Une cagnotte – parfaitement légale, aux dires de Leetchi - de près de 120.000 euros en moins de deux jours versés par 8.000 donateurs pour que Christophe Dettinger - accusé d'avoir frappé, vidéo à l'appui, le 5 janvier, des policiers lors de la manifestation des gilets jaunes - puisse assurer sa défense a déclenché, côté gouvernement, une salve de critiques... étonnamment bien sélectives.

Christophe Dettinger ? Un agent technique à la mairie de Massy (Essonne), ex-boxeur professionnel, un gilet jaune très en colère. Il explique.

"J’ai participé aux huit actes [des gilets jaunes]. J’ai fait toutes les manifestations des samedis sur Paris", dit-il. « J’ai vu la répression. J’ai vu la police nous gazer, la police faire mal à des gens avec des Flash-Ball®. J’ai vu des gens blessés […] La colère est montée en moi et oui, j’ai mal réagi. Mais je me suis défendu."

Il est à bout, Christophe Dettinger. Parce que, depuis des années, ce « citoyen normal » qui parvient tout juste à boucler ses fins de mois en a marre de voir « tous ces Présidents, ces ministres, tout l'État se gaver qui ne montrent pas l'exemple" et parce que « c'est toujours nous les petits qui payons". À bout parce que quand il entend "les gueux", les "sans-dents", "il se sent concerné" alors qu'il est "fier d'être français, ni d'extrême gauche ni d'extrême droite. Il aime [son] pays, [sa] patrie et parce que le dernier samedi, avec un ami et sa femme il s'est fait gazer, il a pété un câble."

Combien de Christophe Dettinger, parmi les gilets jaunes dont la colère rentrée depuis tant d'années à force d'être pressurés, sont prêts à en découdre avec les forces de l'ordre ? Celles-là mêmes dont nous dénonçons souvent, sur ce site, les terribles conditions de travail quand, dans des quartiers, avec pompiers et ambulanciers, elles se font caillasser, frapper, tirer dessus par des « jeunes en difficulté sociale et financière » que grands médias et politiques s'empressent bien souvent d'excuser ?

Mais la députée LREM et présidente de la commission des Lois à l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, s'étrangle.« Cagnotte stupéfiante », elle se demande « quel exemple on donne aux citoyens, à nos enfants, quand on voit qu'une personne qui s'en prend avec une telle force aux forces de l'ordre est soutenue financièrement ». Elle est sidérée, dit-elle. Sidérant, en effet, de ne pas souhaiter une nouvelle commission d'enquête contre le sulfureux Benalla toujours en goguette alors qu'il était (ou est toujours, on ne sait pas) en possession de deux passeports diplomatiques...

Stupéfiant, surtout, de voir des blindés dans les manifestations gilets jaunes mais jamais aucun dans les centaines de zones de non-droit ! Et quel exemple, pour nos enfants, quand un étranger, violeur, est relâché...

Marlène Schiappa n'est pas en reste : elle encourage même à la délation puisqu'elle souhaite obtenir le nom des donateurs ! La cagnotte pour Dettinger ? « Soutenir cela, c'est être complice de cet acte et c'est l'encourager. » À notre connaissance, et sauf erreur de notre part, la secrétaire d'État à l'Égalité entre les femmes et les hommes ne s'est pas précipitée dans les studios médiatiques pour dénoncer la cagnotte en faveur de Tariq Ramadan, accusé de viols et alors en prison (en plus !), qui avait récolté 90.000 euros.

Alors, s'il y a lieu de s'offusquer et de condamner, ce n'est pas tant à l'encontre d'un homme qui s'est rendu, reconnaît ses torts et sera légalement jugé mais de constater, une fois de plus, le deux poids deux mesures que de plus en plus de Français ne supportent plus. Et si c'était la formidable solidarité nationale pour un Français qui rend si prompts à la vindicte ces membres du gouvernement ?

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09 janvier 2019 à 10:33

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