Elles exigent l’IVG jusqu’à 14 semaines pour toutes les « femmes et personnes pouvant vivre une grossesse » !

Julie_Gayet_Cannes_2014

Il ne vous a sans doute pas échappé que la période est riche en slogans censés nous renseigner d’une formule sur l’état de notre société. C’est le poids des mots sans le choc des photos, du type « toutes les femmes sont victimes de viol au moins une fois dans leur vie », car « tous les hommes sont des violeurs », de fait ou en puissance...

L’assertion nous guette au coin de l’écran. Celle-ci, par exemple, qui fait florès depuis que l’OCDE l’a affirmé dans un rapport de 2018 : « En France, il faut six générations pour sortir de la pauvreté. » À partir de quoi, de quand, où est le seuil pour la sortie ? Nul ne le sait, mais la formule s’étale sur les affiches au-dessus de la bouille de pauvres gamins avec ce slogan : « Ne lui collez pas une étiquette pour toujours » (Secours populaire). Le Figaro, à l’époque, avait fait son petit calcul : « Il faudrait en France 180 années pour qu'un descendant de famille pauvre atteigne le revenu moyen. » Ça ressemble à un dogme ou je ne m’y connais pas...

Autre vérité fraîchement révélée : « La crise sanitaire a retardé de plus d’une génération le temps nécessaire pour parvenir à l’égalité femmes-hommes. » C’est le WEF, le Forum économique de Davos, qui vient de l’affirmer dans son étude annuelle. Certes publiée le 1er avril, mais on nous assure que ce n’est pas un canular. Un, parce que les économiste de Davos ne sont pas des rigolos ; deux, parce qu’on ne rigole pas en temps de Covid ; et trois, parce qu’on rigole encore moins avec l’égalité femmes-hommes. « La pandémie a eu un impact fondamental sur l’égalité femmes-hommes, tant sur le lieu de travail qu’à la maison, faisant reculer des années de progrès », affirment les têtes pensantes. Et si les femmes ont plus souffert à la maison et au travail, le pire n’est pas là : « Le fossé s’est surtout creusé au niveau politique », nous dit-on, si bien qu’« en poursuivant sa trajectoire actuelle, l’écart femmes-hommes en politique devrait mettre 145,5 ans à se combler, contre 95 ans dans la précédente édition du rapport, datant de la fin 2019 ». C’est là où l’on voit à quel point ces gens-là sont savants, leurs calculs précis et ce virus sournois.

Autre sujet dramatique : l’enfantement, fondement d’une inégalité de nature et genrée à laquelle – peut-être – la grossesse artificielle pourra un jour remédier. Ou pas.

Ce lundi 5 avril est le cinquantième anniversaire du Manifeste des 343, ces femmes qui révélaient alors avoir eu recours à l’avortement et en demandaient la légalisation - un droit obtenu par la loi Veil en 1974. Et donc, pour commémorer l’événement, 343 signataires publient un nouveau manifeste par lequel elles « exigent » une extension des délais légaux de recours à l’IVG à quatorze semaines.

La liste des signataires est riche d’enseignements. On y trouve la compagne de François Hollande, Julie Gayet, l’héroïne des César à poil Corinne Masiero, la spécialiste des blagues scato Marina Foïs, des journalistes de premier plan comme Léa Drucker, des politiques comme Marie-Noëlle Lienemann et Audrey Pulvar, et puis des femmes comme Clémentine Autain et d’autres encore qui détestent les hommes comme Alice Coffin et Caroline De Haas... et, bien sûr, l’incontournable Assa Traoré, le modèle auquel toutes les femmes modernes s’identifient...

« Nous n’avons pas encore acquis la propriété pleine et entière de nos corps », écrivent les signataires. Surtout, insidieusement planqué dans le corps médical, « le patriarcat freine nos choix ». On notera, enfin, une différence de taille par rapport au manifeste de 1971 : celui-ci est rédigé au nom de toutes les « femmes et personnes pouvant vivre une grossesse ». Ben oui, faudrait pas oublier la nébuleuse LGBTQI+, d’ailleurs grandement représentée parmi toutes ces célébrités.

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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