et marsouins en Afrique ou en Extrême-Orient. Et puis l’idéologie – communiste – s’est invitée et, pour éviter les profanations, il a fallu à la fois rapatrier les sépultures anciennes de l’Indochine et de l’Algérie, et prévoir désormais le rapatriement systématiques des dépouilles des soldats morts en opérations extérieures.
    L’extension de cet irrespect à l’endroit des morts du domaine militaire au domaine civil (Jean-Marie Le Pen était certes un homme politique mais son caveau familial n’avait rien à voir avec un mausolée) n’est certainement pas une bonne nouvelle pour la civilisation …

  6. A mon sens cette idée de caméras de surveillance est un faux problème
    Le vrai problème dans notre pays c’est la justice qui est d’une inefficacité crasse: il faut retrouver les vandales, les juger en comparution immédiate et les coller systématiquement en prison pour quelques années, sans remise de peine possible, ce qui ferait réfléchir les vandales en herbe

  7. Ça risque plutôt que ce soient les tombes d’anciens gradés de la guerre d’Algérie qui seront visés par des saccages. Quand vous observez les commentaires sur les réseaux sociaux par rapport à ce qui est arrivé à la tombe de Jean-Marie Le Pen, parmi les publications qui se réjouissaient, il était beaucoup question de la guerre d’Algérie, que son engagement auprès de l’armée française était sa principale faute. Et ravive le désir de vengeance chez une large partie de la jeunesse française.

  8. Que la société Française parte en quenouille, c’est un fait, et pas que dans les cimetières. Mettre des caméras partout, pourquoi pas ! Toutefois, si les condamnations prononcées ne sont pas suffisamment dissuasives l’efficacité des caméras trouvera vites ses limites.

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