[EDITO] Expulsions de clandestins : la goutte d’eau et l’océan

immigration

Le ministère de l’Intérieur a dévoilé, ce 4 février, le premier bilan provisoire de l’immigration en France, en 2024. « Les éloignements des étrangers en situation irrégulière poursuivent leur tendance à la hausse continue depuis 2020 », clame le ministère : en 2024, ces éloignements ont bondi de 26,7 % par rapport à 2023. Le chiffre atteint même +74,4 % par rapport à 2020 ! Le ministère a compté, en 2024, précisément 21.601 sorties du territoire d’étrangers en situation irrégulière. C’est 5.087 « sorties » de plus en un an.

Des étrangers peu respectueux de notre pays, de nos lois et de nos frontières s’en sont donc retournés chez eux plus nombreux que l'an dernier : en tête, nos amis algériens (2.999 expulsions en 2024, en hausse de 17,1 %). Des Algériens si malheureux en France que la part des retours forcés atteint 73 % du total des départs, contre 13 % de retours aidés, donc volontaires... Suivent en quantité, dans l’ordre, les Géorgiens, les Marocains et les Albanais. En route vers la reprise en main des flux migratoires ? Pas vraiment...

Une bascule

Car une fois les pourcentages de retour alignés, il faut constater que ’immigration légale, en France, concerne quelque 500.000 personnes, chaque année, parmi lesquelles 337.000 immigrés réguliers en 2024 et 158.000 demandeurs d'asile, dont la moitié ont obtenu satisfaction. Un chiffre gigantesque, correspondant à la population de la ville de Lyon (520.000 habitants) et qui ne comprend pas l'immigration clandestine...

Les 21.600 éloignements de 2024 (4 % de l’ensemble) tiennent donc davantage de la goutte d’eau symbolique ou de la petite cuillère appelée à vider l’océan que d’une politique efficace. Mais le climat politique de ces éloignements représente malgré tout une bascule.

Depuis l’émergence du Front national de Jean-Marie Le Pen en 1984 jusqu’à une période très récente, la gauche a imposé une idée simple : évoquer le retour des migrants dans leurs pays d'origine, quels que soient leurs statuts, légaux ou illégaux, consiste à remettre en marche la solution finale. C’est organiser un massacre de masse. Durant des décennies, la reductio ad Hitlerum était immédiate et ne souffrait pas de contestation.

Ce qu'il aura fallu d'efforts

La digue a cédé. La poussée folle de l'immigration, les efforts du ministère de Retailleau pour mettre en valeur son action, la pression de plus en plus forte de l’opinion publique, le travail des médias de droite (dont BV), la souffrance du peuple français soumis au terrorisme et à l'insécurité, la mutation du pays, l’absence de réaction audible de la part de la gauche et de l’extrême gauche ont fait basculer l’opinion. Les manipulations, façon « Touche pas à mon pote », ne prennent plus. Seuls quelques antifas et LFI n'ont pas vu le changement. Les Français l’ont compris : organiser le retour d’un immigré – à différencier du réfugié - dans son pays d’origine, où il a ses souvenirs, sa famille, sa maison, ses racines, sa culture, ne ressort pas d’une mesure inhumaine ou d’une sauvagerie absolue mais d’une décision administrative logique vis-à-vis de ceux qui bravent la loi. Trump est passé par là. Les pays du Maghreb eux-mêmes ont repoussé leurs migrants subsahariens sans ménagement. À la question : est-il inhumain de raccompagner un migrant illégal dans son pays d’origine, une grande partie des Français répond aujourd’hui par la négative.

Ce qu’il aura fallu d’efforts, de démonstrations, de lutte politique et médiatique, de sacrifices individuels pour en arriver là dépasse l’entendement. Le Pen, Zemmour, Villiers, entre autres, pourraient en parler longuement. C’est désormais un fait acquis, qui change la donne politique sur la question migratoire. Reste, pour le pouvoir, à écouter l’opinion et, surtout, à passer d’une action symbolique à la mise en œuvre d'une politique efficace. Avec 500 000 arrivées légales, la submersion migratoire accélère encore la cadence. Affaibli, bousculé, le parti immigrationiste, Macron en tête, n'a rien cédé.

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Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

64 commentaires

  1. A-t-on perdu de vue que l’Afrique dite « noire » comptera plus d’1 milliard d’individus d’ici 2070 ? Nous ne sommes qu’au début d’un grand mouvement populaire. Il ne faut pas seulement compter les immigrés, il faut surtout trouver de quoi les « fixer » chez eux en leur redonnant espoir de pouvoir y vivre et travailler. Voilà un bon boulot des dirigeants politiques.

  2. Et Darmanin se dit très satisfait de sa politique qui permet l’expulsion de quelques illégaux en 2024,des expulsions qui ne sont certainement pas définitives pour les concernés, soulignons que pour récompenser l’auteur de cet exploit ,Bayrou l’a nommé ministre de la justice ,hier encore un OQTF a agressé des policiers à la préfecture de police de Paris,comme un signe qui vient souligner l’efficacité de ce ministre et de ces gouvernements successifs .
    Le RN, vite !!!!!!

  3. C’est agaçant ce maquillage des chiffres. Raisonner en pourcentage au sujet des expulsions c’est prendre les gens pour des imbéciles. Si une année on expulse 1 migrant seulement et que l’année suivante on en expulse 2 , on pourra se vanter d’avoir progresser de 100%! C’est exactement le raisonnement du gouvernement. En fait on est passé en gros de 3% à 4% de la masse totale des migrants rentrés en 2024…(et c’est forcément moins puisqu’on ne compte pas les clandestins). Pas de quoi pavoiser.

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