Fabien Roussel vilipendé par ses amis de gauche parce qu’il défend « La Marseillaise » !

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Fabien Roussel, candidat communiste à l’élection présidentielle, est à nouveau en butte à ces réseaux de plus en plus asociaux au motif qu’il n’aurait pas d’allergie à l’écoute de « La Marseillaise » - hymne national, est-il besoin de le préciser ? D’où ce tweet ironique : « Depuis ce matin, une bande d’hurluberlus me cherche des noises parce que j’ai défendu la Marseillaise ! Après la sécurité, la bonne bouffe, voilà que certains me reprochent la Marseillaise. J’assume : coco et cocorico, héritier des valeurs de la Révolution française ! » Le tout assorti d’un drapeau tricolore, excusez du peu !

Soit le paradoxe Fabien Roussel dans toute sa splendeur : en bonne logique, les médias de gauche auraient dû le soutenir depuis belle lurette, les sondages le mettant certes moins haut que Jean-Luc Mélenchon, mais moins bas qu’Anne Hidalgo. Ils ne le soutiennent pas, loin de là. En revanche, dans les colonnes du conservateur Figaro Magazine, l’éditorialiste Guillaume Roquette, ancien patron de Valeurs actuelles, prend la défense du bolchevik au couteau entre les dents : « Il est heureux d’entendre de plus en plus de voix, à droite mais aussi à gauche, refuser les diktats écolos, à l’image du communiste Fabien Roussel ferraillant contre les anti-chasse. »

Et là, un peu comme si Louis Pauwels, fondateur du Figaro Magazine, avait donné Georges Marchais en exemple, Guillaume Roquette chante les louanges de Fabien Roussel, ici cité dans le texte : « J’en ai assez d’entendre caricaturer la chasse et les chasseurs. […] Assez de ceux qui croient être les défenseurs de l’environnement en sautant comme des cabris et en criant à chaque fois : interdiction ! »

Après, du cor de saint Hubert à « La Marseillaise » de Claude Joseph Rouget de Lisle, juste histoire de continuer à filer la métaphore musicale, on ne peut que s’esbaudir devant l’ignorance encyclopédique de ces gauchistes en peau de zébu, persuadés que ce fameux tube serait d’essence réactionnaire. Évacuons d’abord la question du « sang impur », vocable qui n’a rien de raciste, s’agissant seulement du sang du peuple censé « abreuver nos sillons ». À mettre face au « sang bleu » des aristocrates d’alors.

Sans oublier ce menu détail : au siècle dernier, c’était la gauche qui entonnait « La Marseillaise » avant de chanter « L’Internationale », tandis que la droite légitimiste d’alors avait plutôt tendance à chanter « La Royale ». Mieux : en 1938, quand Jean Renoir entend célébrer la Révolution française, son film est intitulé… La Marseillaise. Il ne voit le jour que grâce à une souscription publique lancée par la CGT. Le film n’est pas un succès public, mais il connaît une assez belle carrière en URSS. Comme quoi ce fameux chant n’était pas synonyme d’opprobre pour les esprit progressistes.

Pareillement, il fut aussi un temps où PCF et CGT fêtaient Jeanne d’Arc. Certes, ce n’était pas la petite bergère ayant entendu des voix divines qui était mise à l’honneur, mais plutôt l’héroïne du peuple parvenue, au terme du sacrifice qu’on sait, à remettre la France à peu près debout au contraire d’élites nobiliaires vendues au parti de l’étranger. Une thèse qui en vaut bien une autre mais que, à l’époque, la gauche de combat défendait avec vigueur.

En ce sens, Fabien Roussel, consciemment ou pas et même s’il est un peu tard, tente de renouer avec l’ancestrale tradition de son camp : le patriotisme prolétarien, dans la droite ligne de Jean Jaurès, de Roger Salengro et de Léon Blum, pères de la loi de préférence nationale à l’embauche, votée en 1935 et, depuis, reprise à son compte par le Rassemblement national.

Courage, camarade Fabien !

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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