Entre Éric Zemmour et Marine Le Pen, l’épine de la parité hommes-femmes

MARINE LE PEN ZEMMOUR

« Je suis contre toute discrimination positive, donc je suis contre la parité », a déclaré Éric Zemmour sur BFM TV, à l’occasion de son débat avec Alain Duhamel, lundi 18 octobre. Pour lui, le système de la parité est « humiliant pour les gens qui en bénéficient ». De son côté, Marine Le Pen a réagi à ces propos, ce mardi 19 octobre. Elle est « totalement en divergence » avec le polémiste qui, selon elle, a « une vision de la femme qui réduit leurs capacités, leurs espérances, leurs pouvoirs puisqu’il dit lui-même que les femmes ne sont pas faites pour accéder à des postes de pouvoir ».

La parité, parlons-en un peu. En nous limitant à la politique, puisque c’est là qu’elle est le plus emblématique. Peut-on qualifier la parité de discrimination positive, comme le fait le pas encore candidat à l’élection présidentielle ? On ne discrimine pas positivement une minorité qui représente 51,50 % de la population, puisque telle est la proportion des femmes dans la population française ! L’argument que l’on entend généralement contre le système de la parité, c’est qu’il exclut des talents masculins pour mettre en avant des femmes qui n’auraient jamais été choisies si elles avaient été un homme. Pas faux. A contrario, le système de la parité (c’est notamment le cas pour les listes municipales) permet très souvent de découvrir des femmes de grande qualité qui n’auraient peut-être pas émergé sans cette contrainte de la loi.

Au final, loi des grands nombres aidant, nous avons aujourd’hui, en France (quelles que soient, du reste, leurs couleurs politiques), des conseils municipaux représentatifs de la population où les femmes tiennent toute leur place. Le polémiste est contre. J’ai la conviction que s’il venait à être élu président de la République, il ne reviendrait pas là-dessus. Une chose est de polémiquer, une autre est de gouverner.

Gouverner, justement. C’est sur ce plan que se trouve peut-être la principale divergence entre l’ancienne présidente du Rassemblement national et le journaliste. Car Marine Le Pen, quoi qu’on en pense, est dans l’action politique depuis des années quand Zemmour est dans la polémique. L’une est dans la pratique, l’autre dans la théorie. Tout en étant mère de famille, la première dirige depuis dix ans un parti, ce qui n’est pas une mince affaire. Avec ses hauts et ses bas, on est bien d’accord. Diriger un parti, c’est décider, trancher, arbitrer, faire face à des luttes d’influence, se coltiner la réalité quotidienne de l’hommerie. C’est déjà un peu gouverner. Aucun chef de parti ne sort d’ailleurs indemne d’une telle expérience. Pensons au titre du bouquin que vient de sortir Christian Jacob, président des LR : J’en ai tellement vu ! Éric Zemmour est, sur ce plan, totalement vierge. C’est peut-être là sa force pour certains, sa faiblesse pour d’autres.

Pour Éric Zemmour, les femmes « n’incarnent pas le pouvoir et ne sont que des régentes ». Aliénor d’Aquitaine, Blanche de Castille, Isabelle de France, reine d’Angleterre, celle que Maurice Druon immortalisa sous le surnom de la Louve de France, Élisabeth Tudor, Catherine de Médicis, Catherine de Russie, Marie-Thérèse d’Autriche, la reine Victoria. Plus près de nous, Indira Gandhi, Golda Meir, Margaret Thatcher, Benazir Bhutto, Angela Merkel. Parmi elles, des intérimaires, des valeurs aberrantes, des monstres de l’Histoire ? Peut-être, mais incontestablement des femmes de pouvoir qui incarnèrent pleinement ce pouvoir. Certes, on le concédera à Éric Zemmour, elles n’eurent pas besoin du système de la parité pour émerger !

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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