Emmanuelle Gave : « Marlène Schiappa met de l’huile sur le feu et déshonore la fonction de ministre »
Pour Boulevard Voltaire, Emmanuelle Gave réagit aux récents propos du ministre Marlène Schiappa sur la cagnotte en ligne, recueillie pour le boxeur Christophe Dettinger. Ils révèlent, selon elle, une méconnaissance élémentaire du droit.
Depuis quelques jours, on sent le gouvernement en difficulté face aux différents mouvements de colère et aux différents mouvements des gilets jaunes.
Le duo Benjamin Griveaux et Marlène Schiappa multiplie les déclarations. Revenons à cette histoire de cagnotte. Comment interprétez-vous la réaction de la secrétaire d’État chargée de l’égalité hommes-femmes ?
Comme beaucoup de Français, j’ai été extrêmement choquée. Après avoir considéré que la cagnotte était indécente, Marlène Schiappa a déclaré qu’il était souhaitable de savoir qui avait donné à cette cagnotte. D’après elle, c’était une forme de complicité.
Au-delà de son attitude qui consiste à mettre de l’huile sur le feu, alors qu'il faudrait plutôt essayer d’apaiser, je ne peux que constater en tant qu’avocat, la méconnaissance absolument abyssale des règles de droit élémentaire, dont fait preuve Marlène Schiappa. Elle déshonore tous les jours sa fonction de ministre. Ce n’est pas un plateau de télé-réalité. Elle n’a pas à déclarer des choses sur la base de la morale. Il n’existe pas de complicité a posteriori. Une complicité, c’est soit en amont, soit au moment de la commission de l’infraction. Il n’existe absolument pas de complicité a posteriori. Je ne sais donc pas de quoi parle madame la ministre. Au mieux, ça serait presque drôle, mais ça ne l’est pas vraiment lorsqu’on sait que ces gens-là sont censés gouverner cette République.
Dans les explications données à cette cagnotte, la secrétaire d’État chargée de l’Égalité hommes-femmes s’est aussi interrogée sur une possible ingérence italienne.
Notamment Salvini avait apporté son soutien aux gilets jaunes.
Cette hypothèse vous semble-t-elle possible ?
Je trouve que l’hypothèse est proprement rafraîchissante. On avait plutôt l’habitude d’entendre que
c’étaient les Russes ou les Américains. Je trouve sympa d’avoir pensé aux Italiens.
En revanche, très sincèrement, tout sarcasme mis à part, je pense que nos amis italiens ont d’autres choses à faire que de venir nous embêter avec des histoires de cagnotte Leetchi à moins de 100 000 euros.
Je suis presque sûre que monsieur Salvini a sûrement d’autres chats à fouetter. Au mieux, c’est mignon et au pire, c’est proprement affolant.
De manière générale, comment qualifieriez-vous l’ambiance qui règne dans le gouvernement au niveau de l’opinion publique, depuis ces fameux coups de poing de Christophe Dettinger qui alimentent l’actualité ?
C’est une cour de récréation. On assiste à une espèce de sommation des uns et des autres, un règne de l’émotion, de l’instantané où on a les gentils et les méchants. Je ne comprends d’ailleurs pas pourquoi la tour Eiffel n’a pas encore été éteinte.
Monsieur Griveaux tweete qu’il faudrait faire ceci et faire cela. Quelqu’un pourrait-il l’informer qu’il est au gouvernement et qu’il pourrait le faire ?
Marlène Schiappa, veut, elle, lancer des enquêtes et des investigations. À titre privé, je trouve qu’il est absolument indécent que Leetchi et le Crédit Mutuel se soient mis à le faire aussi. Ce sont des sociétés de droit privé. Ils doivent normalement respecter la contractualisation qu’ils ont eue avec leurs donateurs. L’État n’a pas à intervenir dans le cadre d’un contrat de droit privé, sauf à saisir la juridiction compétente. Si quelque chose devait être fait dans ce sens, ce serait choquant. Je trouve que ces ministres devraient peut-être passer un peu plus de temps avec un Code civil et un peu moins sur Twitter !
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