Élisabeth Borne et les élections italiennes : le paroxysme de l’arrogance des élites

Capture d’écran (654)

« Ma come ti permetti? » que l’on pourrait traduire par « Comment oses-tu ? » Ce cri d’indignation, une grande partie du peuple l’a sans doute exprimé en découvrant la réaction d’Élisabeth Borne à l’annonce des résultats des élections italiennes. En effet, notre Premier ministre, au micro d’Apolline de Malherbe, a tenté, avec une maladresse renversante, de mettre une tutelle « démocratique » sur le futur gouvernement de Giorgia Meloni :

« En Europe, on porte un certain nombre de valeurs et bien évidemment, on sera attentif (avec) la présidente de la Commission européenne (Ursula von der Leyen), à ce que ces valeurs sur les droits de l'homme, sur le respect des uns et des autres, notamment le respect du droit à l'avortement, soient respectées par tous », a-t-elle déclaré sur la chaîne BFM TV. On saluera la grande habileté diplomatique qui consiste à crisper les relations avec notre voisin tout proche avant même la formation d’un quelconque gouvernement – qui prendra, rappelons-le, au moins un mois. L’Italie n’est pas exactement une obscure dictature d’Amérique centrale…

Élisabeth Borne, visiblement, elle, sous la tutelle d’Ursula von der Leyen, a une fois de plus fait honte au peuple français. Nos élites sont si déconnectées, si incapables de décrypter, ou même essayer, humblement, de comprendre ce que le peuple italien a voulu dire dimanche dernier : elles ne comprennent déjà pas ce que ressent et vit le peuple français, cette dépossession d’une fierté nationale aujourd’hui perdue, oubliée, cachée ou au moins mise sous le boisseau… Confortablement installées dans les ZTL, ces zones à trafic limité de l’hypercentre des grandes métropoles, nos élites politiques dont Élisabeth Borne, malgré un parcours méritocratique, est devenu le symbole, se trouvent aujourd’hui confrontées, dans l’est de l’Europe mais aussi dans le nord, après les élections suédoises, et aujourd’hui au sud avec l’Italie, à un coup de semonce de plus en plus vigoureux.

Et puis il y a, surtout, cette arrogance française, ce sentiment que l’élite, celle qui détient le pouvoir en France, enseigne à toutes les nations les lumières du progrès. Alimenté par des concepts fumeux – les valeurs européennes –, ce piège idéologique de l’État de droit devint la norme tout à la fois morale et juridique : chaque pays doit s’y conformer, abandonnant toute possibilité d’une véritable orientation politique des gouvernants. Au nom d’une « éthique » exclusivement progressiste à la valeur quasi religieuse, l’exercice de la souveraineté populaire doit s’effacer au profit d’une démocratie désincarnée, plastique, aux couleurs bleues et jaunes.

« Cette déclaration est insignifiante », a rétorqué Fabio Rampelli, cofondateur du parti Fratelli d’Italia et fidèle entre les fidèles de Giorgia Meloni. Une réponse qui claque sèchement à la figure de notre Premier ministre, qui ferait peut-être bien de comprendre que le temps de la condescendance française envers nos cousins latins, ce sentiment de supériorité envers les Italiens, si partagé malheureusement dans la population française est terminé. Il est temps de traiter d’égal à égal avec ce pays fondateur de notre civilisation… et de l’Union européenne.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 29/09/2022 à 6:47.
Marie d'Armagnac
Marie d'Armagnac
Journaliste à BV, spécialiste de l'international, écrivain

Vos commentaires

56 commentaires

  1. Critiquer ou snober l’autre, c’est toujours un aveu de faiblesse. Madame Borne ferait mieux de s’efforcer de convaincre par ses propres vues (à considérer qu’elle en eût) plutôt que de manquer de respect à la démocratie exprimée par le vote populaire, qu’elle soit italienne, française ou autre.

  2. On veut donner des leçons aux autres alors que l’on est dans un pays qui part en vrille. Être instruite n’est pas une preuve d’intelligence et la moindre des choses est de réfléchir à ce que l’on va dire. Parfois, il est urgent de se taire.

  3. Il semble bien , malheureusement , que la réelle élite de notre nation ait déserté . Ce que les médias appellent actuellement  » élite  » ne correspond en fait qu’à un ensemble trouble issu du système frelaté en place .

  4. La locomotive France a détaillée depuis déjà bien longtemps. Avant de vouloir donner des leçons de démocratie aux autres, nous ferions, enfin nos dirigeants, bien de l appliquer chez nous. Alors que Macron envisage de passer ses lois via le 49-3 cette nullissime se permet de tancer les Italiens? De quel droit?

  5. Ce fumeux premier ministre borne ne sait elle pas que le Mali a foutu une grande claque à la France à l’Onu, que toute la planète non occidentale commence à juger les pratiques de la France comme un repoussoir ?
    Les peuples et les nations ont une identité propre et nul besoin que les zélites françaises leur tienne la main, la France n’est plus rien à l’internationale, reste à sohaiter que macron ne déclenche pas une guerre pour tenter d’exister…

  6. Eu égard au fort taux d’abstention en France, madame Borne ne peut pas invoquer qu’elle a été nommée de manière démocratique. Madame Méloni a été choisie par une majorité éclatante d’Italiens. Aussi quand ceux qui n’ont aucune légitimité veulent donner des leçons aux peuples suivant des principes qu’ils ont fixés sans leur consentement, il n’y a aucune raison d’en faire cas. Puisse, lorsque le vent de l’Histoire tournera bientôt, tout ce petit monde retourner à des fonctions justes taillées à leur capacité.

  7. L’arrogance de nos élites auto déclarées n’a pas de limites.
    L’Italie est un pays démocratique dont une majorité du peuple a voté pour le parti de Madame Meloni. Madame Borne n’a pas son mot à dire et si elle dit je pense que les Italiens s’en moquent .

  8. nous avons des politiques (de droite du centre et de gauche) à durée de vie illimitée, et tout ce petit monde s’auto-alimente et s’auto reproduit.
    À quand des politiques qui ne sont plus des fonctionnaires ?

  9. Que ceux qui ont voté pour elle aux dernières législatives, comme ils ont voté pour Macron à la présidentielle, fassent leur examen de conscience. Ils n’ont pas de quoi être fiers. Ils ont élu et mis au pouvoir la trahison dans toutes ses dimensions, jusqu’à la trahison des Français et de la France. Jusqu’à la destruction de la France et d’eux-mêmes.

  10. Si il est un constat indiscutable, c’est bien celui de la pauvreté intellectuelle des premiers ministres de macron. Pauvreté partagée d’ailleurs par l’ensemble du gouvernement, les dernières déclarations du ministre de l’économie sur le port du pull à col roulé en témoignent.

  11. En France , nous avons un gouvernement qui sent sa fin arriver , ce réflexe est un réflexe de peur, un geste de défense

  12. De grâce, arrêtez d’utiliser le terme « élites » en parlant de ceux qui nous gouvernent. Ils donnent d’eux-mêmes l’image de leur crasse absence d’intelligence et c’est bien ainsi !

  13. De plus, il est inconcevable que la réalité du terme fascisme ne soit pas dite dans les débats TV ! Que ce soit le RN, Reconquête, ou Fratelli, aucun n’est du fascisme, ni « extrême droite » . Il faut remettre de l’ordre dans l’esprit du public gavé avec ces faux qualificatifs ! .. Merci de le dénoncer lors de votre présence sur les plateaux TV !!

    • Ces média sont pollués et soumis : souvenez vous que pendant toute la campagne présidentielle Zemmour n’était ni candidat, ni président de Reconquête, mais seulement polémiste d’extrême droite. Aucun candidat n’a été si mal traité

    • Sur CNews c’est régulièrement dénoncé, mais la doxa des médias à la botte du pouvoir (à commencer par l’afp) sont là pour bourrer les cerveaux de leurs auditeurs !

  14. Bravo à votre article qui reflète si bien la réalité.
    Nos femmes 1er ministre et représentante de l’Europe si souvent nommées à leur place et rarement soumises au vote du Peuple devraient prendre de la graine de Madame MELONI.

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois