François Mitterrand eut beau jeu, autrefois, de dénoncer « le coup d’État permanent » qu’il reprochait à de Gaulle. Les années ont passé, les méthodes aussi, notamment parce que les tripatouillages des officines partisanes ont conduit à la réduction du mandat présidentiel de sept à cinq ans, et au bouleversement du calendrier législatif.

Cinq ans de mandat, ce sont deux années de réel gouvernement, tout au plus. En effet, il en faut une pour s’installer et les deux dernières sont une précampagne pour la réélection… Faites le compte.

Le mandat de Nicolas Sarkozy avait été marqué par la crise économique de 2008. Celui d’Emmanuel Macron sera frappé du sceau de la pandémie. Il peut, paradoxalement, y trouver un bénéfice personnel.

Bonne surprise pour lui, les sondages donnent aujourd’hui au Président 40 % d’opinions favorables, ce qui est un exploit au regard de ses prédécesseurs. À un an de l’élection, Hollande était dans les culs-de-basse-fosse et Sarkozy devenu grandement insupportable à ses concitoyens.

La « fenêtre de tir » est favorable : les Français sont dans l’euphorie du déconfinement, prêts à embrasser leur sauveur… alors le Président part en tournée. À lui les Zénith de province, avec McFLy et Carlito pour chauffer la salle.

Démarrage ce mardi, dans le Lot, à Saint-Cirq-Lapopie, une merveille de la France médiévale perchée sur un éperon rocheux. Il connaît bien, le Président, pour y être venu en 2016, puis en janvier 2019 avant le grand débat des gilets jaunes. C’est sûr, pour une visite dans la France profonde, c’est plus sympa que la salle des fêtes d'une cité de banlieue.

Remarque, en passant : avec quinze membres du gouvernement candidats aux prochaines régionales et le Président en tournée, il ne va pas rester grand monde au Château… Il faut dire que ce parti fantôme qu’est LREM risque de se prendre une gamelle magistrale aux dites régionales, alors Emmanuel Macron prend les devants. Du coup, il va lui falloir la jouer fine. « Il est dans une bonne phase. C’est la jubilation, il est content, il ne pense qu’à la présidentielle. Mais l’euphorie actuelle ne doit pas masquer les tendances profondes du pays », dit au Figaro l’un de ses proches. « Au bout de trois ou quatre étapes, il aura très certainement abordé l’ensemble des sujets de préoccupation du moment », poursuit-il. À savoir « la crise sanitaire bien sûr, les enjeux sécuritaires forcément, mais aussi des thèmes moins mis en avant dans le débat public et dont le chef de l’État est persuadé qu’ils préoccupent tout autant les Français : éducation, Europe, retraites »...

Reste que « les choix qu’il a fait sont validés par les événements et la situation actuelle », dit le porte-parole Gabriel Attal. « Sur les marchés, les gens disent qu’il a fait ce qu’il fallait pendant l’épidémie, saluent le chômage partiel qui était, il faut le reconnaître, une bonne chose. Les Français sont indulgents, les circonstances leur font dire qu’il n’a pas eu de chance », confie un élu socialiste au Figaro. Oui, mais voilà, l’euphorie du déconfinement passée, il va falloir sortir, à l’automne, du « quoi qu’il en coûte » et faire le bilan. Nettement moins euphorisant, sans doute.

Jérôme Fourquet, directeur du département « opinion » de l’IFOP, recense trois catégories de soutiens à Emmanuel Macron : « Le fan-club qui apprécie le personnage et sa vision de la France, ceux qui se disent que la crise sanitaire a malgré tout été bien gérée, et enfin une partie de la population pas entièrement convaincue mais qui juge qu’en relatif, Emmanuel Macron est la personnalité qui est sans doute la plus capable de diriger le pays, qu’il fait face avec courage. »

C’est dire qu’une fois de plus, les Français voteront majoritairement « contre » et non « pour ». Voilà en effet des décennies que nous sommes gouvernés par des pis-aller… en attendant, sans doute, un candidat providentiel, c’est-à-dire un miracle.

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01 juin 2021 à 12:30

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