Édouard Philippe sur la voie de la démission ? Et l’autre ?

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Les rumeurs fleurissent. Le Figaro, d'abord, vendredi, puis le JDD, ce dimanche, et même Gala, le journal le mieux informé sur les dessous de ce quinquennat (Mimi Marchand oblige ?). La relation entre les deux têtes de l'exécutif serait au plus mal, la crise aurait révélé des « tensions », des « failles » même, entre Édouard Philippe et Emmanuel Macron. « C'est plus tendu qu'on ne le pense entre les deux hommes », selon un proche cité par ces journaux.

Les annonces précipitées d'Emmanuel Macron sur la date du déconfinement, la rentrée à l'école « facultative », sa visioconférence avec les maires auraient exaspéré le Premier ministre, chargé d'organiser la chose avec des injonctions contradictoires. Toujours selon Gala, « d'autres tensions sont apparues entre Édouard Philippe et Jean-Michel Blanquer, qui a lui aussi fait des annonces inopinées autour de la réouverture des écoles. “C’est comme avant un accouchement, plus on a de contractions, plus on se dit que que ça fait mal, ça fait désordre et on transpire”, analysait un ministre." Sale boulot, mais ça fait partie du contrat.

Comme la fonction « fusible ». Quand la tension monte, au Président les grandes envolées lyriques, fussent-elles diamétralement opposées à celles de la veille (le « se réinventer, moi le premier »...), et au chef du gouvernement l'addition de leurs frasques communes.

Alors, un départ en pleine crise ? Une démission fracassante en pleine incertitude sur le déconfinement alors qu'il doit présenter son plan, mardi, à l'Assemblée nationale ? Édouard Philippe ne prendrait-il pas le risque d'alourdir son passif en endossant l'habit du déserteur en pleine tempête ? Pour capitaliser sur une telle démission, surtout après celle d'Agnès Buzyn, il faudrait vraiment qu'il prenne date, en chargeant le Président. Ce serait alors une crise politique majeure qui mettrait en lumière la déliquescence du macronisme.

Les deux hommes ne seraient-ils pas, dès lors, emportés ensemble ? Ils ne peuvent donc pas se le permettre. À moins que le Président ne pousse dans ce sens pour échafauder son « après », son « union nationale » ? Il paraît que Bruno Le Maire et Xavier Bertrand seraient sur les rangs pour Matignon.

Ah, dernière nouvelle : une note de Bercy, révélée par le JDD, prévient qu'il n'y a pas assez de masques pour un déconfinement le 11 mai : « La production nationale hebdomadaire et les importations sont encore insuffisantes à ce stade pour couvrir la totalité du besoin. » Et ce fichu Conseil scientifique qui vient de recommander le masque obligatoire pour la réouverture des collèges et des lycées.

Le masque, c'est décidément le sparadrap de nos Dupond et Dupont de l'exécutif...

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

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