Emmanuel Macron sort le joker « J’assume » (les ratés des autres)

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La technique est désormais bien rodée. Lors de chaque boulette ou cafouillage, le macronien bombe le torse et affirme assumer. Un winner en marche ne saurait faire profil bas, raser les murs et faire œuvre de repentance. La décision de maintenir le premier tour des élections municipales ne déroge pas à la règle. Emmanuel Macron assume. Oubliée, l'humilité de l'allocution compassionnelle du 14 avril. « Comme vous, j'ai vu des ratés », avouait-il. Il n'avait été qu'un pauvre spectateur de maladresses. Une victime de quelques décisions malencontreuses. Ah, on est mal entouré...

Le premier tour des municipales ne fut donc pas un de ces ratés évoqués face caméra devant 36 millions de téléspectateurs. « J'assume totalement la décision », peut-on lire dans l'interview accordée au magazine Le Point. Chassez le matamore, il revient au galop. Tagada, tagada. Du haut de son cheval plus blanc que blanc, le Président sans peur et sans reproche avait demandé l'avis de tous les chefs de bataillon : le Conseil scientifique, les forces politiques, Gérard Larcher et son arbalète, Richard Ferrand cœur de lion, le DJ de la fête de la Musique... Tous n'ont eu qu'un seul mot : foncez ! Droit devant, haro sur les bureaux de vote, le virus n'osera pas entrer ! C'est un voyou, un filou, un affreux personnage, mais il a la fibre républicaine.

Devant cet accord parfait, ce concentré d'unanimité, le Président ne pouvait que s'exécuter. Un raté ? Ah, laissez-le rire. « Les gens ont sans doute été davantage contaminés ces jours-là dans les bars ou les sorties en plein air que dans les bureaux de vote. » Au classement des lieux contaminants, les bureaux du premier tour n'arrivent qu'en troisième position. Médaille de bronze. Comment ne pas assumer, dans ces conditions ? Ils eussent été classés second ou numéro 1, l'aveu d'erreur eût été de circonstance. Mais troisième ! Allons allons...

Cette affaire réglée, le chevalier Bayard de l'assumage tout terrain répond ensuite au monsieur du Point sur le thème de ce fameux premier tour qualifié de « mascarade » par la camarade Agnès Buzyn. « Une femme remarquâââble... Et travailleuse... Comment dites-vous ? Une polémique ? Ah ah ah... Relaissez-moi rire. » Mais « ce n'est pas du tout une polémique », affirme Assumator. C'est elle qui a voulu aller présenter sa candidature à la mairie de Paris, eh oui, elle l'avait alerté très tôt sur l'imminence d'une crise sanitaire. Et voilà. Il est où, le problème, les gars ?

Épuisé par le baratin de marchand de voitures d'occasion d'Emmanuel Macron, le lecteur se risque sur le dernier paragraphe consacré aux masques. Le titre chapeau le décourage d'aller plus loin : « Je refuse aujourd'hui de recommander le port du masque pour tous. » Quelques phrases glanées ici et là laissent pantois, tant par leur absurdité que la manière digne d'un langage de CM2 avec laquelle elles sont exprimées. « Si nous le recommandons, ce serait incompréhensible. » Et j'assume de causer comment que je veux.

Et le lecteur de refermer le journal en se demandant s'il existe une version sérieuse de l'interview.

Jany Leroy
Jany Leroy
Chroniqueur à BVoltaire, auteur pour la télévision (Stéphane Collaro, Bêbête show, Jean-Luc Delarue...)

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