« Emmanuel Macron sert l’Europe au détriment de la France et des entreprises françaises »

L'accord passé lundi soir au sujet de la directive travailleurs détachés est présenté comme une victoire pour notre pays par le gouvernement et nombre de médias.

Dominique Martin, député Front national au Parlement européen, n'est pas d'accord sur cette analyse et explique pourquoi au micro de Boulevard Voltaire en donnant des exemples concrets, notamment dans le transport routier.

Dominique Martin, Emmanuel Macron a salué hier une victoire européenne avec la conclusion de l'accord sur les travailleurs détachés.
Cet accord ne satisfait visiblement pas le Front national. Vous prétendez que cet accord continuera à créer des inégalités entre les travailleurs.
Comment en êtes-vous arrivés à cette conclusion ?

Monsieur Macron a fait des promesses au service de l'Europe et non pas au service des travailleurs français. Nous sommes très loin du compte.
Sa pseudo-victoire est de ramener la durée initialement prévue à 24 mois à 12 mois avec la possibilité de rallonger de 6 mois. Or nous savons qu'au niveau européen la moyenne du détachement est de 4 mois.
En France, la durée moyenne d'un détachement est de 35 jours.
On voit bien que, même en réduisant à 12 mois plus 6 mois, on est au service des grosses entreprises c'est-à-dire des lobbys, les gros donneurs d'ordre du BTP et du transport routier pour leur permettre de continuer à utiliser ce système de dumping social au sein de l'Union européenne. Il veulent en fait continuer à aller chercher les travailleurs dans les pays de l'Est payés moins cher. Ils disent qu'il y aura égalité de rémunération, certes, mais pour quelle durée de travail ? On ne sait pas.
De plus, les charges sociales restent celles du pays d'origine.
Ce n'est pas une victoire, c'est de l'enfumage, comme on en a l'habitude.

On sait que le secteur routier a été exclu des accords.
Pour vous, est-ce une opération de communication ?

C'est le deuxième scandale !
Le nombre d'entreprises de transport françaises a été divisé par 3 en moins de 15 ans.
En moins de 15 ans, les deux tiers des entreprises françaises de transport ont disparu.
Ce pseudo-durcissement ne s'appliquera pas aux transports.
Au détriment du transport français, les gros lobbys de transport vont continuer soit à créer des filiales dans les pays de l'Est, soit à créer des plateformes et embaucher en grand nombre des chauffeurs routiers des pays de l'Est dont on connaît les conditions déplorables de travail.

Le Front national reproche-t-il à M. Macron de faire davantage le jeu de l'Europe que celui de la France ?

Complètement.
Il fait comme avec le drapeau européen qu'il veut imposer à la longue pour supprimer le drapeau tricolore de nos assemblées.
Monsieur Macron sert l'Europe au détriment de la France, mais surtout des travailleurs et des entreprises françaises.
C'est une évidence.
Ce n'est pas le seul mensonge que monsieur Macron a émis sur cette modification qui au départ devait être un durcissement. Par la suite, on s'aperçoit que c'est un assouplissement au service de la construction de l'Union européenne.

Que propose le Front national pour contrer cette décision ?

C'est simple, nous proposons la suppression pure et simple de la directive du travailleur détaché.
Premier point, le détachement a toujours existé.
Par exemple, quand une entreprise française achetait une machine à une entreprise européenne ou étrangère, le fournisseur envoyait la machine accompagnée d'un ou deux techniciens pour l'installer. C'était du vrai détachement de travailleurs ou de techniciens, sachant que l'un ou l'autre restait à la charge de l'entreprise du pays d'origine avec salaire et coût sociaux. Cela n'avait pas d'impact sur le monde du travail en France.
Cela a toujours existé, mais la création d'une directive travailleur détaché leur a permis d'utiliser des travailleurs moins chers.
Deuxième point, les quatre piliers de l'Union européenne sont la libre circulation des biens, des services, des personnes et des capitaux. On ne pourra donc jamais empêcher un travailleur étranger de venir travailler en France. C'est ce qu'on appelle une immigration économique.
Le droit du travail et le droit de la sécurité s'appliquent lorsqu'un immigré économique arrive en France. Il n'y a aucun impact financier pour l'entreprise qui le fait venir à moins de l'exploiter ou de développer le travail au black.
Cette directive n'a aucun sens.
Il faut continuer les échanges commerciaux entre les Etats nations, c'est-à-dire le titre de notre groupe, l'Europe des nations et des libertés.

Dominique Martin
Dominique Martin
Député Europe des Nations et des Libertés (ENL) au Parlement européen.

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